EVP 2016, un concept qui mérite de s’améliorer

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American Express Voyages d’Affaires tenait ce 27 janvier la 25ème édition de son salon EVP au Palais Brongniart, à Paris. La nouvelle édition de son traditionnel Baromètre a été dévoilée en fin d'après-midi. L'étude révèle que les entreprises pensent surtout à leur développement vers l'international et à la sécurité de leurs collaborateurs. Rien de neuf sous le soleil.

C'est un peu une "tarte à la crème", n'en déplaise à certains, mais le baromètre de L'EVP a fait dans le classique en reposant sur le triptyque "sécurité - économies - innovations". Guillaume Col, Président Directeur général d’American Express Voyages d’Affaires France, Belgique et Pays-Bas a profité du quart de siècle d'EVP pour faire un retour sur l'histoire de son baromètre lancé, pour sa part, en 2008. "Le baromètre a été mis en place pour être une référence pour le secteur et donner une vision neutre du marché du voyageur d'affaires. Faire transparaître les évolutions et les tendances", explique-t-il, rappelant que les sondés ne sont pas uniquement des clients de son agence.

Des dépenses voyages plus importantes que prévu
Et que dévoile le cru 2016 de l'étude ? Le secteur du voyage d'affaires affiche une reprise. "L'année a été meilleure que nous ne l'avions prévu. Nous avions anticipé une hausse des budgets des déplacements professionnels de 0,7% sur l'Europe. La croissance qui a été constatée en 2015 sur les 580 personnes interrogées, a finalement été de 1,42 %", indique Guillaume Col. Autre point, l'effet est principalement dû au volume car les prix ont baissé en moyenne de 1%.

Pour 2016, les sondés estiment que leur budget voyages va augmenter de 1% avec de grosses divergences selon les pays. Les Allemands tablent sur une hausse de 3% tandis que les Français sont plus frileux avec 0,8%. Remarquant que le monde de l'entreprise n'est pas toujours des plus optimistes concernant la santé de l'économie, Amex GBT s'est également pliée à l'exercice de la prévision. Après avoir analysé plusieurs indicateurs et utilisé des algorithmes, elle avance de son côté que la croissance des budgets sera de l'ordre de 2% en 2016.

Des projets de développement internationaux
Le Baromètre révèle que la moitié des sociétés sondées projettent de développer leur activité en s’étendant à l’international dans les trois prochaines années, contre 38% en 2014. Par ailleurs, d’après l’étude, un tiers des entreprises interrogées (contre 18% en 2014) vont augmenter leur budget de déplacements professionnels d’ici à trois ans.

Pas moins de 76% des répondants perçoivent encore le voyage d’affaires comme un coût nécessaire. Ils sont seulement 24% à le voir comme un investissement. Toutefois, ce dernier chiffre a augmenté de 7 points entre 2014 et 2015 (représentait 17% en 2014).

Par ailleurs, 21% des entreprises interrogées aimeraient savoir comment mesurer le retour sur investissement d’un déplacement. "Il y a un vrai paradoxe sur le ROI. La plupart des gens nous disent qu'ils mesurent ce retour sur investissement alors qu'il n'y a pas de méthode réelle de calcul du ROI. On mesure des coûts, de satisfaction des voyageurs mais pas un retour sur investissement. On peut le faire sur le MICE mais pas sur le voyage. Ils sont trop hétérogènes avec parfois des cycles très longs avant le retour. C'est compliqué à mesurer", reconnait Guillaume Col. Il espère une démarche collective: "Nous devons avoir une approche métier pour définir au sein de la profession un critère cohérent pour mesurer le retour sur investissement du voyage d'affaires".

Les priorités des entreprises
Ce baromètre - dont 90% des sondés ont été interrogés avant les attentats de novembre - affiche une tendance claire: la sécurité des voyageurs d'affaires est la priorité numéro 1 des entreprises. "La sécurité était en progrès constant depuis 5 ans mais c'est la première fois qu'elle ressort comme la priorité numéro 1 des responsables voyage". 96% des sociétés ont des dispositifs de suivi et de traçabilité des collaborateurs en place. Mais l’approche curative prévaut sur la prévention puisque seules 24% des entreprises formeraient leurs voyageurs en la matière.

Ainsi, la maîtrise des coûts s'est effacée face aux questions sécuritaires. Grand sujet d’intérêt depuis des années, elle recule en deuxième position. Néanmoins, 52% des personnes interrogées considèrent qu’elles peuvent encore optimiser la gestion des coûts dans une certaine mesure.

Par contre, pour la moitié des participants, les efforts doivent être portés sur l’amélioration des processus avec une meilleure évaluation en amont de la pertinence et du coût d’un déplacement, la mise en place d’outils online, et l’utilisation d’outils de moyens de paiement et de gestion des dépenses. Guillaume Col ajoute "Nous avons aussi remarqué qu'un levier pour maîtriser les coûts, jusqu'ici important, avait disparu du Top 14 : le durcissement de la politique voyage".

Cette année, les dépenses liées à l’aérien compte pour 40% des dépenses de voyage d’affaires et celles liées à l’hôtellerie représentent 28%. Pourtant, selon 59% des répondants, l’hôtellerie est le poste qu’ils surveilleront avec le plus d’acuité cette année.

La 3ème priorité des entreprises est la satisfaction des voyageurs. Cet élément a ainsi gagné 3 places depuis l’année dernière. Les entreprises sont désormais près de 50% à mesurer la satisfaction de leurs voyageurs d’affaires contre 45% l’année dernière ; et 22% des sociétés l’utilisent pour faire évoluer leurs politiques voyages. "Les Travel Managers semblent prendre conscience que l’adoption d’outils et de processus qui affectent positivement l’expérience voyage (la gestion de l’itinéraire, l’intégration des technologies mobiles et des nouveaux moyens de paiement ou gestion de notes de frais), a un impact direct sur la satisfaction et la productivité des voyageurs", explique American Express Voyages d'Affaires.

4 enjeux pour l'année à venir
Le baromètre a dénombré quatre enjeux dont l’importance va croître au cours de l’année à venir : l’optimisation des prix (50%), les solutions de sécurité (41%), et la qualité de la gestion du programme de voyage (40%).

En outre, l'économie collaborative est très souvent évoquée dans les meetings et séminaires mais pour le moment, elle ne semble pas convaincre tous les acteurs du secteur. 30% estiment que ce mode va se développer au sein du Business Travel à court terme tandis que les sondés restants penchent pour un développement à long terme... ou jamais.

Mais Guillaume Col prévient: "Il y a un amalgame entre les fournisseurs alternatifs et les fournisseurs collaboratifs. Les fournisseurs alternatifs, c'est Uber et les VTC – une concurrence encadrée avec les taxis - tandis que les fournisseurs collaboratifs c'est blablacar ou Airbnb qui mettent réellement les particuliers en relation entre eux. Quand on interroge les gens ils pensent souvent Uber. Ils sont en effet peu à penser envoyer leur voyageur d'affaires en covoiturage ou dormir chez l'habitant".