Geos s’exprime sur l’Egype et évoque la fragile stabilité du pays

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Alors que les chefs d'entreprise européens craignent une nouvelle explosion de violence en Egypte, Geos s'attache à donner des précisions sur les évolutions politiques du pays. A quelques jours de l'anniversaire de la révolution, la situation sur place est confuse, voire parfois explosive.

Geos s'exprime sur l'Egype et évoque la fragile stabilité du pays
L’Egypte va célébrer le 25 janvier le 1er anniversaire du soulèvement populaire qui a conduit à la chute du régime d’Hosni Moubarak le 11 février 2011. Bien que les élections législatives se sont pacifiquement déroulées, et que l’élection présidentielle est prévue en juin prochain, les contestations contre le Conseil Supérieur des Forces Armées (CSFA), au pouvoir depuis 1 an, se sont multipliées, et de nombreux groupes d’activistes ont appelé à faire du rassemblement du 25 janvier le point de départ d’un nouveau soulèvement.

Un appel a été lancé début janvier sur internet, invitant les Egyptiens à initier un nouveau soulèvement contre le CSFA, lors des rassemblements célébrant le 1er anniversaire de la révolution le 25 janvier prochain.

Une vidéo modifiée d’Omar Suleiman, l’ex-chef des renseignements, annonçant la démission de Moubarak, puis énonçant les multiples violations des droits de l’Homme commises par les autorités militaires depuis un an, a été visionnée plusieurs centaines de milliers de fois depuis sa mise en ligne, attestant d’une véritable diffusion de la défiance d’une partie de la population égyptienne à l’encontre des militaires. Au pouvoir depuis la chute d’Hosni Moubarak, le CSFA est accusé d’avoir accaparé le pouvoir, et de vouloir conserver ses privilèges et son influence dans le jeu politique national. Epine dorsale du pouvoir depuis la chute de la monarchie en 1952, l’institution militaire, bien qu’elle a annoncé un transfert du pouvoir aux civils après l’élection présidentielle de juin prochain, est également critiquée pour ses méthodes de répression du mouvement de contestation lors des rassemblements de novembre et décembre, qui avaient fait près de 70 morts. L’usage disproportionné de la force ainsi que le recours aux détentions arbitraires ont été dénoncés dans un rapport d’Amnesty International rendu public début janvier, affirmant que les atteintes aux droits de l’Homme s’étaient amplifiées depuis février 2011. 12 000 civils auraient ainsi été traduits devant des tribunaux militaires depuis la chute d’Hosni Moubarak.

54 partis et mouvements politiques ont également appelé à profiter de cet anniversaire pour appeler à nouveau le CSFA à transférer rapidement le pouvoir à des autorités civiles. L’imam de la mosquée Al-Azhar, une importante figure religieuse égyptienne, a ainsi annoncé son intention de prononcer un discours place Tahrir reprenant ces revendications et réclamant le procès des militaires ayant tiré sur la foule lors des derniers affrontements. Les Frères musulmans et les salafistes du parti Al-Nour devraient également participer au rassemblement.
Le CSFA, qui affirme être soutenu par la majorité silencieuse de la population, a pour sa part annoncé, parallèlement à la manifestation place Tahrir, l’organisation de défilés militaires, de parades aériennes et de feux d’artifice. En outre, après avoir affirmé en décembre être en possession d’informations suggérant l’existence d’un complot visant à détruire l’Etat lors de ces célébrations, le CSFA s’est entretenu avec le ministère de l’Intérieur afin de prévoir les mesures de contrôle des manifestants. L’usage de bâtons, de hauts parleurs et de produits chimiques marquant les individus pour 6 mois a été planifié pour éviter les débordements, ainsi que le recours aux balles réelles dans les cas où des bâtiments institutionnels vitaux seraient pris pour cible.

Alors que le procès d’Hosni Moubarak, qui risque la peine de mort, devrait se terminer fin janvier, et que les tractations entre les principaux partis politiques – les salafistes d’Al-Nour ont récemment proposé une alliance aux partis libéraux pour contrer l’hégémonie du parti Liberté et Justice des Frères musulmans – se sont intensifiées, ces célébrations font figures de test de grande ampleur pour le CSFA. La bonne tenue des rassemblements, ou a contrario leurs débordements, pourraient avoir de profondes conséquences sur la poursuite du processus politique égyptien, ainsi que sur la fragile stabilité du pays.