Hop! Air France : une nouvelle navette, une dent contre le TGV et un déficit divisé par deux

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C’était un peu une conférence de presse à la Prévert ce 7 mars à la Tour Eiffel. D’un côté un Alexandre de Juniac souriant, star attendue sous les flashs des photographes, laissant entendre sa vérité aux journalistes sur le possible avenir d’Air France mais refusant d’évoquer ses successeurs, de l’autre un Frédéric Gagey très à l’aise sur le court et moyen-courrier et un chef d’orchestre, Lionel Guerin, fier à juste titre des résultats de Hop! Air France.

Bonne nouvelle : tout le petit monde d’Hop! Air France est content ! Le Président en partance d’AF/KLM a même ouvert la rencontre par un auto satisfecit rapide et un conseil "Il faut persévérer dans la poursuite des réformes pour ne pas perdre le bénéfice de ce qui a été fait ces dernières années ". Une mise en bouche avant le plat de résistance. 

Une rencontre de ce type se construit toujours sur des idées fortes. Celles évoqués par la compagnie s’appelle Carte Jeune et Navette vers Montpellier. Si la première ne séduira pas forcément les acheteurs, quoique 30% de réduction pour les moins de 24 ans peuvent convaincre certaines entreprises, la seconde aura plus d’impact sur le quotidien du voyage d’affaires… D’autant qu’elle est assortie d’une autre promesse forte : 20 minutes maximum entre le parking et l’embarquement, sécurité comprise. Mais ce délai garanti est réservé aux passagers Sky Priority, donc aux tarifs les plus élevés.

Cette navette vers Montpellier a le goût du rail, la bataille perpétuelle entre le train et l’avion prend ici toute sa force. La relative faiblesse actuelle du développement ferroviaire donne des ailes à Hop! qui a bien compris que le développement du territoire pouvait prendre une place sous son aile. "On oublie que le train ne sait pas bien faire les liaisons transversales. Nous, si ", souligne Lionel Guérin qui, sans entrer dans la polémique, se veut combatif. Et d’évoquer sa stratégie: "En baissant le prix de l’avion de 10 €, nous gagnerons 50 000 voyageurs de plus. En gagnant 10 minutes sur les temps de trajet ce seront également 50 000 passagers de plus qui utiliseront nos lignes ". Tout est dit. En attendant la LGV bordelaise, Lionel Guérin l’assure: "Nous avons repris des parts de marché sur Bordeaux" même s’il reconnait à demi-mot que la petite musique ne sera pas la même quand la capitale bordelaise sera à deux heures de Paris.

Côté chiffres forts, Hop! montre ses muscles avec 600 vols quotidiens et 96 avions, 50 escales, 13 millions de passagers transportés, 30 lignes au départ de Lyon et 26 de Paris-Orly. Si Frédéric Gagey rappelle qu’il ne s’agit pas de deux compagnies distinctes, "Hop! Air France ne fait qu’un", le groupe balaye d’une main la confusion persistante chez les acheteurs qui, malgré un code client unique Air France, manifestent leur difficulté à comprendre la répartition territoriale des vols répartis entre Orly et Roissy. Un aspect encore trouble pour beaucoup alors que la concurrence se renforce, notamment avec Easyjet qui ajoute un vol vers Toulouse et veut poursuivre son développement à Nice, les deux vaches à lait du groupe Air France. Le groupe anglais sait parfaitement que les autres lignes possibles en France sont loin d’être toutes rentables.

Tout semble donc réussir au patron de Hop! Air France. Même les pertes de la compagnie, divisées tous les ans pour atteindre, selon lui, l’équilibre en 2017. Partie de 280 Millions d’euros de déficit en 2013 pour arriver à 73 en 2015, la promesse semble réaliste sauf catastrophe de dernière minute. Et pour atteindre l’objectif Hop! veut jouer la carte des petits prix. "Sur ce terrain, si l’offre est alléchante, la réalité est plus complexe", explique un acheteur du Cac 40 qui peine à trouver des petits prix sur certaines liaisons. L’éternel fossé entre le marketing et le terrain.