IAG se désolidarise de l’Europe vis-à-vis des compagnies du Golfe

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Alors qu’Air France-KLM et Lufthansa font pression auprès de l’Europe pour qu’elle agisse contre l’expansion des compagnies du Golfe, IAG prend le partie inverse. Et claque la porte de l’AEA, Association of European Airlines.

Depuis plusieurs semaines les compagnies européennes font front commun contre la concurrence des compagnies du Golfe. Paris et Berlin se sont solidarisées avec leurs compagnies respectives – Air-France/KLM et Lufthansa - pour demander à Bruxelles
que l'extension des droits de trafic donnés aux transporteurs non européens soit accompagnée d'un «véritable contrôle du mode de fonctionnement de ces compagnies».

Dans cette bataille, Air France oublie quelque peu les relations privilégiées tissées avec Etihad, relations qui ont été jusqu'au transfert de l’un de ses cadres, Bruno Matheu, chargé des partenariats au sein de la compagnie du Golfe. Mais il est vrai que les liens semblent se distendre à mesure des mois. Et Air France ou Lufthansa se sentent d’autant plus fortes dans leurs critiques contre le Golfe que les compagnies américaines tirent elles aussi à boulets rouges contre leurs concurrentes, rapport à l’appui.

Une façon de voir que ne partage pas IAG, c’est le moins que l’on puisse dire. Sans doute parce que le groupe British-Iberia a une densité de liaisons sur le Golfe qui lui permet de rivaliser. Sans doute aussi parce que, depuis plusieurs mois, les liens se sont resserrées avec l’une de ces compagnies décriées, Qatar Airways. La compagnie de Doha est en effet membre de Oneworld, comme le groupe IAG. Et au mois de janvier dernier, Qatar a aussi pris une participation dans le capital du groupe dirigé par Willie Walsh (9,9% d'IAG, pour 1,15 milliard de livres) et ce patron là n’est pas du genre schizophrène. Il refuse de taper sur la tête de son partenaire ! Dans cette logique et après plusieurs semaines de tensions, IAG a décidé de claquer la porte de l’AEA, l’Association of European Airlines, en publiant un communiqué très clair : « Nous pensons que la libéralisation mondiale de notre industrie est fondamentale pour notre croissance à venir et nous ne sommes pas prêt à faire des compromis dans ce dossier essentiel ».

Un seul continent, deux visions des choses.

Hélène Retout