Êtes-vous prêts pour une journée sans portable ni mail ?

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Avec une moyenne d'une quarantaine de mails par jour et presque autant de coups de fil sur son portable dans les grandes entreprises, la technologie peut offrir aux voyageurs ce qu'elle a de meilleur comme ce qu'elle a de pire. C'est en partant de ce constat, que des membres de la Business Travel Association viennent d'émettre une idée simple : une journée par semaine sans mobile et sans mail. Ils sont les premiers à reconnaître que l'idée peut sembler farfelue, voire impossible à appliquer tant ces deux outils sont devenus essentiels à la pratique des affaires.

«Dans bien des entreprises, le lien permanent qui unit le voyageur à ses outils électroniques est devenu un poids dont il aimerait bien se séparer de temps en temps», précise Andrew Katz, l'un des initiateurs de cette journée. « Aujourd'hui, l'économie nous impose de suivre en permanence ce qui se passe sur le terrain et d'accepter d'être dérangé à toute heure, non pas parce que le besoin s'en fait réellement sentir mais parce que la technologie donne à vos interlocuteurs le moyen de vous joindre». Ce constat, dressé à l'occasion d'une rencontre qui s'est déroulée à l'université de Stanford à Palo Alto en Californie, conforte de plus en plus l'idée que le numérique, "C'est l'art de repasser la patate chaude à un supérieur hiérarchique que l'on pourra joindre immédiatement en cas de besoin".
«Au-delà de la simple utilité du matériel, il faut bien constater que l'on perd de plus en plus le sens des responsabilités en ayant systématiquement sous la main les contacts de ceux susceptibles de prendre une décision quelle qu'en soit son importance», commente Andrew Katz. Et de préciser : «Il est plus facile de téléphoner à son agence de voyages en disant que l'on a un problème sur le terrain que d'essayer de régler le problème. Le lien de subordination entre le client et le fournisseur est alors amplifié par cet accès direct à celui censé se débrouiller avec les difficultés que vous rencontrez». Ce sont ces constats qui conduisent les initiateurs de cette journée à penser qu'il est possible, outre le dialogue interne que l'on retrouvera, de gérer soi-même sur 24 heures un environnement professionnel qui ne s'est guère complexifié ces dernières années. Bien au contraire. Il reste à convaincre les utilisateurs, comme les patrons, à jouer le jeu de ce retour temporaire vers le passé. Beaucoup se sont débrouillés pendant des décennies sans mail et sans téléphone. Et ils sont encore là pour en témoigner. Preuve que l'on peut survivre à l'âge de pierre informatique!

Marc Dandreau