Info, intox, hoax… l’aérien est devenu le paradis des menteurs

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On pourrait croire a priori que les professionnels de l'aérien sont tous des gens sérieux. On ne fait pas voler des avions sans un minimum de savoir-faire, de maîtrise technologique et par là même, de logique. Pourtant, si les scientifiques sont à l'origine de l'aviation, ce sont bien les hommes du marketing qui se chargent aujourd'hui de tracer les contours d'un monde parfait qui n'existe pas forcément dans la réalité.

Les ouvertures comme les fermetures de lignes sont devenues au fil des ans des outils de communication que les low cost manient avec plaisir. Pas le temps d'acheter son billet que la liaison est déjà abandonnée au bénéfice d'une autre. En 2010, ce sont ainsi plus d'une centaine de lignes dans le monde qui sont tombées dans les oubliettes après que les compagnies, faute de rentabilité, soient partis. Idem avec certaines compagnies régulières qui, pour montrer leurs muscles, annoncent des mois à l'avance l'arrivée possible d'une nouvelle ligne sur le marché voire même d'une nouvelle compagnie low cost, fruit d'une collaboration incertaine avec un concurrent. On pourrait aussi analyser les informations communiquées par Boeing ou Airbus dont certaines, largement remises en cause par les spécialistes de l'aérien, tiennent plus de la plaisanterie commerciale que de la réalité aéronautique. Que dire enfin des alliances, annoncées souvent à grand renfort de publicité, et qui terminent dans les cartons faute de pouvoir s'entendre sur un minimum de choses.

Vous l'aurez compris, le marketing pilote aujourd'hui l'image des compagnies et leur capacité à innover. D'autant, que nous, les journalistes, sommes avides d'information est prêts à gober des projets dont on sait dès le début que la pérennité est loin d'être acquise. Qu'importe, une information chasse l'autre. La faute à qui ? Sans doute à tout le monde et en particulier à ceux qui manient avec talent, pour ne pas dire avec brio, l'information "arrangée". Car tout part de là. C'est la communication qui fait et défait les marchés, multiplie les rumeurs, enfonce des vérités qui n'en sont pas toujours. Difficile alors de séparer le bon grain de l'ivraie. Autant pour les voyageurs que pour les compagnies qui, à force de regarder ce que font les autres, oublient d'accorder un peu d'importance à ce qu'elles font elles mêmes. Heureusement, les clients, plus matures et plus sensibilisés au transport aérien, commencent à comprendre comment fonctionne le système. Réalité terriblement dangereuse pour les compagnies qui pourraient bien vivre, à leur tour, ce que l'arroseur arrosé a été au début du cinéma.

Hélène Retout