De la vision alternative au courant associatif du voyage d’affaires

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En trois ans, le paysage associatif français du voyage d’affaires s’est enrichi, poussé par la volonté d’un networking indispensable aujourd’hui à l’évolution des carrières et à l’échange d’informations. Après ACTE et la NBTA américaine, sont apparues successivement l'AFTM, Marco Polo, la NBTA Europe. Les structures se sont développées, et continuent à le faire, avec plus ou moins de bonheur en fonction des objectifs d’origine. Au delà des actions des uns et des autres, on constate que l’Europe associative du voyage d’affaires se construit lentement.

Ce qui est certain, c'est que la seule vision du "réseau", très anglo-saxone, ne permettra pas d’avancer sans une réelle approche politique des évolutions professionnelles engagées. La prise de position, redoutée par les fournisseurs, devra cependant permettre de positionner les idées, les demandes et les attentes. Faute de s’y engager, le networking à la française se limitera à de forts sympathiques rencontres entre professionnels. Sans plus ! C’est cet angle agressif que semblent choisir les américains et les allemands. Selon eux, le rapport de force que donne la fonction achat ne saurait être remis en cause sans une réelle analyse des projets qui sont aujourd’hui soumis au marché. L’exemple le plus intéressant du moment se situe dans l’univers du dégroupage tarifaire engagé par les compagnies aériennes. En créant une Business Travel Coalition, les acheteurs du voyage d’affaires américains se sont naturellement positionnés sur la transparence et le besoin de ne pas subir une couche tarifaire de plus, quasi impossible à gérer sans des outils coûteux que seuls les GDS et les agences fourniront. Il n’y a pas dans ce «combat» une vision à la Don Quichotte dans le seul but du bonheur collectif. Derrière ces demandes, les associations veulent préserver leurs adhérents des hausses annoncées et de l’impossible maîtrise des prix ou des demandes d’économies formulées par les directions des achats. Scott Gillespie, gourou américain des achats que rencontreront 12 travels managers français en fin de semaine à Washington, ne cache pas qu’il «faudra de l’intelligence aux TM comme aux directeurs des achats pour ne pas se laisser tondre comme des débutants». C’est ce travail associatif qui devra ouvrir les voies d’une négociation plus large. Un signal fort aux hôteliers ou tout autre fournisseurs qui aurait la tentation du saucissonnage tarifaire. D’où la pression politique engagée. De quoi donner des idées, non ?

Marcel Lévy