Joon, opération séduction pour une nouvelle compagnie aérienne

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Comme prévu, Joon a donc été portée ce 25 septembre sur les fronts baptismaux de l’aérien pour un décollage programmé le 1er décembre. Quatre destinations européennes pour commencer (Berlin, Barcelone, Lisbonne, Porto), deux longs-courriers au printemps (Fortalezza au Brésil et Malé aux Seychelles). Sésuira t-elle les voyageurs d'affaires ? Au dela de la communication, c'est sans doute le prix qui sera décisif.

Difficile que cette naissance au forceps où psychodrames avec les pilotes et crises de nerfs avec les PNC se sont succédés avant la grande réconciliation. On pensait Joon dans l’univers des low cost, il n’en sera rien. Franck Terner, le DG d’Air France le dit d’entrée : "Joon est une compagnie différente". Pour Franck Terner, le rôle de cette nouvelle compagnie est clair : "Joon est un élément essentiel du plan Trust Together et devra reconquérir des marchés aujourd’hui perdus avec des coûts réduits par rapport à Air France". De fait, commercialement, le discours est convaincant mais loin d’être gagné face à une concurrence européenne qui se développe en France. "Nous allons servir de hub à Air France au départ de CDG pour permettre d’atteindre des destinations nouvelles", explique Jean Michel Mathieu le patron de Joon.

Les contours s'esquissent au fil de la matinée de présentation : Air France va abandonner ses vols vers Barcelone, Porto, Berlin et Lisbonne pour les confier à la petite dernière. Quatre destinations peu rentables pour AF qui entreront ainsi dans le portefeuille de Joon. Dans ce mélimélo de marques (AF, KLM, HOP, Transavia et Joon), l’acheteur ne verra pas de différences, ce sont les services commerciaux d’Air France qui vont piloter les ventes.

Le mot qui aura marqué la présentation matinale, ce 25 septembre ? "Nouveau" prononcé plus de 40 fois, mais il faudra être malin pour trouver ce qu’il y a de vraiment nouveau dans Joon. Le Wifi ? Air France le propose sur ses 777. Prise USB ? Qui n’en a pas à bord aujourd’hui. Digital ? Déjà vendu par Norwegian et d’autres. Le long-courrier à prix annoncé attractif? Level, la low cost de IAG débarque à Orly prochainement. Si nous devions résumer le sentiment dans la salle, je dirais "Tout ça pour ça". Donc Joon n’est pas une low cost, n’est pas Air France et au final… devra démontrer ce qu’elle sera.

Malgré tout, il y a du neuf pour Joon, des nouveautés assumées et malines comme les baskets des PNC. C’est dans l’uniforme et présenté comme une vraie première dans l’aérien. C’est vrai que c’est moderne, djeun’s (pour attirer les millenials, la clientèle visée). Idem pour la doudoune et les polos, qui rajeunissent et colorisent le tout. Une touche de bonne humeur à bord. La réalité virtuelle annoncée devrait plaire tout comme le streaming à bord de séries récentes.

Il y avait de belles choses dans cette présentation. Le dynamisme des équipes, « boostées » par le nouveau projet. La ténacité de Jean-Michel Mathieu le Directeur Général de la nouvelle compagnie, sans oublier la volonté de Franck Terner, le patron d’Air France qui voit en Joon "un projet porté par l’époque, avec les codes de ses futurs clients et une réponse à la concurrence".
Autre belle approche, les prix annoncés pour le moyen-courrier : 39 € par segment. Idem pour l’international : le Brésil d’affiche à 249 € et les Seychelles sont vendus 299€. Une vraie belle politique tarifaire.

Voilà donc résumée une conférence, haute en couleur (le ton bleu électrique choisi par les conceptrices de la marque). Alors certes, le 1er décembre prochain, Joon décollera et nous aurons eu le temps d’ici là de détailler la flotte annoncée et les destinations longs courriers qui succèderont : Fortaleza au Brésil et Mahé aux Seychelles (départ annoncé pour la saison d’été). Bref, Joon existe et veut le faire savoir. On le sait. Il reste à savoir si les voyageurs d’affaires – a qui elle n’est a priori pas destinée – y trouveront leur compte. Réponse dès le 1er décembre prochain.