Hôtellerie : les Américains veulent repenser les chambres des voyageurs d’affaires

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Réunis dans le cadre d'une journée de travail, les membres de l'Association Américaine de l'Hôtellerie d'Affaires, se sont interrogés sur l'avenir de leurs établissements. Mais avant, ils ont tenu à prévenir leurs clients : les prix de l'hôtellerie vont grimper dans les 30 premières villes des USA. En cause, la sur-fréquentation et le besoin de rénovation qui coûte cher.

Rénover, voilà donc le maître mot de l'hôtellerie aux USA. Si les motels routiers et péri-urbains sont exclus de cette qualification "business travel", la plupart des grandes villes américaines connaissent depuis un an un regain de fréquentation de cette clientèle d'affaires. Pendant des années, les hôteliers se sont penchés sur un sujet phare : faire de l'hôtel un lieu de vie comme à la maison.

Sur le fond, et la forme, le résultat est souvent là. Des lits spacieux, à la literie confortable et des espaces de travail relativement accessibles. Mais depuis deux ans, tous sont unanimes : les voyageurs d'affaires sont plus exigeants et surtout plus collaboratifs. Ils demandent des espaces communs plus grands, de nouveaux services et des fonctions digitales accrues dans les chambres. Un changement de regard principalement porté par les 25/40 ans.

Pour Izabela Rydel, du cabinet d'architecture 4240 installé à Denver, "Le besoin d'innovation doit passer désormais par des zones de vie qui se partagent". Et pour la plupart des spécialistes, la chambre commence dans le lobby. Trois zones sont ainsi déterminées.
La première remplace le comptoir d'accueil. Faite de fauteuils confortable et de tables basses, elle sert de lieu de réception sans pour autant établir de barrière entre le client et le personnel. Au-delà, pour Izabela, "Il faut aussi la liberté de choix aux clients qui ne veulent pas de barrière entre eux et leurs chambres". Une signalétique spéciale voit ainsi le jour. Elle permet d'indiquer l'accès direct aux étages à tous clients dotés d'un code numérique. Aimee Altevers, du cabinet du même nom, Director of interior design, se veut rassurante.
Le lobby de l'hôtel dépasse le simple lieu de passage. On retrouve ainsi notre seconde zone : celle de travail. Ici on fait du "coworking" avec tous les outils modernes, de l'imprimante à l'ordinateur en passant par un wifi dédié très haut débit.

Enfin, dernier espace : la zone de bonheur (ou de loisir) qui regroupe un bar, une cuisine partagée ou l'on peut se retrouver en fin de journée pour finir la soirée autour d'un plat préparé par le client lui-même. Dernière nouveauté, l'épicerie qui permet à tout un chacun de trouver des produits de dernière nécessité : de la capsule de café au rasoir. Au delà, des services annexes viennent compléter l'ensemble : un tableau de covoiturage pour les clients, une zone de vente de tickets de bus ou de métro (via des distributeurs automatiques), une borne de réservation pour les vols ou les trains sans oublier, pour les clients étrangers, un carnet téléchargeable des adresses indispensables de la ville que ce soit pour le business ou les loisirs.

Mais si ces espaces sont désormais dans les codes de base de tout nouvel hôtel, la restauration d'un établissement conduit à d'autres équipements comme le mur d'image qui modernise l'accueil ou la zone de savoir qui reprend l'ensemble de la documentation touristique disponible. Mais au-delà, en Californie plusieurs hôtels ont mis en place un référent business capable d'assister les clients dans leurs démarches professionnels. Un service gratuit à la base mais qui se facture lorsque des missions complexes sont confiées aux spécialistes comme la recherche d'un traducteur ou d'un cabinet d'avocats spécialisés.

Côté chambre, la révolution se veut light… Quoique. Pour le cabinet Arquitectonica de Floride, "la chambre doit s'adapter au voyageur et non l'inverse". Conséquence directe, lorsque le client est seul, le lit double de 193 (King Size) devient un lit simple de 140. La literie est repensée avec un choix de surmatelas à la carte. Le gain de place permet ainsi de développer un espace bureau équipé d'un adaptateur intégré Apple et Android. Une imprimante laser noir et blanc est proposé en option (de 10 à 15 $ jour) complète le tout ainsi qu'une petite table de réunion accompagnée de deux ou trois chaises. La connectique d'accès la télévision est elle aussi repensée, simplifiée pour s'adapter aux tablettes et smartphones. Surprise, une étude menée au début de l'année démontre que peu de voyageurs d'affaires sont sensibles aux tablettes qui pilotent toute la chambre. Au contraire, ils sont adeptes de la simplification que ce soit en matière d'éclairage ou de technologie. Une prise en compte qui se ressent en Californie et sur la côte nord-est.

Au final, et pour la plupart des patrons et propriétaires présents, la voie à suivre est séduisante même si le réaménagement des espaces risque de peser sur le coût global de rénovation. Un seul mot résume l'état d'esprit de la réunion : "Changer pour s'adapter c'est à l'évidence un gage de relance d'une hôtellerie d'affaires qui, aujourd'hui, ne séduit que 40% des voyageurs".

A New York,
Philippe Lantris