DreamJet lance sa « boutique Airline », tout business, vers New York le 11 juillet

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Après l’Avion, devenu OpenSkies en passant chez British Airways, DreamJet se relance sur le même créneau du « tout business » vers New York. Un pari risqué face à une concurrence féroce, et sur une ligne très concurrentielle, où le prix ne suffit pas à assurer le succès. La nouvelle structure se veut une «Boutique Airline» baptisée La Compagnie. Ce nouveau transporteur 100 % Business déployé sur la ligne Roissy – New York Newark décollera le 11 juillet prochain.

La Compagnie prendra son envol de Roissy le 11 juillet 2014 à 17h50. Ce transporteur all business proposera dans un premier temps 4 vols par semaine (mercredi, vendredi, samedi et dimanche) puis étoffera son offre progressivement jusqu'à relier Paris à New York Newark quotidiennement en novembre 2014. Face aux sceptiques qui se souviennent du demi-succès de L'Avion, Frantz Yvelin, président et fondateur de La Compagnie, défend son projet «Il y a un véritable marché pour le All Business. D'une part, les prix Business des compagnies présentes sur la route transatlantique sont très élevés. De l'autre, les transporteurs proposent des tarifs de plus en plus bas en Économique, mais le confort et l'espace diminuent également. Il y a bien sûr l'Eco Premium, mais cela reste de l'Eco dont les améliorations ne justifient pas l'écart de prix».

Mais au-delà le dynamique patron de la Compagnie oublie que les tentatives de transporteurs « All Business » ne sont pas toutes des succès. Si British a maintenu son London City New York via Shannon, les deux expériences américaines n’ont jamais passé le cap de la seconde année. OpenSkies est revenu à une configuration tri classes, très classique. Bref, sans être pessimiste, disons que le pari est osé. Ce que semble apprécier Frantz Yvelin.

La Compagnie propose donc de «voyager bien mieux en payant beaucoup moins cher». Selon son patron, les tarifs seront entre 35 et 65 % moins élevés que chez la concurrence. La grille se compose en effet de 4 classes de réservation : promo, base buy, semi flex ou Full Flex, tarif qui offre comme son nom l'indique la plus grande souplesse de modification et de remboursement. Ainsi, l'aller-retour Paris CDG – New York Newark sera proposé à partir de 1300 € et pourra grimper jusqu'à 4328 € en Full Flex. Une bonne idée qui oublie que sur des lignes de ce type, les tarifs négociés sont loin de ceux qui sont affichés officiellement. Et sur la ligne vers New York, si Paris représente le gros du marché, ce sont des compagnies comme Air France ou British Airways qui raflent la mise.

Offrir le meilleur rapport qualité/prix

Avec "ces petits prix", les voyageurs d'affaires s'installeront dans un Boeing 757-200 de 74 sièges-lits intégrés dans une coque fixe (capacité traditionnelle de l'avion : 230 places). Ils ont une largueur de 66 cm, un espacement de 155cm et une disposition 2-2. En position lit, le fauteuil n'est pas horizontal. Il s'incline à 180 degrés. Un choix avant-tout économique «Notre but n'est pas de faire la meilleure classe Business au monde mais de proposer le meilleur rapport qualité/prix sur le segment», explique Frantz Yvelin. Il ajoute «Nous avons réalisé une enquête auprès d'un panel de clients. Les personnes interrogées préfèrent payer moins cher plutôt qu'avoir un siège totalement à l'horizontale».

En outre, le fauteuil est équipé d'une prise USB, d'une prise de courant et d'une liseuse. Il dispose également d’une tablette Samsung Galaxy Pro 12’’ qui contiendra une sélection française et américaine de films récents et classiques, des séries télévisées ainsi que de la musique, soit 50 heures de programme. La presse digitalisée et un accès internet wifi seront proposés à bord à partir de l'automne 2014. Internet sera gratuit pour les passagers ayant un billet Full Flex. En revanche, il sera payant avec les autres tarifs.

Les menus, renouvelés au fil des saisons, sont imaginés par le chef du restaurant Faust à Paris, Christophe Langrée, en partenariat avec Servair. Pour les voyages de nuit de New York vers Paris, La Compagnie servira une formule rapide et légère de «chic snaking» afin de laisser aux voyageurs d'affaires plus de temps pour dormir. La carte des boissons se composera de Champagne de la maison Piper Heidsieck ainsi qu'une sélection de vins de producteurs traditionnels français. La trousse d’accueil comprendra des chaussettes, bouchons d’oreille, masque de nuit, produits cosmétiques Caudalie et un stylo. En outre, chaque passager pourra enregistrer jusqu’à deux bagages de 32kg chacun.

L'avion décollera de Paris à 17h50 tous les mercredi, vendredi, samedi et dimanche à partir du 11 juillet 2014. Il se posera à New York Newark à 20h30. Le retour est programmé à 21h45 pour un atterrissage sur la capitale à 11h15 le lendemain. Le transporteur ajoutera une fréquence le lundi en aout, puis une le jeudi en septembre et octobre pour finalement assurer un vol quotidien en novembre.

Des services pensés pour les voyageurs d'affaires

Contrairement à OpenSkies basée à Orly, l'avion s'envolera du Terminal 1 de Roissy. «Environ 90% des passagers voyageant entre Paris et New York en classe affaires décollent depuis cet aéroport». En revanche et comme OpenSkies et pour les mêmes raisons, La Compagnie fait le choix de New York Newark : «La piste est près de Manhattan et beaucoup d'entreprises sont installées au nord du New Jersey. De plus, la fluidité est plus grande à Newark. Il y a beaucoup moins de problèmes d'attente aux contrôles». Sur ces deux aéroports, les voyageurs d'affaires auront accès à des lounges. Sur l'installation américaine, ils seront accueillis au salon d'El Al «Art & Lounge». A CDG, l'entreprise n'est pas parvenue à s'entendre avec les alliances, ainsi ses clients seront attendus au salon Icare, géré par ADP. Loin d’être le meilleur de l’aéroport.

Autre point pensé pour les voyageurs d'affaires, un programme de fidélisation sera mis en place prochainement. La nouvelle société propose aussi aux passagers de réserver, dès l’achat du billet, une voiture avec chauffeur privé pour les acheminer vers et depuis l’aéroport de Paris- Charles de Gaule. L'offre de son partenaire LeCab est de 48 € pour les transferts entre l’aéroport et la capitale ou les villes de la première couronne.

Qu'en pense British et Air France?

Il n'est pas dans les habitudes de la concurrence de dénigrer sans voir. Pour autant, Alexandre de Juniac, le patron d'Air France, doute. Le business model ne lui semble pas évident et la rentabilité sur la ligne ne saurait se faire sans un investissement dans le temps. Hors justement, les 30 millions d'euros trouvés chez les investisseurs (dont Charles Beigbeider) sont jugés insuffisants pour une exploitation au delà des premiers 18 mois d'exploitation. C'est le délai pourtant estimé par Frantz Yvelin pour atteindre l'équilibre. Officieusement, chez Air France on pense que refaire le coup de la revente comme avec l'Avion n'est pas forcément renouvelable.
British Airways affirme qu'OpenSkies est rentable, sans pour autant en dire plus. Seule certitude, British ne se laissera pas manger la laine sur le dos et la bataille des tarifs qui pourrait s'engager demande des moyens financiers solides. Franz Yvelin le sait. Enfin, la compagnie britannique a joué la continuité de ligne entre Openskies et d'autres villes aux USA. L'appartenance à Oneworld a joué à fond et les prix, pour les entreprises, restent attractifs.