Découvrez en détails ce que l’Europe reproche à Google

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La Commission européenne s’est attaquée à Goggle pour abus de sa position dominante, favoritisme et entrave à la libre concurrence. Autant de points que l’entreprise californienne réfute. Mais pour cette bataille qui ne fait que commencer, les arguments européens sont largement commentés dans le texte des griefs transmis à Google. En voici une présentation simplifiée.

Le constat de la CE est sans appel : Google occupe une position dominante sur le marché de la prestation de services de recherche générale en ligne dans tout l’espace économique européen, sa part de marché excédant 90 % dans la plupart des pays de l’EEE.

Depuis 2002, Google est également présente dans le domaine des services de comparaison de prix, qui permettent aux consommateurs de chercher des produits sur des sites web de vente en ligne et de comparer les prix entre différents vendeurs. Au départ, l’entreprise proposait un produit appelé «Froogle», qui a été remplacé par «Google Product Search», puis par «Google Shopping», le service actuel.Pour la CE, les marchés de la recherche générale et de la comparaison de prix sont deux marchés distincts. Dans ce dernier marché, Google est confrontée à la concurrence de plusieurs autres fournisseurs.
Dans la communication des griefs, il est allégué que Google avantage ou a avantagé, dans ses pages de résultats de recherche générale, son propre service de comparaison de prix intitulé «Google Shopping» ainsi que son prédécesseur, «Google Product Search», par rapport aux services de comparaison des prix concurrents.
Le comportement de Google peut donc détourner artificiellement le trafic des services de comparaison de prix concurrents et priver ces services de la possibilité de lui faire concurrence, ce qui porte préjudice aux consommateurs et entrave l’innovation.

En particulier, les conclusions préliminaires sont les suivantes:
• De manière systématique, Google positionne et met en évidence son service de comparaison de prix dans ses pages de résultats de recherche générale, sans tenir compte de son niveau de performance.Ce comportement remonte à 2008.
• Google n’applique pas à son propre service de comparaison de prix le système de pénalités qu’il applique aux autres services du même type sur la base de paramètres définis, pénalités qui peuvent amener à ce que ces services soient moins bien classés dans les pages de résultats de recherche générale de Google.
• Froogle, le premier service de comparaison de prix de Google, ne bénéficiait d’aucun traitement de faveur et n’était pas performant.
• Grâce au traitement de faveur systématique dont ils ont bénéficié, les services de comparaison de prix ultérieurs de Google, à savoir «Google Product Search» et «Google Shopping», ont connu un taux de croissance plus élevé, au détriment des services de comparaison de prix concurrents.
• Le comportement de Google a une a des effets négatifs pour les consommateurs et l’innovation. En effet, les utilisateurs ne voient pas nécessairement les résultats de comparaison de prix les plus pertinents en réponse à leurs requêtes. Les concurrents sont aussi moins incités à innover, car ils savent que même s’ils fournissent le meilleur produit possible, ils ne bénéficieront pas de la même visibilité que le produit de Google.

La CE estime que, pour mettre fin à un tel comportement, Google devrait traiter son propre service de comparaison de prix de la même manière que ceux de ses concurrents. Cela n’affecterait ni les algorithmes appliqués par Google, ni la manière dont cette dernière conçoit ses pages de résultats de recherche, mais lorsque Google affichera des services de comparaison de prix en réponse à la requête d’un utilisateur, le ou les services les plus pertinents apparaîtront dans les pages de résultats de recherche de Google.

La Commission a précédemment relevé quatre points de préoccupation en ce qui concerne le comportement de Google. La communication des griefs de ce jour a trait à la première de ces préoccupations. Dans le cadre de cette préoccupation, la Commission continue d’enquêter activement sur le comportement de Google pour ce qui est de la présomption de traitement préférentiel d’autres services de recherche spécialisés. Elle continue également d’enquêter activement sur le comportement de Google concernant les trois autres points de préoccupation (copie de contenus web concurrents ou «moissonnage», publicité exclusive et restrictions indues imposées aux annonceurs). L’envoi d’une communication des griefs sur la comparaison de prix ne préjuge en rien de l’issue de l’enquête de la Commission concernant les trois autres préoccupations.