Kinshasa, la Francophonie met la capitale zairoise en émoi

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Pas facile de trouver une chambre ou de circuler ces prochains jours à Kinshasa : le Sommet de la Francophonie, organisé du 12 au 14 octobre dans la capitale de la République Démocratique du Congo, met un coup de projecteur sur une destination peu facile, même pour les voyageurs d'affaires habitués aux difficultés africaines. A cette occasion, Géos fait un point sur la sécurité dans ce pays qui fait face à de profondes tensions politiques, sociales et sécuritaires, notamment depuis les élections générales du 28 novembre 2011.

Kinshasa, la Francophonie met la capitale zairoise en émoi
Les multiples menaces de perturbations émanant de l’opposition et de la société civile, associées à la persistance de la criminalité dans la capitale congolaise, fragilisent l’environnement sécuritaire encadrant l’événement de ce Sommet de la Francophonie. Alors que les tensions étaient jusqu’alors principalement cristallisées autour de la présence ou non de certains chefs d’Etat membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ainsi que sur les questions logistiques relatives à la qualité de l’accueil des délégations étrangères dans une capitale aux infrastructures jugées non-adaptées pour un tel événement, ces appels à manifester pourraient perturber le bon déroulement du Sommet.
En effet, en marge de l’événement, la Majorité Populaire Présidentielle (MPP), plate-forme politique soutenant la victoire d’Etienne Tshisekedi (président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social – UDPS) à la présidentielle du 28 novembre 2011, a appelé à 2 jours de mobilisation populaire pour dénoncer, selon elle, le non-respect des droits de l’Homme et de la transparence politique et électorale par le régime de Joseph Kabila.
Ces manifestations interviennent parallèlement à une rencontre entre le Président français François Hollande et Etienne Tshisekedi, autoproclamé Président de la RDC. L’objectif de l’opposition est de dénoncer massivement la tenue d’un tel Sommet, légitimant de facto le régime de Joseph Kabila en dépit de sa réélection controversée en novembre 2011, par « l’occupation des rues, avenues et boulevards, ainsi que l’accompagnement de Tshisekedi à la rencontre avec François Hollande », le 13 octobre à l’ambassade de France. L’événement, qui sera en outre l’occasion de dénoncer une tentative d’assassinat d’Etienne Tshisekedi par 3 éléments des forces armées congolaises, survenue le 8 octobre selon des sources officielles, pourrait ainsi engendrer des heurts avec les partisans du régime et les forces de sécurité.
A ces rassemblements de l’opposition devraient s’associer certaines organisations de la société civile, dont le mécontentement et les inquiétudes sont favorisés par la crise économique actuelle, couplée à l’avancée des troupes rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) dans le Nord-Kivu (Est) et aux nombreuses exactions présumées commises par les forces de sécurité congolaises.
La capitale congolaise demeure en outre gravement touchée par l’insécurité résultant des activités de groupes criminels organisés tels que les Kulunas – bandes armées de machettes ou d’armes à feu qui dévalisent les habitants de la capitale et n’hésitent pas à tuer en cas de résistance – ou de commandos lourdement armés profitant des carences des forces de sécurité locales et gouvernementales dans certains quartiers de la capitale tels que Ngiri-Ngiri, Bumbu, Makala, Selembao et Kimbanseke. De surcroît, alors que les quartiers les plus pauvres étaient jusqu’alors leurs cibles privilégiées, ils ont progressivement étendu leur zone d’action à l’ensemble de la capitale. Dès lors, la menace représentée par les Kulunas a incité les autorités à mettre en place des mesures de sécurité renforcées ces prochains jours, alors que près de 6 000 personnes sont attendues à Kinshasa pour le Sommet.

Article publié dans le Flash n'100 du
groupe Géos