Hôtellerie, la course technologique est engagée

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Pendant longtemps, chaque nouvelle innovation présente dans une chambre d'hôtel était facturée au prix fort à son occupant. Wifi hors de prix, équipements sportifs voire depuis longtemps les spas, véritable source de revenus pour un établissement hôtelier d'autant que les hommes d'affaires s'y mettent pour lutter contre le jet lag. Bref, tout ce qui pouvait faire gagner un peu plus d'argent était pain béni pour les chaines et les établissements indépendants. Je dis bien, était !

Désormais la technologie a rattrapé le quotidien et ne pas avoir un lecteur d'iPod ou d'iPhone dans sa chambre est devenu has been. Idem pour la literie qui se doit d'être confortable et posséder, outre la couette en plumes, l'indispensable sur-matelas. Que dire de l'écran plat, du wifi sans fil et même parfois de l'ordinateur présent dans la chambre comme l'était le fax il y a dix ans. Bref, pour attirer le client, un hôtel doit dépenser. Beaucoup dépenser. Et cette course n'est pas près de s'arrêter. Le lecteur de DVD ou de Blu-ray, la chaine Hi Fi et les programmes en HD par satellite font leur entrée massive dans les hôtels. On peut même prédire la fin du cinéma payant à la demande dans les chambres. Des hôtels en Asie proposent désormais une bibliothèque de 420 films, en 55 langues, accessibles gratuitement sur la télé de sa chambre. Bref à l'hôtel comme à la maison. Voire mieux.
Il reste que le prix de tous ces équipements doit bien être financé. Actuellement le prix des nuitées augmente, preuve que la plupart des investissements sont basculés sur le tarif global. Mais pas toujours, et les hôtels se fatiguent les neurones pour parvenir à rester concurrentiels tout en étant attractifs pour le businessman. Et puis il y a les hôtelliers qui décident de changer de catégorie. Et si l'équipement est un vrai plus pour les voyageurs, il devient un casse tête pour les acheteurs. Comment tirer les prix quand la qualité est en hausse constante ? Peut-il expliquer à son voyageur que la nouvelle norme est le deux étoiles ? Doit-il faire le sacrifice du confort de son salarié pour quelques dizaines d'euros de plus ? A priori, il n'aura pas le choix. Les étoiles, jusque là seul petit repère du classement hôtelier, ne veulent plus rien dire dans le monde. Seule l'expérience compte. Et lorsque l'on est au bout du monde, le luxe de sa chambre d'hôtel n'est pas du superflu, tout au plus un avantage qui fait oublier les désagréments des déplacements professionnels. Allez donc expliquer cela à un directeur financier. Bon courage !

Marc Dandreau