Et si Turkish Airlines refaisait le coup d’Emirates aux compagnies européennes?

60

En présentant ce 15 janvier à Paris la nouvelle carte gastronomique proposée à bord de ses appareils, Turkish Airlines fait un pas supplémentaire vers ce qui est devenu un axe essentiel du développement de la business class : la différence. Après le lounge d’Istanbul, une tarification repensée, la refonte de la classe avant, l’intégration bien réelle du net sur les longs courriers, Turkish aborde le dernier volet de son offensive commerciale : la restauration à bord.

Inutile d’être devin pour comprendre que Turkish Airlines reprend et améliore les éléments marketing qui avaient fait le succès d’Emirates à son lancement. D’autant qu’avec l’ouverture du nouvel aéroport d’Istanbul en 2018, le hub asiatique le plus logique ne sera plus forcément Dubaï. Là est le danger pour les compagnies européennes comme Air France, Lufthansa ou British. Les évolutions permanentes de la compagnie turque deviennent un danger évident pour les dirigeants des grands transporteurs européens. Et contrairement aux compagnies du Golfe, on ne pourra pas l'accuser de distorsion de concurrence, d'autant cette bataille du service, que chacun des compétiteurs veut remporter, n’est pas une simple affaire de moyens. La Turquie ne produit pas de pétrole, Turkish paye son carburant comme les autres et ne bénéficie d’aucune faveur tarifaire du gestionnaire d’aéroport. Seul le coût du travail sur Istanbul est plus attractif mais cela ne suffit pas à expliquer cette réussite sur laquelle personne n’aurait parié un kopeck il y a dix ans.

La présentation de la nouvelle offre de restauration démontre qu’il ne s’agit pas seulement d’une affaire d’argent. On sent que la réflexion et la logique ont été poussées à fond. De la décoration sur le plateau, aux vins via les viandes et les poissons… Rien n’a été laissé au hasard. Du poids de l’assiette à la forme même des salières qui reprennent le look des minarets de Sainte Sophie… La compagnie a voulu séduire l’œil et le ventre. Et au-delà ce sont des collaborateurs souriants, avenants, à l’écoute de leurs clients et visiblement heureux de travailler pour leur entreprise.

Autant de points qu’il serait facile à copier. Autant de savoir-faire qu’une entreprise comme Air France maitrise et possède. Il lui faut sans doute retrouver l’envie et la passion, les deux moteurs du plaisir au travail. Turkish nous donne une belle leçon d’évolution commerciale...

Marcel Lévy