Et si les aéroports gardaient aussi les enfants des voyageurs d’affaires ?

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Lorsque l'on est une mère de famille voire un jeune père en charge seul de ses enfants, les déplacements professionnels d'une journée ne sont pas toujours faciles. Il faut s'arranger avec les amis, la famille, ses propres parents, bref mettre en œuvre tout le fragile équilibre qui va de la récupération des gamins à la sortie jusqu'à l'histoire au moment de se coucher via le bain ou les devoirs ! Et que dire des vacances qui bousculent le tout ? Bien sûr, on peut toujours décider de mettre sa carrière entre parenthèse au bénéfice de ses enfants. Est-ce une bonne réponse ?

Sale coup pour les parents, le gouvernement a annoncé des vacances plus longues à la Toussaint. Beaucoup de cadres, souvent des femmes conscientes que leur décision pèsera sur leur avenir professionnel, cessent de voyager le temps de la petite enfance de leurs enfants, voire plus. C'est sans doute ce qui vient de pousser deux jeunes diplômés d'une école de commerce suédoise à proposer aux aéroports européens la mise en place de garderies spécialisées qui ouvriraient avec l'aéroport et fermeraient avec lui. L'idée est simple : pour les déplacements d'une journée, cette garderie prendrait en charge les enfants avec toute une série d'animations et d'activités sans oublier les temps de repos, de sieste et repas indispensables à nos chères têtes blondes. Pour l'heure, il ne s'agit que d'un projet que nos jeunes étudiants cherchent à construire le plus intelligemment possible. Il faut respecter les règles de sécurité avec des jeunes enfants, s'assurer qu'ils disposeront d'une possibilité de sortie à l'extérieur (quelque soit le temps) et que tout sera mis en place pour rassurer les parents souvent inquiets d'avoir abandonné leurs enfants le temps d'un déplacement professionnel. La formule, on s'en doute n'est pas encore tout à fait rodée. Elle demande à être peaufinée, détaillée et surtout acceptée par les aéroports qui feront le pari de mettre en place un tel système. Articulé autour de docteurs, de puéricultrices et d'animatrices spécialisées, le projet pourrait prendre forme dès 2015 avec un prix de garde à la journée inférieur à 100 euros par enfant. Pour nos jeunes fondateurs, on pourrait aller plus loin en matière de prix et associer des marques, devenues sponsors de la garderie, à la gestion financière de l'ensemble ce qui en diminuerait sensiblement le coût.

Si du côté des créateurs on se dit confiant dans le projet, il reste à savoir ce qu'en pensent les parents eux-mêmes. Accepteront-ils de laisser les enfants une longue journée à la seule garde d'une structure privée qui n'a aucun lien direct avec la famille du bambin ? Et que se passera-t-il si le vol est retardé ou supprimé ? Là aussi, nos jeunes créateurs ont une réponse : un baby hôtel implanté en centre ville et qui offrira lui aussi toutes les garanties aux parents. Il faut voir maintenant si le projet a réellement de l'avenir. Pour le mettre en œuvre, il faut un peu plus de 400 000 € en fonctionnement et au moins le double en équipement. Plus la certitude d'avoir une dizaine d'enfants par jour qui fréquentent les allées de cette garderie "New Look". Enfin, bercés par les odeurs de kérosène et les annonces aéroportuaires, on peut se demander si cette idée ne formera pas très tôt de vrais voyageurs d'affaires rompus aux aéroports?

Hélène Retout