Faudra-t-il repenser le modèle des compagnies low cost ?

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Alors qu'elles explosent en Europe, les compagnies low cost s'interrogent désormais sur leur avenir et plus particulièrement sur les nouveaux modèles économiques qu'il faudra mettre en place pour séduire les clients. Si l'on sait que le tarif est un élément clé du transport aérien, la concurrence que se livrent directement et indirectement les compagnies à bas prix devrait conduire certaines d'entre elles à chercher de nouvelles pistes de développement et de nouveaux business modèles. L'exemple d'EasyJet qui revient à des politiques proches de celles appliquées par les compagnies régulières pourrait donner le ton des transformations qui s'annoncent.

En s'ouvrant aux voyageurs d'affaires, Easyjet confirme que le comportementalisme peut devenir un modèle de développement intéressant. L'offre formulée depuis quelques jours aux voyageurs d'affaires est construite sur les deux éléments clés qui intéressent celles et ceux qui voyagent pour leurs entreprises. La flexibilité tout d'abord qui, seule, garantit la possibilité de moduler ses horaires de transport en fonction de ses activités sur place. L'accessibilité qui, par le biais d'un enregistrement rapide et d'une installation des passagers à l'avant de l'appareil, permet un gain de temps essentiel lors des déplacements professionnels. Cette approche du marché intéresse fortement bon nombre d'autres compagnies. Germanwing ou Ryanair ne cachent pas qu'il faudra faire évoluer "l'offre prix" vers une offre de services facilement accessible aux entreprises. Ryanair sait que l'approche exclusivement marketing engagée avec les régions va bientôt montrer ses limites. Les 30 % de son chiffre d'affaires réalisés grâce aux aides régionales européennes devront être remplacées d'ici cinq ans par de nouvelles visions tarifaires, sans doute mieux adaptées aux voyageurs d'affaires.
Toutes les compagnies à bas prix travaillent ces évolutions et ne cachent pas qu'il y aura une prime au premier venu sur des marchés qui effrayaient encore il y a quelque temps ces low cost et qui apparaissent aujourd'hui comme essentiels à leur survie. Ainsi aux États-Unis, Jet Blue réfléchit à la création d'une fililiale, jet Blue pro, dont la finalité sera de répondre aux besoins spécifiques des voyageurs d'affaires américains. Tout cela démontre bien que si les autobus du ciel que sont les compagnies low cost sont désormais bien implantés dans l'esprit du public, c'est ailleurs, avec une valeur ajoutée certaine, qu'il faudra aller chercher la clientèle capable d'assumer la rentabilité. L'enjeu est de taille, le challenge difficile mais force est de remarquer qu'il est désormais engagé.

Hélène Retout