Egypte, la victoire des Islamistes sonnerait-elle la fin des incentive dans le pays ?

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Si beaucoup de professionnels de l'événement se refusent à se prononcer ouvertement sur la situation politique de la Libye ou de la Tunisie, tous ne cachent pas leur inquiétude devant ce qui pourrait se passer en Egypte avec l'arrivée des Frères Musulmans à la tète du pays. Les interrogations se multiplient après le premier tour de l'élection présidentielle, prolongeant l'attentisme qui règne déjà depuis un an.

Egypte, la victoire des Islamistes sonnerait-elle la fin des incentive dans le pays ?
"Il ne faut pas se voiler la face, nous aurons du mal à vendre aux entreprises une croisière sur le Nil si les contraintes touristiques sont fortes comme par exemple la fin de l'alcool à bord, un voile pour les femmes et aucune musique sur le pont d'un bateau ou sur des lieux traditionnellement festifs", explique Marc Souhami, organisateur de conventions et animateur de congrès. Mais il précise rapidement que "Les politiques extrémistes sont souvent dans la tête des occidentaux. Rarement sur le terrain de pays qui vivent depuis des décennies du tourisme. On sait que pour l’Égypte, et on le ressent déjà pour les incentives sur le Nil, les donneurs d'ordre sont frileux pour ne pas dire plus". Une vision un peu éloignée de celle de Michel Bensadoun, le patron de l'ANAé et lui même responsable d'une agence La Fonderie : "Nous ne sommes pas là pour faire de la politique. Nous appliquons les règles diffusées par le Ministère des Affaires Etrangères qui nous mettra en garde si un pays devait présenter quelques risques sécuritaires. Au-delà, nous essayons de faire en sorte de mettre en adéquation l'image d'un pays avec sa réalité politico-économique. C'est l'exemple de la Tunisie, où nous avons organisé il y a peu de temps une rencontre pour démontrer que la situation était calme et que l'organisation d'événements été toujours de mise dans ce pays". Et de poursuivre : "Il est clair aujourd'hui que les entreprises sont soucieuses de la sécurité de leur personnel et veulent prendre le moins de risques possibles lorsqu'elles organisent un événement. Nous respectons bien évidemment leurs demandes mais je crois, en tant que président de l'ANAE, que notre rôle est aussi de rassurer, d'expliquer et de faire en sorte que les choix que nous proposons soit déjà largement sécurisés". En Allemagne, comme en Grande Bretagne, la situation est peut-être un peu plus prudente. Des distributeurs de voitures ont suspendu leurs programmes incentive vers la Tunisie, l'Égypte et la Libye en attendant des jours meilleurs pour renvoyer des distributeurs à la découverte du désert. Une situation difficile à chiffrer économiquement même si l'on sait qu'une grande partie de l'activité touristique de la vallée du Nil est aujourd'hui en chute libre voire à l'arrêt total dans des villes comme Le Caire ou Alexandrie. "Je dis toujours qu'il faut écouter le client", souligne Serge Tapia, le Président de l'AFO, "Ce client ne va pas nous écrire qu'il ne veut pas telle ou telle destination, mais il nous dira clairement ce qui ne passera pas. La sécurité est devenue essentielle. Ne pas prendre de risque est primordial". Mais pour le patron des agences événementielles, il serait dommage de limiter cette vision à quelques pays arabes. "La Grèce et tout ce que l'on entend depuis des mois sur sa situation financière n'incitera pas un groupe bancaire à faire un incentive ou une réunion sur place. Ils jugeront l'opération décalée, inadaptée. C'est le client qui parle, et qui décide. Pas l'agence ou l'organisateur. "