Hôtellerie : la bataille contre les punaises de lit est engagée (avec vidéo)

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Depuis quelques mois, les punaises de lit se sont installées dans un grand nombre d'hôtels dans le monde. Paris n'échappe pas à la règle, malgré une prévention stricte engagée par la plupart des hôteliers. Mais l'hygiène irréprochable de beaucoup d'établissements victimes de ce fléau, cela ne suffit pas, la pandémie se poursuit, principalement véhiculée par les voyageurs et leurs bagages.

Hôtellerie : la bataille contre les punaises de lit est engagée (avec vidéo)
Certains pays sont aujourd'hui plus touchés que d'autres. A New York, des établissements aussi célèbres que le Waldorf Astoria ou le Ritz Carlton étaient victimes, il y a quelques semaines, de cette attaque en règle. La punaise de lit, surnommée le vampire, est un insecte qui cohabite avec l'homme depuis des milliers d'années. Contrairement aux acariens, qui a priori sont inoffensifs sauf allergie particulière, la punaise pique durant la nuit principalement sur les parties découvertes de la peau. Ses piqûres créent des lésions dermatologiques mais également des angoisses parfois profondes. Mais elle est difficile à éliminer: elle fuit la lumière, se cache dans la literie et tous les recoins sombres d’un habitat. Transportée dans les bagages, elle envahit de préférence les lieux à forte densité humaine et à haute fréquentation. Les adultes ont une taille comprise entre 4 et 7 mm et sont généralement de couleur brune à beige, très plats, sans aile. Leur repas dure entre 10 et 20 minutes, mais la punaise de lits peut vivre sans repas jusqu’à 2 ans. Après, c’est la « sieste », elle digère, change de stade ou pond dans un lieu caché ce qui explique le second mode de propagation : « le transport passif ». C’est l’hôte qui transporte, de façon fortuite, l’insecte vers un nouveau lieu de vie situé parfois à des milliers de kilomètres, lors d’un voyage par exemple. Elle ne se développe qu'avec des températures qui dépassent les 13°.

Cet insecte, parfaitement connu par nos grands parents avant la seconde guerre mondiale, s'appelle Cimex lectularius. Il a disparu de notre vie quotidienne vers les années 1950 grâce à l’amélioration de l’hygiène de notre habitat due à l’augmentation globale du niveau social et économique. Après guerre, les traitements systématiques contre tous les nuisibles (cafards, mites…) avec du DDT, insecticide à forte rémanence, ont certainement bloqué l’expansion des punaises de lits. Mais aujourd'hui cet insecticide efficace mais dangreux est interdit, il faut utiliser des pièges attractifs spécifiques... sans effet sur les punaises de lits.

La lutte est complexe et doit être menée avec rigueur. Elle doit se faire sans utiliser d’insecticide pour ne pas mettre en place de résistance. Les méthodes peuvent être utilisées conjointement. La première est simple : aspiration, avec l’embout de l’aspirateur, des œufs, des jeunes et des adultes. Mais gare, l’aspirateur ne tue pas l’insecte qui peut alors ressortir quelques heures plus tard ! Le conduit d’aspirateur devra donc être nettoyé et le sac de poussière mis dans un sac plastique et jeté dans une poubelle extérieure pour éviter toute autre contamination. La congélation constitue le plan B : à -20°C, elle doit durer minimum 48h selon la taille de l’objet. Autre solution, le lavage sous toutes ses formes. A la machine, il doit être pratiqué à plus de 55°C, le nettoyage vapeur à 120°. Ce lavage détruit tous les stades de punaises au niveau des recoins ou des tissus d’ameublement ; le nettoyage haute pression ou à la brosse seront à associer à l’aspirateur ou à un grand nettoyage du sol. Généralement les hôtels font appel à des entreprises spécialisées.

La lutte chimique peut être pratiquée dans tous les cas. Le site devra être traité par un professionnel qui interviendra 2 fois au minimum à environ 2 semaines d’intervalle. Mais la lutte doit être adaptée au lieu. Pour de très forte infestation, aucun professionnel de la désinsectisation ne peut raisonnablement faire face sans un soutien logistique et financier de grande échelle associant les responsables du bâtiment.

Il n’existe pas de prévention idéale. Ne jamais être infesté par des punaises de lits est dorénavant «mission impossible» pour toute structure hébergeant fréquemment des personnes. Hôteliers et clients doivent le savoir. En revanche, une hygiène quotidienne et une bonne connaissance de l’insecte minimise les risques d’infestations et accélère la découverte et donc la désinsectisation.

Pour le voyageur l'utilisation d'un répulsif cutanée est conseillé (voir avec son pharmacien le produit le mieux adapté). Certains spécialistes conseillent l'utilisation d'une alèse imprégnée d'un répulsif puissant. Un produit comme "l'insect écran" (sous forme de pulvérisation est conseillé. Dans tous les cas de figure :
- avant de vous coucher inspectez soigneusement votre lit (y compris sous les matelas)
- ne laissez pas trainer de vêtement sur le lit. Placez les dans une penderie, sur un cintre
- en cas de piqure demandez immédiatement à l'hôtelier de vous changer de chambre !
- ne soyez pas géné par la situation, même si vous êtes dans un hôtel réputé. Informez la direction immédiatement de cette situation. Elle pourra ainsi intervenir très rapidement.

Enfin, si vous avez été victime d'une punaise de lit pendant votre nuit (démangeaisons localisées fortes), il est conseillé d'inspecter immédiatement les vêtements portés pendant la nuit. Eliminez toutes traces suspectes d'insectes. Placez vos vêtements dans un sac poubelle bien fermé pour les laver. Si vous devez rester plusieurs jours dans le même établissement, prévenez l'hôtelier et demandez un traitement immédiat des vêtements ainsi isolés. Surveillez également très attentivement vos bagages. Cette inspection doit se faire au départ de l'hôtel et non à l'arrivée à son domicile. Sachez qu'une désinfection assurée par des professionnels coûte entre 300 et 450 € et oblige à un abandon provisoire des lieux.

Cet article est issu d’une étude conduite par le Dr Pascal Delaunay Entomologiste médical et Parasitologue au CHU de Nice, Jean-Michel Berenger Entomologiste médical au Laboratoire de diagnostic biologique des maladies infectieuses et d’hygiène au Centre Hospitalier du Pays d’Aix ; Arezki IZRI Entomologiste médical et Parasitologue AP-HP Université Paris XIII ; Olivier Chosidow, Dermatologue AP-HP Université Paris XII.
Un site intéressant signalé par l'un de nos lecteurs http://www.punaise.info
La vidéo diffusée est une courtoisie de Radio Canada © Tous droits réservés