IATA se montre plutôt optimiste pour 2015

123

L’Association du transport aérien international (IATA) affiche un certain optimiste à sa conférence annuelle qui se tient actuellement à Miami. Elle a revu ses prévisions pour 2015 à la hausse avec une marge nette moyenne de 4% des compagnies. Toutefois, elle reconnaît que les performances des compagnies aériennes devraient varier d'une région à l'autre.

Selon les prévisions de IATA, le secteur aérien devrait enregistrer des bénéfices nets de 29,3 milliards dollars en 2015. En outre, les revenus prévus sont de 727 milliards de dollars ainsi les compagnies devraient réaliser une marge bénéficiaire nette de 4,0%. «Ce renforcement considérable par rapport aux bénéfices nets de 16,4 milliards de dollars enregistrés en 2014 (contre des prévisions de 19,9 milliards $) est attribuable à plusieurs facteurs mondiaux, dont : des prévisions économiques plus fortes à l’échelle mondiale, des coefficients d’occupation des sièges records, les prix moins élevés du carburant et l’appréciation du dollar américain», explique l'association dans son communiqué.

Si la rentabilité des compagnies aériennes devrait s'améliorer dans toutes les régions en 2015, par rapport à 2014, elles ne profiteront pas de la même tendances haussières. «Le sort de l’industrie est loin d’être uniforme. Plusieurs compagnies aériennes font face à des défis énormes», a expliqué Tony Tyler, directeur général et chef de la direction de l’IATA en référence aux situations économiques de certains pays.

Ainsi plus de la moitié des bénéfices mondiaux devrait être générée par des compagnies aériennes nord-américaines (15,7 milliards $). Pour les transporteurs de cette région, la marge bénéficiaire avant intérêts et impôts (BAII) devrait dépasser 12%, soit plus du double de celles des régions qui suivent, dans l’ordre : l’Asie-Pacifique et l’Europe.

«Pour l’industrie aérienne, 2015 s’avère une bonne année. Depuis les événements tragiques de septembre 2011, l’industrie mondiale de l’aviation s’est transformée grâce à d’importants gains d’efficience. Cela apparaît clairement dans le coefficient d’occupation record de 80,2% auquel on s’attend cette année. Il en résulte une marge bénéficiaire nette moyenne de 4% durement gagnée. En moyenne, les compagnies aériennes retiendront 8,27 dollars par passager transporté», explique Tony Tyler. «Plaçons les choses en perspectives. Apple, à elle seule, a gagné 31,6 milliards de dollars au second trimestre de l’année. C’est un tout petit peu moins que les profits prévus pour l’ensemble de l’année pour l’industrie aérienne tout entière. Nous ne reprochons à personne d’avoir du succès en affaires. Mais il est important que les différents intervenants, en particulier les gouvernements, comprennent que la tâche d’assurer la connectivité mondiale n’est pas facile».

L'Iata remarque également que ce sont les transporteurs des USA qui ont le plus profité de la chute des prix du carburant exprimés en dollars américains. Ils ont également bénéficié d’une forte économie locale et de la restructuration de l’industrie. En revanche Iata souligne que «Les compagnies aériennes non américaines typiques sont encore aux prises avec des rendements inférieurs au coût du capital et un important fardeau de dette».

Des différences selon les régions
IATA estime que la capacité aérienne augmentera dans toutes les régions «mais cela devrait correspondre, en général, à l’augmentation de la demande. Cela correspond aux prévisions mondiales qui envisagent une hausse de la capacité de 6,2%, soit un peu moins que la hausse prévue de la demande de 6,7%».

Europe
Selon IATA, les compagnies européennes devraient afficher collectivement des bénéfices de 5,8 milliards dollars en 2015, soit une marge bénéficiaire nette de 2,8% et un profit de 6,30$ par passager. Les perspectives des transporteurs de la région se sont lentement améliorées au cours des deux dernières années. «Cela est particulièrement vrai pour les transporteurs en réseau qui desservent l’Atlantique Nord, qui semblent devoir générer des revenus raisonnables. Les marchés long-courriers ont été plus vigoureux que les marchés intérieurs, qui ont été affectés par le problème persistant de la dette dans le sud de l’Europe. La croissance économique commence à reprendre, même dans le sud de l’Europe, et la prévision pour 2015 a été ajustée à la hausse». Les compagnies de la région devraient augmenter leur capacité de 6,5% pour répondre à une hausse de 6,8% de la demande.

Les transporteurs européens ont profité de la baisse des prix du carburant toutefois cet avantage a été atténué par la force du dollar américain. «Par conséquent, la croissance des profits tire de l’arrière, comparativement aux transporteurs établis aux États-Unis. Et l’environnement d’exploitation de la région continue de souffrir d’une réglementation onéreuse, d’impôts élevés, d’infrastructures déficientes et d’inefficiences».

Amérique du Nord
Les compagnies d’Amérique du nord devraient générer des bénéfices de 15,7 milliards de dollars, soit une augmentation par rapport aux 11,2 milliards de dollars de l'année dernière. La marge nette sera de 7,5%. Elles ont pour leur part pu profiter de leur rentabilité pour investir dans le renouvellement de la flotte, rembourser des dettes élevées et offrir aux investisseurs un rendement «normal» sous forme de dividendes et de rachats d’actions. IATA précise «Cela a été alimenté par une économie relativement forte, la restructuration de l’industrie et la baisse du prix du pétrole. La région devrait connaître une hausse de 3,0% de la demande, avec un redressement de la capacité qui devrait augmenter de 3,1%».

Asie-Pacifique
Le ciel d’Asie-Pacifique devrait enregistrer des profits de 5,1milliards de dollars et une marge bénéficiaire nette de 2,5%. «Les compagnies aériennes de la région se partagent environ 40% des parts du marché mondial du fret aérien. Par conséquent, ils ont été affectés de façon disproportionnée par le marasme de l’industrie du fret aérien», précise l'association. En outre, le ralentissement de l’économie chinoise a aussi eu un impact négatif sur la rentabilité. La demande devrait connaître une croissance de 8,1%, soit un peu plus que l’augmentation prévue de capacité de 7,7%.

Amérique Latine
Les compagnies aériennes d’Amérique latine devraient afficher des bénéfices nets de 600 millions de dollars et une marge nette de 1,8%. «La région a généré de faibles rendements au cours des dernières années, en raison principalement de la très mauvaise performance de certaines économies clés comme le Brésil et l’Argentine. La faiblesse importante des monnaies par rapport au dollar américain limitera considérablement les bénéfices obtenus grâce aux prix moins élevés du carburant», estime le rapport. Cette année, la demande devrait augmenter de 5,1% dépassant légèrement l’augmentation de capacité de 5,0 %.

Moyen-Orient
Les transporteurs du Moyen-Orient devraient présenter des bénéfices nets de 1,8 milliard de dollars en 2015, soit une marge nette moyenne de 3,1%. Ils devraient également voir le nombre de passagers augmenter de 12,9%. IATA ajoute «ce qui en fera la seule région à profiter d’une croissance dans les deux chiffres. La région est très hétérogène, certaines compagnies subissant des pertes, tandis que d’autres sont rentables».

Afrique
Les compagnies africaines devraient enregistrer des profits de 100 millions $, soit une marge bénéficiaire nette de 0,8%, la plus faible parmi toutes les régions. «Bien qu’il y ait des profits, les résultats demeurent faibles conformément à la tendance des dernières années. La croissance du trafic observé l’an dernier chez les transporteurs africains a été faible en raison de plusieurs problèmes qui ont nui au tourisme, mais on continue aussi de perdre des parts de marché. Les monnaies ont été faibles, surtout pour les exportateurs de pétrole, de sorte que les avantages de la baisse du prix du carburant ont été limités dans cette région». Ainsi les acteurs aériens de ce continent devraient aussi connaître la plus lente croissance parmi les marchés en développement, avec une augmentation de capacité de 3,3% et une hausse de la demande de 3,2%.