HRS, Corporate Travel Forum, quand Laurence Parisot « fout le bourdon » aux acheteurs de voyages

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Venue ouvrir la journée de conférences du Travel Corporate Forum, Laurence Parisot n’a pas fait dans la langue de bois. Au contraire, dans la continuité des propos d’Emmanuel Ebay, l’actuel boss de HRS en France qui passe la main à John Baird Smith, elle se montre réaliste et objective.

Pour l’ancienne patronne du Médef, aujourd’hui Vice Présidente de l’IFOP, "Il faut toujours du réalisme dans l’analyse de son environnement économique. C’est la seule façon d’anticiper les crises comme les succès". Un regard proche de celui porté par HRS sur les marchés.

"Nous avons vécu deux événements forts en 2016 et nous en vivrons deux de plus en 2017. Ces quatre temps forts pourraient bousculer les modèles que nous connaissons poursuit-elle en égrenant le Brexit, l’Election de Trump, les Présidentielles en France et les Législatives en Allemagne au second semestre 2017. "Si vous regardez la situation actuelle, vous constaterez que nous sommes très exactement dans les mêmes conditions qu’à l’issue de la grande crise de 29", avertit-elle, "avec des pays qui se replient sur eux mêmes, une montée en puissance des nationalismes. Autant de points qui mettent en péril la paix et l’équilibre des économies mondiales".
Mais Laurence Parisot ne veut pas jouer les oiseaux de mauvais augure même si elle remarque que "Contrairement à ce que l’on pense souvent, la Chine ne va pas très bien et la remise en cause de son tissu économique peut se révéler dangereux au niveau mondial". Voilà donc posé le constat. "Il faut établir les hypothèses les plus sombres pour trouver les bonnes solutions".

Naturellement, elle s’interroge : "Que se passerait il dans cette industrie du business travel si le monde se repliait sur lui même ?". N’étant pas spécialiste, elle se refuse au jeux des pronostics face à un public d’experts. Mais remarque que les tendances nationalistes risquent d'engendrer de nouveaux accords bilatéraux, voire du protectionnisme, avec des barrières normées. "Si l'on va dans cette logique, ce serait un bouleversement économique et l'émergence de nouveaux rapports de force. Une telle approche affaiblirait encore plus la Chine et désorienterait l'Allemagne, dont le PIB dépend à 50% des exportations. Pour éviter le pire, il faut poser l'hypothèse et ne pas la nier". Comment faire face dans les entreprises ?"Je crois cependant qu’il faut viser avant tout la créativité et l’efficacité", explique t-elle, "On le voit avec Apple qui a fait du design une arme innovante". Mais au delà, elle veut faire le pari de l’humain que ce soit en matière de sécurité et de sûreté ou d’approches commerciales: "Le voyage d’affaires, c’est une ouverture sur le monde. Essentiel pour l’équilibre des Nations. Mais il faut assister les voyageurs, permettre les rencontres et faciliter l’accès aux déplacements", commente t-elle en ajoutant dans un sourire: "Les aéroports, voilà qui bouffe du temps".

Comme pour beaucoup de très grands chefs d’entreprise, elle veut insister sur le multiculturalisme qui va au delà de la connaissance de l’autre. "L’humain est fait pour échanger, dialoguer et comprendre", affirme t-elle en citant le fait qu’en Allemagne, un chef d’entreprise qui demande beaucoup à ses équipes ne peut pas s’en aller sans boire une bière, quelle que soit l’heure, avec ses salariés. "C’est une vision qui dépasse la notion d’équipe", souligne t-elle, "C’est la mise en commun de la compréhension économique et des objectifs que l’on vise".

On comprend mieux son message aux acheteurs: "C’est à vous de transmettre ces valeurs à vos équipes, de porter la bonne parole qui fait que l’on s’ouvre sur le monde, sans se replier sur soi ». Avant de conclure: "Vous êtes aussi les fers de lance de ce nécessaire optimisme".

Mais malgré sa volonté de finir sur un point positif, Laurence Parisot ne cache pas en privé que l’avenir n’est pas simple et que l’effort de chacun doit faire le résultat collectif. Quand on lui demande si, selon elle, les voyages d’affaires seront en forte baisse ces prochaines années, elle dit "le croire", même si elle ajoute "En tout cas, dans le contexte actuel, ils ne risquent pas de se développer".