Directeurs Financiers : un moral en berne

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Souvent impliqués dans le suivi "achats", y compris ceux du voyage d'affaires, les directeurs financiers ne sont pas à la fête en 2012. Le premier résultats du baromètre Deloitte d’opinions des directeurs financiers 2012 confirme «un repli stratégique, faute de mieux ?». Une analyse de la situation utile à la compréhension des évolutions économiques européens.

Les CFO (Chief Financial Officer) sont pessimistes (56%) ou, au mieux, attentistes (37%) à l’égard de la conjoncture française. Ce pessimisme est en ligne avec la morosité des perspectives mondiales, où la France (1%) et l’Europe (6%) sont clairement hors de la croissance, très loin derrière l’Amérique de Nord (37%) et du Sud (30%), elles-mêmes ne réalisant pas des scores très élevés. Bien que faisant débat, la coordination des politiques économiques européennes (70%), tout comme la croissance des pays émergents (41%), est avant tout un facteur d’optimisme. A l’inverse, le risque d’éclatement de la zone Euro (33%), la situation économique (57%) et les politiques fiscales et sociales européennes (40%) renforcent le pessimisme.
L’évolution des marchés financiers apparaît de manière équivalente comme un facteur de pessimisme (21%) et d’optimisme (20%).

L’enquête montre qu’environ un tiers des CFO anticipent une baisse de l’activité fusion/acquisition, un tiers une stabilité et un tiers une hausse. 49 à 54% des CFO n’envisagent ni cession ni acquisition en France ni ailleurs en Europe. Toutefois, ils sont 56% à prévoir des acquisitions hors Union Européenne. Pascal Pincemin, Associé et Membre du Comité Exécutif chez Deloitte en France le confirme : « Nous constatons que les directeurs financiers privilégient assez naturellement les acquisitions (44%), la recherche et développement (36%) ou les investissements de modernisation des équipements existants au détriment des placements financiers.» L’optimisation du BFR (Besoin en fonds de roulement) est de loin l’action privilégiée pour améliorer la trésorerie des entreprises (71%), suivie par la diversification des sources de financements (43%). Cela leur permet notamment de lutter contre la raréfaction des liquidités, principal motif d’inquiétude pour 53% des sondés.

Quelle que soit la zone de comparaison, la fiscalité et le coût du travail en France sont des freins absolus à l’investissement pour 96% des CFO. Toutefois la France ne manque pas d’atouts et les CFO plébiscitent la qualification des employés (86%), la localisation et les infrastructures (86%), l’innovation (70%) et le tissu industriel (57%). Au niveau international le cours de l’Euro est plus perçu comme un frein, pour 47% d’entre eux.

Malgré des perspectives de croissance en baisse, la zone Asie reste largement la plus attractive aux investissements français (43%). Loin derrière, les 2 Amériques sont plus attractives que répulsives (17% pour le Sud – 10% pour le Nord), ce qui n’est pas le cas de l’Europe (10%) et de la France (3%), dont l’attractivité est en ligne avec les perspectives de croissance limitées.

L’enquête révèle également que les entreprises françaises ont une perception générale positive et ont engagé une réelle politique de gestion du risque : 2/3 des sondés la considèrent comme un support au pilotage de la performance (67%). Toutefois, le risque de réputation n’est réellement anticipé que par 39% d’entre elles. Ils ne sont que 36% à avoir une politique de réaction et 26% n’ont aucune politique. En revanche, la gouvernance est complètement intégrée aux processus de l’entreprise et appréhendée de manière très positive comme un outil de contrôle. Elle est perçue comme un vecteur de la transparence de l’information pour 54% des CFO et pour 53% d’entre eux elle améliore le contrôle de l’exécution de la stratégie de l’entreprise et le contrôle des opérations.

Les professionnels interrogés estiment passer un temps suffisant aux missions traditionnelles de la fonction finance que sont, par exemple, la production des comptes, le suivi budgétaire ou la communication financière. Dans un contexte mouvant en termes de réglementation, près de la moitié (47%) estiment ne pas accorder assez de temps au développement durable et à la RSE.

Mené sur la fin du mois de septembre auprès de 70 directeurs financiers d’entreprises françaises ou de filiales françaises d’entreprises étrangères représentatives de l’ensemble des secteurs de l’économie, ce baromètre d’opinions 2012 a pour but de dresser un bilan de la perception des Directeurs Financiers sur l’environnement financier et macro-économique.

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