J’en ai ras-le-bol du politiquement correct

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Avez-vous remarqué à quel point l'amélioration du bien être collectif peut vite déraper? Prenons pour exemple les éboueurs. Métier respectable, respecté et indispensable. Lorsque j'étais enfant, ils passaient dans la nuit, à une heure qui faisait le bonheur des cinéastes offrant ainsi, en noir et blanc, l'une des plus belles images urbaines de l'aube. Aujourd'hui, on m'explique qu'il est préférable de dormir la nuit pour travailler le jour. Conséquence, de 7 à 8, quand Paris se met en route, les bennes viennent tranquillement bloquer la circulation des rues et des boulevards. Je bosse moi, Môssieur !

Mais voilà, dire que certains doivent travailler lorsque d'autres dorment est politiquement incorrect. Heureusement que les chirurgiens ou les pompiers n'appliquent pas cette idée à la lettre. Autre exemple, celui des transporteurs et des livreurs. Alors qu'ils disposent à quelques mètres de là d'une place pour s'arrêter, ils viennent systématiquement bloquer la circulation sous le simple prétexte que eux aussi travaillent. Je bosse moi, Môssier ! Les autres, comme moi, attendent impatiemment la prochaine livraison de girafes pour enfin les peigner avec conviction. La récente bataille politique autour des Roms démontre à quel point il est difficile d'exprimer une idée autour d'un sujet sensible et délicat sans passer rapidement pour un extrémiste sans-coeur. Des exemples de ce type, j'en aurais, et vous aussi sans doute, des dizaines.
Mais le plus intéressant est bien celui que nous allons vivre avec la grève de demain, pilotée par les personnels des transports publics qui ne sont pas pour autant concernés par le projet des retraites. Bien sûr, tous expliquent qu'un jour ils pourraient l'être. Une fois affirmée cette vérité, je dois constater qu'il n'y a aucune logique dans les décisions prises par les syndicats de là SNCF, si ce n'est une vague idée politique bien éloignée de l'intérêt collectif. Chacun est libre de ses pensées, de ses idées, et du combat qu'il souhaite mener pour les défendre. Pour autant, s'y opposer est faire preuve d'agression politique là où il n'y a a priori que du bons sens. Il n'est pas politiquement correct de le dire. Et pas plus politiquement correct de le faire !

Hélène Retout