Concurrence ferroviaire, la DB aussi se prépare

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On a beau dire que la concurrence ferroviaire, la vraie, ne sera pas là avant 2019, elle existera bel et bien. Pour preuve, la DB se prépare lentement mais sûrement à mettre en place une stratégie de déplacement qui vise l'Angleterre, la France et une partie de la Hollande. Mais officiellement, pas question de s'attaquer à de bonnes relations intra européennes. Même en se dégageant de Thalys, la DB jure la main sur le cœur que c'est avant tout pour ne pas se disperser.

Voilà encore un domaine ou l'Allemagne nous montre que le professionnalisme est une vertu et que l'anticipation est une qualité première dans les affaires. Rüdiger Grube, le patron de la compagnie ferroviaire allemande, est un fin stratège, connu pour sa diplomatie et son sens de la formule. Interrogé il y a peu par un quotidien allemand, il expliquait que "la concurrence était une arme de développement de ses activités et qu'il fallait être prêt longtemps avant la mise en place de nouveaux marchés". Comprenez : dès que nous le pourrons, nos infrastructures et notre programme seront prêts à être appliqués. Qui en doutait ? Il y a deux ans à l'ITB, un responsable de la compagnie allemande précisait déjà que seules quelques destinations seraient prioritaires en Europe comme Londres, Paris ou Amsterdam même si d'autres villes en France et en Italie étaient intéressantes à étudier.

Globalement, à ce jour l'Europe du rail existe déjà avec Railteam Europe créée en 2007 et dont la finalité est l'interconnexion transparente du transport de passagers en Europe. Les hubs de Railteam démontrent, s'il le fallait, la position forte de la DB dans cette carte ferroviaire : Stuttgart, Cologne et Francfort pour l'Allemagne. Lille et Bruxelles pour les Français et les Belges. Bref, si l'Italie et Thello sont déjà en piste pour l'ouverture des frontières, l'Allemagne de son côté ne se lancera sur le marché qu'une fois le dossier bouclé et prêt à être commercialisé. Cette vision du rail structurée n'est pas opposée à la vision française de Guillaume Pepy qui, lui aussi, regarde comment porter la SNCF bien au delà de nos frontières. Mais notre approche latine est loin de celle de nos voisins. Ce sont les détails qui font la différence. Et sur ce point, les allemands sont plus forts que nous.

Hélène Retout