De l’influence déterminante de Déplacements Pros sur mon humeur de la journée…

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Je suis encore sous le choc ce soir …
Imaginez un peu … ce matin, j’étais tranquillement en train de savourer ma première tasse de café en consultant mes mails sur mon smartphone. A cette heure-là, en général, je me concentre sur les newsletters qui déboulent dans ma boîte de réception à la vitesse d’un cheval au galop. A moitié réveillée, heureuse de voir le week-end arriver, j’ignorais encore ce qui m’attendait …

Pauvre innocente que j’étais ! Il a suffi d’un gros titre repéré sur DéplacementsPros pour me gâcher la journée !
Selon une étude réalisée par Adobe auprès de 1.600 cadres européens et américains, nous passerions plus de 5h30 par jour à consulter nos mails ! J’ai proprement failli en tomber à la renverse … Heureusement, comme je suis quelqu’un de prévoyant, j’étais déjà allongée sur mon canapé.

Pire encore, "71% vérifient leurs mails avant d’arriver sur leur lieu de travail, 21% les consultent avant même de sortir du lit, 35% en s’habillant ou en déjeunant".

Évidemment, à la lecture d’un tel article, on ne peut pas s’empêcher de se comparer : "Et moi, alors ? Comment je me situe par rapport à ça ? Est-ce que je me laisse déborder à ce point-là ?". En bonne obsessionnelle, j’ai alors tenté de calculer mentalement le temps que je passais scotchée devant ma messagerie et … ce doit être à ce moment-là que les choses ont commencé à se gâter.

Il faut dire qu’en la matière, je suis à peu près aussi impitoyable qu’un Robespierre pourfendant les têtes couronnées à la tribune de l’Assemblée. Je consulte ma boîte 140.000 fois toutes les demi-heures, je réponds instantanément à la quasi-totalité des messages et surtout, je suis incapable d’éteindre mon PC à la fin de la journée en laissant derrière moi un mail non traité.
Bref, toutes proportions gardées, je suis un peu l’évêque Cauchon de l’inbox, le Saint-Just de la messagerie électronique, le Torquemada de l’Outlook …

Pourtant, régulièrement, une petite voix s’insinue en moi pour tenter d’amorcer un dialogue avec l’inquisition interne : "Tu ne trouves pas que tu y passes beaucoup de temps ? Peut-être que la terre ne va pas s’arrêter de tourner si tu n’accuses pas réception de ce mail dans la seconde ? C’est dimanche, et si on allait plutôt se promener ?".
Seulement voilà, on ne dialogue pas avec l’inquisition ! Surtout interne …

Le grand intérêt de cet article, c’est qu’il m’a fait sortir de mon dialogue intérieur pour visualiser mon propre comportement, commenté par une source extérieure à grand renfort de chiffres saisissants, et que cette vision élargie m’a fait prendre conscience du côté un tantinet absurde de la chose.

Non mais sérieusement, les gars, 5h30 !!! Loin de moi l’idée de revenir aux pigeons voyageurs mais tout de même …
Tout cela devient un peu grotesque. Ce fabuleux outil qui était censé nous faire gagner du temps est devenu un monstre chronophage. A tel point que nous redoutons maintenant d’ouvrir nos boîtes mail, sachant très bien ce que nous allons y trouver.
Car qui dit "boîte mail" dit nécessairement "tri sélectif" pour supprimer d’un clic rageur les 450 mails où vous êtes, à l’insu de votre plein gré, en copie de dossiers qui vous intéressent à peu près autant que l’étude des bas-reliefs néo-Assyriens du IXe siècle, les 200 et quelques spams allant du monte-escalier Stannah à la jeune slave qui vous trouve très sympathique en passant par les Impôts qui insistent pour vous rembourser, les 150 reminders des collègues qui se situent à 1,50 m de vous dans l’open space et à qui il suffirait d’élever la voix pour confirmer le lieu de la prochaine réunion … j’en passe et des meilleurs !

Si l’on ajoute à ces 5 heures et 30 minutes les 2 heures de transport coincés dans les embout’, les 3 heures perdues en réunions stériles et autres conf calls inaudibles, le temps passé à compiler des rapports d’activités que personne ne lit et les longues minutes à endurer des présentations jamais suivies d’effet sur le partage des bonnes pratiques, on bosse quand, réellement ?
Et surtout, surtout, on vit quand ?

Je sais, ça a l’air bête comme question … mais qu’est-ce qui nous reste comme temps dans une journée pour respirer, souffler, rire, lire de la poésie, échanger vraiment avec les autres, être aussi un peu à l’écoute de soi-même ?

Toutes sortes de choses qui, si elles ne figurent pas à l’agenda de la prochaine réunion du ComEx, n’en sont pas moins un carburant essentiel pour nous tous, êtres humains relationnels, qui ne fonctionnons pas qu’avec des logiciels.

Peut-être serait-il temps de proposer un contrat Win Win à Torquemada ? Par exemple, attendre au moins la 3ème tasse de café pour s’emparer de son smartphone, programmer des pauses tout au long de la journée, faire régulièrement des allers-retours avec la vraie vie pour se régénérer … Bref, tenter de grignoter chaque jour quelques minutes pour faire baisser ces statistiques peu exaltantes.

Sur ce, je vous laisse, je dois checker mes mails

Bernadette Py