Horreur ! On ment encore plus par mail que par téléphone

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Les études originales sur le comportement humain sont légions mais celle proposée par la Massachusetts-Amherst University aux États-Unis lève le voile sur un sujet important : le mensonge. Nous mentons tous, inutile de le nier. C'est souvent un mensonge de protection : pour ne pas décevoir, ne pas faire de la peine, ne pas se justifier ou se déresponsabiliser. Ainsi va la vie. César, le grand, disait déjà dans la Guerre des Gaules, en évoquant nos ancêtres, que nous étions "des architectes de l'invisible". Ce que Jacques Maillot résumait ainsi : "Je ne mens pas, j'invente la vérité" !

Partons donc du postulat que nous mentons. Arrêtez de contester, vous mentez aussi ! A l'heure du numérique, dans un résumé de l'étude universitaire parue dans le Journal of Applied Social Psychology, on découvre qu'il est désormais plus facile de mentir par mail que face à son interlocuteur. 220 étudiants ont ainsi été confrontés à des inconnus avec qui il devait discuter de vive voix ou par mail. Au final, leur mission était de relever les mensonges qu'ils avaient énoncés au cours de leurs échanges. Et là, le résultat est sans appel. On ment plus facilement par mail que par téléphone. Le fait d'être "déconnecté" de la réalité vocale suffit à générer des mensonges que personne, de fait, n'ira vérifier. Ce n'est pas la première fois que de telles analyses se font. En mai 2010, un groupe d'étudiants de Stanford avait analysé, via Linkedin et secrètement, les mensonges présents sur les pages de chercheurs d'emploi ou de créateurs d'entreprises à la recherche de financement voire tout simplement de cadres soucieux de donner une belle image d'eux mêmes. Dans un cas sur trois, les informations distillées étaient une "refonte" de la réalité. Bref, un bobard. Difficile de toujours expliquer ce qui conduit l'internaute à mentir, d'autant que la réalité du net le rattrape toujours assez vite. Il existe toujours quelqu'un susceptible de remettre en place des faits oubliés ou arrangés voire inventés. Des faits qui risquent bien de faire passer leur auteur pour un fieffé menteur. Aussi, à partir de maintenant, je le jure, je ne dirais que la vérité. Ma parole... Du moins celle qui m'arrange.

Philippe Lantris