Easyjet en a encore sous le pied, mais pour combien de temps ?

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Vous l’avez sans doute remarqué, la montée en puissance des low cost a créé un phénomène plutôt étonnant dans le monde de la distribution du transport aérien : elle permet de faire plus de déplacements tout en dépensant moins ! La baisse de 2 % du prix des billets d’avion en 2013, associée à la crise, a conduit un grand nombre de compagnies à s’intéresser à l’univers du transport européen à bas prix. Mais selon les experts, les champions d’aujourd’hui risquent d’être très rapidement bousculés par les challenger de demain. Un éternel recommencement.

Au moment même où Ryanair annonce son entrée tout en douceur dans l’univers du voyage d’affaires, la plupart des grandes compagnies européennes mettent en œuvre une réponse économique aux insolents résultats d’Easyjet et des autres. Ryanair, toujours elle, qui devrait annoncer d’ici la fin juin l’ouverture de plusieurs liaisons vers des aéroports principaux en Europe, entend bien ne pas se laisser doubler et garder son leadership, y compris en le gagnant dans le monde du Corporate Travel. En proclamant il y a quelques semaines son intérêt pour ces marchés nouveaux, la compagnie irlandaise va obliger l’ensemble de la chaîne à s’adapter à son modèle économique. Lufthansa ou British ont parfaitement compris le danger qui les menace. Que ce soit vis à vis des compagnies low cost ou même, pour le transporteur allemand, avec Turkish Airlines, la concurrence n’est pas seulement dans le prix mais dans la capacité à répondre aux attentes du voyageur.

Là se trouve toute l’ambiguïté de l’acheteur qui lui, ne connaît ou pas les produits qu’il achète. La montée en puissance de la qualité des services à bord des avions associée à la baisse permanente du prix des billets est une équation dépassée qui risque de bouger ces prochaines années. Le premier mouvement de cette bataille a déjà été initié par les plus anciens du domaine. Pas de journaux, pas de service de snack, des frais supplémentaires pour embarquer au meilleur moment et un tarif unique par segment pour les contrats négociés… Il n’en faut pas plus pour changer les habitudes et transformer radicalement les négociations. EasyJet s’est taillée une réputation de lion dans cet univers… Mais pour combien de temps? Si Ryanair consacre effectivement près de la moitié de sa flotte à des vols «réguliers» à bas prix, nul doute que la donne va être bousculée. Et que dire de Germanwings (groupe Lufthansa), Vueling (dans le groupe IAG) et la dizaine d’autres compétiteurs qui se mettent en place pour entrer dans le grand bal. On comprend les enjeux sans pour autant définir les stratégies à venir.

Enfin, le dumping social a ses limites. Le besoin de pilotes confirmés dans le monde va bousculer les salaires. Les jeunes générations acceptent volontiers d’aller passer quelques années dans le Golfe ou en Chine. Les autres refusent désormais d’être tondus comme des moutons du ciel. Ce combat qui ne fait que débuter risque d’être dangereux pour les vedettes d’aujourd’hui. Nul n’a oublié que la TWA, mondialement reconnue, a fini par sombrer. Les changements de temps sont souvent dangereux pour les dinosaures.

Hélène Retout