Je ne comprends pas la stratégie commerciale d’Air France!

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Jean-Louis Baroux, en fin de sa chronique du 26 mai, soulignait qu’Air France n’écoutait pas ses clients. Dans les commentaires associés, on pouvait lire que la stratégie du Groupe n’était pas claire. C’est l’interprétation que serait tenté de faire cet acheteur.

Que ce soit les associations de travel manager, les clients ou même les concurrents, tous soulignent le fait qu’il y a des aberrations dans la politique tarifaire d’Air France et donc dans sa stratégie. Preuve en est la petite analyse suivante qui, il y a cinq ans, prêtait à rire mais qui nous fait désormais douter du sérieux de l’offre du transporteur.

Etant aujourd’hui dans le Nord de la France à mi-chemin entre Lille et CDG, je dois me rendre dans la soirée sur l’Italie. Ce lundi (désolé pour l’advance booking…), je regarde ce que me propose mon OBT (outil de réservation en ligne) et, doutant de la véracité de l’affichage, je décide de regarder sur le site d’Air France qui confirme les dires de mon outil de réservation. Deux solutions s’offrent à moi, partir de Lille ou partir de Paris. La première me fait prendre un TGV puis le dernier vol CDG/BLQ pour la somme de 141€ en aller simple (train + dernier vol du jour, soulignons l’extrême compétitivité du prix affiché !)
La seconde me fait partir de CDG sur le même dernier vol pour la somme de … 801€ !!!
Question : quelle stratégie commerciale/politique autorise une telle disparité des prix, un tel grand écart ? Quelle interprétation en faire ?

Vu côté client, on comprends qu’Air France n’est pas en ligne avec la réalité du marché et pire que tout, avec ses clients. Les offres pléthoriques des low-cost complexifient la concurrence, mais la facturation d’un si simple trajet au prix d’un A/R au bout du monde est une réelle défiance, une preuve de manque de sérieux et de coordination. La politique visant à « punir » un client désirant faire un aller simple est destructive car la concurrence utilise cet argument y compris (et surtout) pour le business travel.

Un tel cas isolé serait une anecdote. Malheureusement, il n’en est rien. Air France a, à sa disposition, des clients prêts à les aider à comprendre les besoins et des associations qui apportent une analyse constructive. Tous veulent que la compagnie retrouve son rang (sérieux, efficacité technico-commerciale et réputation) dans l’espace aérien mondial. Une très grande majorité des employés œuvre dans ce sens et y croit encore. Seul la stratégie semble manquer de lisibilité et de crédibilité (c’est mon ressenti personnel).

En ce qui me concerne, refroidi et « puni » pour ne vouloir prendre qu’un aller simple, et me trouvant ce lundi plus proche de Beauvais que de Lille ou de CDG , je décide finalement de partir de Beauvais. Et pourtant, Dieu sait que je n’aime pas cette compagnie Irlandaise, ses pratiques, ses PNT et son truculent patron… Mais la situation économique dicte et oriente le choix du client passager que je suis.

Yann le Goff
Acheteur

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