Demandez à vos voyageurs d’affaires, nous ne sommes pas forcément des imbéciles

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Je sais que la mode en France est à l’autoflagellation. Ce n’est pas nouveau. Pour l’avoir déjà écrit ici, une simple lecture de la « Guerre des Gaules" rédigée par Jules César en 52 avant Jésus Christ, démontre que la rencontre de deux français débouche sur une série de plaintes que l’on entend jusqu’au bout du monde. Ce talent pour s’autocritiquer, ce french bashing en langage d’aujourd’hui, est loin d’être récent. À croire que nos presque 20 siècles d’existence ne sont dus qu'au hasard.

À en croire ceux qui nous dirigent ou souhaitent le faire, nous ne sommes pas très compétents ! Incapables de nous battre, de nous développer, de nous adapter, de nous transformer. Prenez deux économistes. A priori tout les oppose sauf une chose : notre disparition prochaine en raison d’une crise jamais atteinte. Ils ont la mémoire historiquement courte. Je sais que nos parents et grands-parents ont joué avec les 30 glorieuses comme si elles devaient durer des siècles. Ils nous laissent l’addition. Nous même en laisserons une grande partie à nos enfants ! Je sais aussi que la réforme et les changements sont faits pour les autres. Les Français aiment à imposer leur vision mais refusent de subir celles venues d’ailleurs. Je ne connais pas un seul homme politique qui ait échappé à la vindicte populaire après quelques mois de pouvoir. Nous adorons brûler ce que nous avons aimé. Enfin, petite cerise sur le grand gâteau commercial : nous ne fabriquons que des ragotons que de toutes façons nous ne savons pas vendre. L’Europe à raison de dire que «les français sont des italiens qui ne savent pas sourire». Comme ajoutent avec humour les américains, «un Français que l’on déplace à 50 km de chez lui est un français mort que l’on enterre». Et pan sur le bec.

Je pourrais détailler pendant des pages tout ce qui construit jour après jour le pessimisme national qui nous séduit temps. Ce grand malheur des autres qui protège notre petit bonheur quotidien. Comme l’écrivait Newsweek, cette «propension à s’enfoncer ensemble là où les autres nations cherchent à sortir la tête de l’eau». Les récents événements - grèves et autres manifestations - ne sont que l’expression de petits avantages que les autres doivent abandonner mais surtout pas nous.

Et pourtant. Avez-vous écouté vos voyageurs d’affaires? Ceux qui, sur le terrain, se battent pour vendre nos produits, notre savoir-faire, notre vision de demain? Ceux qui expliquent que pour beaucoup, la France s’écrit avec un F majuscule? Ceux qui détaillent ce qu’apprécient nos voisins, du plus proche au plus lointain. Ceux qui constatent que bien des Français partis à l’étranger - souvent les plus critiques vis à vis de l'Hexagone - sont aussi ceux qui ne rêvent que d’un retour à la fin de leur carrière. Bref, tous ceux pour qui le french bashing s’il existait à ce point ne mériterait plus que l’on voyage. Chaque jour, des centaines de français prennent l’avion, avec un billet retour en poche, pour aller expliquer ce qui fait la richesse et la grandeur de notre pays. Pour être un européen convaincu, je n’en demeure pas moins citoyen d’un pays qui a beaucoup donné à la culture et à l’humanisme.

Pleureur, pleureuses et pessimistes de tout poil, continuez donc à vous lamenter. Il existe heureusement une France qui, toute génération confondue, loin de toute vision politique, apprécie ce que nous sommes. Celle qui sur le terrain parle le mieux de nous !

Marcel Lévy
Français, optimiste et fier de l’être !