Gloire à toi, le collaboratif !

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Plus une semaine, plus un jour, sans que le collaboratif ne soit à la une de l’actualité du voyage d’affaires. Si Uber, Snapchat voire Blablacar sont les entreprises vedettes du domaine, il ne faut pas oublier le leader de l’hébergement, AirBnb, qui a fait état de ses bons résultats dans le voyage d’affaires.

Comme le soulignait Certify qui étudie les notes de frais de ses clients (principalement américains) pour connaître les habitudes et préférences des voyageurs d'affaires pendant leurs déplacements pros, l’économie collaborative explose. En juillet 2015, son analyse mensuelle avait révélé qu'Uber était passé devant les taxis en termes de dépenses. En 2016, l'écart se creuse et les taxis sont désormais loin derrière Uber, 21 % d'écart.

Il en va de même pour l'hébergement. L'Insee a publié ce 23 février une note selon laquelle les logements proposés par des particuliers sur internet, via Airbnb par exemple, ont drainé quelque 11% de la fréquentation totale des hébergements touristiques marchands en 2016 en France (9% en 2015), devenant ainsi "une composante significative" écrit l'institut de la statistique. Cette économie collaborative a ainsi représenté un total de 25,5 millions de nuits dans l’ensemble du pays. Le mastodonte AirBnB affirme que les voyageurs d’affaires utilisant ses services restent dans leur logement environ 2 fois plus longtemps (environ 6,8 jours en moyenne) que ceux qui réservent dans des hébergements traditionnels. En outre, plus de 35% des réservations collaboratives dans le voyages d’affaire sont pour 2 personnes ou plus. Et l’entreprise d’affirmer que "les entreprises qui l’utilisent pour leurs voyages d’affaires économisent en moyenne 30% de plus que celles qui réservent des hébergements traditionnels pour leurs salariés".

Que l’on apprécie ou pas ces entreprises, l’économie collaborative est une réalité ancrée dans les habitudes nouvelles des entreprises. Certes, nous sommes loin des volumes hôteliers mensuels même si la tendance donne raison à ces nouveaux acteurs qui, après les OTA, viennent bousculer l’hôtellerie traditionnelle. Un problème pour les grands groupes mondiaux qui comme IHG ou Marriott reviennent aux fondamentaux de l’hôtellerie : fidélité et services. Deux points qu’atteindront difficilement les acteurs de l’hébergement collaboratif. Mais soyons prudents, plusieurs projets vont dans le sens de la fidélisation client. AirBnB réfléchit à ajouter des services qu'elle offrirait à ses meilleurs clients.

Une étude réalisée par des étudiants de Stanford révèle que près de 15 000 startups travailleraient dans l’univers du tourisme collaboratif. Si l'on regarde dans le détail, plus de 2.800 d'entre elles travaillent sur l'hôtellerie et près de 8.200 sur le collaboratif sous toutes ses formes. En règle générale, ces microentreprises sont constituées autour de deux ou trois copains, issus du même univers de formation mais dans des domaines différents : droit, technologie, marketing. Leur première mission : lever des fonds, ce qui s’avère de plus en plus difficile.

Autant le dire, en répétant la phrase de Bill Gates "On est loin d’avoir épuisé toutes les ressources de la création humaine… Le meilleur est à venir". Une affirmation qui ne doit pas plaire au patron des Accor et autres Hilton qui vont devoir affronter de nouvelles approches en matière d’hébergements. A moins que ce ne soit les vieux routiers du domaine qui deviennent les créateurs de demain.

Annie Fave