Et si Ryanair devenait la compagnie préférée des voyageurs d’affaires?

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Voilà un titre qui ne manquerait pas de faire vociférer (positivement) Mickael O’Leary, le parton Irlandais de Ryanair. Et pourtant… Depuis quelque temps, mes collègues voyageurs me remontent des informations positives sur Ryanair. Soit ils se font au modèle, soit ils apprécient un changement en cours. Alors promis, au prochain voyage, je tente le coup avec cette compagnie que j’avais passablement désertée au profit de sa collègue Anglaise.

Chose promise, chose due. Je m’y colle sur un Beauvais/Bergame. Première impression à l’arrivée à l’aéroport de Beauvais, il ressemble de plus en plus à un aéroport digne de ce nom. Pas mal mais peut mieux faire. Il  y a encore du boulot à engager (comme les cabines des loueurs, situées aux antipodes des parkings) mais on est dans la bonne direction.

Fluidité absolue à l’enregistrement des bagages et idem au PIF (filtrage). Malgré les 8 départs quasi simultanés. Le personnel, en nombre, et les installations permettent une attente inférieure à 3 minutes, le tout dans la sympathie et la bonne humeur. Passage en salle, cohue habituelle mais pré-embarquement facilité par des agents proactifs. Le reste, c’est du pur Ryanair à savoir, embarquement facilité par l’usage de deux portes, escale courte, tâches optimisées, avion plein, (bon !) atterrissage à Bergame et à peine posé, coup de trompette de l’équipage pour saluer la ponctualité. Sortie de l’aérogare en 11 minutes, récupération des bagages inclus ! Tout est dit.

Il reste à analyser l’expérience. Soit toutes les bonnes étoiles étaient alignées ce jour là, soit Ryanair est en train de muter profondément. Au dire de mes collègues, suite à ma propre expérience et face au nombre de « business pax » à bord, pas impossible que cette deuxième solution soit la bonne !

Si tel est le cas, la stratégie de Mickael O’Leary est brillante ! Car après avoir été considérée comme la compagnie la moins appréciée par les clients (MOL aurait dit à la presse Britannique : «Je me fous des passagers. Ils reviennent toujours à Ryanair car je suis le moins cher… Ils ramperaient sur le ventre pour payer le moins cher possible leurs billets d’avion»), Ryanair a pris le contrepied de ce constat. Et les outils de cette réussite sont simples : supprimer ce qui gêne les clients, adapter l’offre aux marchés (du touriste aux voyageurs d’affaires) sans oublier une refonte des process. Et le tout fonctionne plutôt bien. Les spécialistes le diront,  c’est une stratégie marketing très risquée qui s’engage dans le temps… Mais qui peut se révéler payante, car elle permet au transporteur de ne communiquer que sur les points qui l'ont rendue impopulaire (les partis politiques connaissent bien cette stratégie. Surtout à l’approche des élections…).
De fait, Ryanair répond aux attentes les plus fortes à coup de communication et d’effets d’annonce.

La mise en place d’une solution de traitement de faveur pour les «business PAX», les départs des plateformes internationales, moins de ventes ridicules à bord et un meilleur respect des machines… Tous ces facteurs sont à travailler ou sont dorénavant mis en place. Et là, c’est un bouleversement en approche si, et seulement si, c’est une tendance de fond maîtrisée par le management de Ryanair.

Quoiqu’il en soit, il faut surveiller ce transporteur sans cesse dans l’hyper-communication car son patron est malin et joue un jeu que lui seul maîtrise avec la claire intention de bousculer toujours et encore le si particulier marché du transport de passagers. Mais le constat est sans appel : les prix restent les plus bas et le confort s’améliore. Sur du court courrier, difficile d’en demander plus.

Yann Le Goff
Acheteur.