Faut-il avoir peur d’Ébola en Afrique ?

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Considéré comme un marché fort pour les entreprises européennes, l’Afrique n’a jamais été un continent sûr, au sens européen du mot. Au-delà des actions politiques menées au Mali, le continent lui-même ne se prête pas aisément aux déplacements professionnels. Seules les grandes villes, généralement fréquentées par les voyageurs d’affaires, restent plus ou moins sécurisées.

Dernière menace en date, le virus Ebola dont l’expansion semble ne pas être maîtrisée par les spécialistes. Selon les premières observations du terrain, relayées par les organisations médicales présentes sur place, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone constituent le foyer de l’épidémie mais l’Afrique, où la mobilité des personnes se développe, ne saurait limiter l’épidémie à une seule zone. L’exemple d’un cas de contamination au Nigeria montre que la situation est loin d’être aussi simple que ne le disent les professionnels de santé.

Mais il faut raison garder. Les deux cas relevés sur les humanitaires européens ou le malade traité désormais en Espagne ne sauraient semer le doute dans l’action engagée sur le terrain par les épidémiologistes. La surveillance aux aéroports, la formation des personnels de cabine, la suspension des vols vers les zones à risque sont autant de remparts, fragiles il est vrai, contre l’expansion rapide de la maladie.

Pour autant, prévenir étant guérir, il ne faut pas que l’entreprise fasse l’autruche. Sa responsabilité est engagée et le défaut d’information fournie aux voyageurs est une faute que la justice a déjà condamnée. Selon le bon vieux principe qui veut que « pendant la crise la vente continue », on peut mettre en œuvre un maximum de garanties autour de ses voyageurs. La plupart des grandes entreprises s’est assurée l’assistance de spécialistes de l’assistance associée à des relais sur le terrain qui fournissent des informations assez précises sur les évolutions sécuritaires des pays, que ce soit en matière de santé comme pour les risques politiques.

La surveillance de la pandémie est assurée par une dizaine de pays et l’état d’urgence déclaré en Sierra Leone et au Liberia. Preuve de la prise en charge mondiale du problème, des experts de l’Organisation Mondiale de la Santé se réunissent cette semaine à Genève. Rassurant, mais il leur faudra prendre des décisions claires pour rassurer vraiment et ne pas ajouter une catastrophe économique à la crise médicale de ces pays déjà mal en point…

Marcel Lévy