Geos analyse la situation sociale en Israël

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Comme tous les mois, Geos fait le point sur les grands mouvements politiques et sociaux dans le Monde. Dans sa dernière livraison, l'entreprise fait le point sur une importante manifestation contre le coût de la vie, l’injustice sociale et la corruption qui est prévue à Tel-Aviv ce samedi 14 juillet. Un rassemblement organisé à l’initiative du mouvement de protestation sociale de l’été 2011, qui s’était formé sur l’ensemble du territoire israélien, et qui avait vu environ un demi-million d’Israéliens descendre dans les rues des grandes villes du pays.

Geos analyse la situation sociale en Israël
Cette manifestation est prévue alors que plusieurs milliers de personnes ont défilé le 23 juin à Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa pour tenter de relancer ces grands rassemblements sociaux. Les contestataires ont alors réclamé la démission du chef du gouvernement, Benjamin Netanyahu, ainsi que du ministre des Finances, Youval Steinitz. Au cours de cette manifestation, les forces de sécurité avaient interpellé la chef de file du mouvement social, Dafine Leef, ainsi que 85 personnes, accusées « d’actes de vandalisme », provoquant une indignation générale suivie par la dénonciation des violences commises par les forces de sécurité. Les autorités israéliennes sont ainsi accusées par les opposants de vouloir contenir « par tous les moyens », une reprise du mouvement de contestation cet été, alors qu’aucune manifestation n’avait eu lieu depuis octobre 2011, laissant croire à un essoufflement de la mobilisation populaire.
En effet, bien que la situation sociale en Israël soit relativement stable, en 2011, de mi-juillet à fin octobre, le pays avait été marqué par d’importantes manifestations sociales. Imitant le mouvement des « indignés » présent dans les pays occidentaux, plus de 400 000 personnes s’étaient rassemblées afin de dénoncer la dégradation de leurs situations économique et financière, donnant parfois lieu à des incidents localisés. Les revendications avaient alors été portées principalement par les classes moyennes et les jeunes, notamment concernant le coût du logement.

A la suite de ces manifestations, quelques mesures fiscales avaient été adoptées par la Knesset (le Parlement israélien), en décembre 2011 (comprenant principalement une réduction de l’impôt sur le revenu des classes moyennes et une augmentation de celui des salaires les plus élevés), afin de répondre aux demandes qui avaient été exprimées par la population. Malgré cela, les chefs de file des « indignés » avaient déclaré ces mesures insuffisantes.

Malgré une situation économique favorable par rapport à l’Europe et aux Etats-Unis, avec notamment un taux de croissance de 2,9% prévu cette année (contre 4,7% en 2011), Israël connaît un fort ralentissement de son activité ainsi qu’une hausse du taux de chômage (de 6,8% à 7,3%). Par ailleurs, les mesures de dépense qui ont suivi le mouvement de contestation sociale, ont provoqué le doublement du déficit budgétaire (de 1,5% à 3%). Or, devant l’augmentation des dépenses, de nombreux responsables israéliens souhaitent désormais l’instauration d’une politique d’austérité, avec notamment des coupes importantes dans les dépenses publiques et une augmentation du taux d’imposition sur les revenus de l’ensemble des contribuables, de même qu’une hausse de la TVA d’environ 16%. Cependant une telle politique affecterait directement les classes moyennes et les jeunes, principaux soutiens et acteurs des grandes manifestations de 2011. Ainsi, alors que les élections législatives sont prévues en 2013, un vote sanction pourrait menacer la coalition actuellement au pouvoir.

Néanmoins, la montée des tensions régionales, en particulier en Syrie, dans le Sinaï (Egypte) et sur le dossier nucléaire iranien, de même que l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans au Caire, pourraient profiter à un puissant lobbying des acteurs israéliens de la défense, afin de concentrer les efforts budgétaires sur les infrastructures et les matériels militaires, mettant de côté les revendications économiques et sociales de la population.

iLe Flash GEOS est réalisé en collaboration avec le Bureau Veille et Analyse Risques Pays du Groupe [GEOS.geos.tm.fr/ ]i.