Geos analyse la situation en Egypte

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Dans son bulletin d'Actualité des risques internationaux et concurrentiels, Geos revient sur les événements égyptiens. Un texte court pour comprendre la situation géopolitique.

Le 3 juillet, l’armée a démis le président Mohamed Morsi, élu il y a tout juste un an, après une forte pression exercée par la société égyptienne autour du mouvement Tamarod (rébellion). Cinq journées de manifestations et une pétition réunissant 15 millions de signatures réclamant le départ de Morsi ont conduit l’armée à prendre acte de la situation. Le chef d’état-major et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi s’est d’abord concerté avec le Secrétaire d’Etat à la Défense des Etats-Unis, Chuck Hagel pour savoir si Washington était opposé à un nouveau changement politique et à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dans l’attente de la tenue de nouvelles élections. Une précaution importante car, si un coup d’Etat avait été dénoncé par la communauté internationale, l’Egypte s’exposait à une perte de l’aide financière américaine (1,3 milliards de dollars), alors que le pays se trouve au bord de la banqueroute. L’armée en arbitre Depuis la révolution nassérienne, l’armée égyptienne demeure un acteur fondamental de la société. Elle se veut son régulateur et son arbitre. Aujourd’hui encore elle contrôlerait de manière directe ou indirecte près de 40 % de l’économie.

Selon un sondage, 82 % des Egyptiens souhaitent son intervention. L’une des nombreuses raisons qui auraient fait chuter Morsi est son discours du 15 juin dans lequel il annonçait la participation active du pays à une coalition militaire anti-syrienne après avoir rompu les relations diplomatiques avec Damas acte premier, dans son esprit, du rétablissement du califat. Cette politique étrangère nouvelle s’ajoute à l’absence dramatique de résultats du gouvernement des Frères musulmans, à la constitution de milices violentes qui ont torturé et tué des manifestants et à la nomination mi-juin de sept Frères musulmans au poste de gouverneurs, dont Adel al-Khayat, membre de la Gamaa al-Islamiyya, organisation responsable de la plupart des attentats des années 80-90, dont l’égorgement de 59 touristes en 1997, dans la très symbolique Louxor. Dans ce contexte, le général al-Sissi pourrait être élu président lors du prochain scrutin, sa popularité actuelle et ses soutiens à Washington le lui permettent.