L’AFTM dévoile le portrait type du travel manager

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En publiant une « cartographie de la fonction de Travel manager » en France, l’AFTM dresse pour la première fois un état des lieux de cette profession. Une étude riche en informations même si, au final, ce « livre blanc » pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses.

Une femme, entre 31 et 40 ans, issue de formations diverses et variées, Bac +2, cadres (pour 86%), plutôt dans le privé que dans le public…. Voilà le portrait de base d’un TM. Un portrait mâtiné de différences lorsqu’il s’agit de déterminer très concrètement son rôle dans l’univers de l’entreprise. Pour l’auteur de l’étude, cette féminisation se perçoit très concrètement : « Les femmes sont moins bien payées que les hommes », ce qui s’explique aussi par les nombreuses dénominations de leurs fonctions.
L'AFTM dévoile le portrait type du travel manager
Et toute la difficulté apparaît dès ce premier chapitre. Le TM unique, formaté dans ses missions, n’existe pas. Si l’on comprend bien que la taille de l’entreprise justifie l’éventail des activités du TM, on a du mal à s’y retrouver dans la classification retenue. Les trois types évoqués manquent de clarté et ne posent pas les vrais problèmes. L’Assistante, premier maillon proposé, joue parfaitement son rôle d’assistante de direction ou de services. Cette super secrétaire dédiée ou non aux voyages travaille avec les agences et assure la relation entre les voyageurs et le ou les professionnels en charge d’émettre les billets. Mais son processus est flou, ses outils incertains et son niveau de connaissance peu évoqué. Le chargé/coordinateur est seconde étape du classement. Présenté comme « gestionnaire opérationnel pour le compte des voyageurs », sa mission se perd rapidement dans une stature de super « agent de voyages » avec toutes les qualités attendues. On ne sait pas s’il dépend du seul service achat ou s’il intervient, seul, dans son entreprise. Cela manque de précisions.
Il y a enfin le top niveau, le Travel manager, lui-même divisé en plusieurs métiers (Responsable de Services Généraux, Acheteur…), est le plus complet des postes même si, dans cette catégorie, aucune uniformité de la fonction n’apparaît.

Point fort souligné par l’étude : la capacité de ce niveau à générer de l’analyse et de l’étude des besoins et d’adapter rapidement l’époque aux attentes des voyageurs. On le verra dans trois semaines à Top Resa, avec notre étude exclusive, il y aura un avant et un après la crise. Très marqué. Autre point fort du TM, son sens précis du reporting, plus ou moins fin, sa capacité à anticiper et améliorer les dépenses « voyage » et à analyser l’efficacité de leurs procédures. Grand manitou de la politique voyage, le TM est devenu autant Cost Killer que « super acheteur ». Incontestablement, ces cadres ont une réflexion « voyage » plus aboutie et une maîtrise poussée de la négociation. Dans l’étude, on se rend vite compte qu’ils disposent du plus grand nombre d’outils pour s’assurer du bien fondé de leur choix et de l’adoption par les voyageurs des systèmes informatiques mis en place.

Parmi les critiques, on regrettera cette approche un peu simple du premier niveau, niant le côté technique par une présentation trop « secrétarisante » de l’importante part de femmes dans l’univers du voyage d’affaires. En soulignant des salaires moins élevés et des fonctions d’assistantes (sans doute qu’aucun assistant ne s’est manifesté), l’image véhiculée est loin de celle attendue par l’AFTM et des adhérentes. La mission de valorisation et le superbe travail réalisé par le bureau de l’Association méritent une refonte plus claire, plus normative des objectifs.

Autre regret, le panel. A peine 131 TM (on ne connait pas la répartition assistante et chargé/coordinateur de voyage) et 63 voyageurs. Quand on sait qu’il y a 246 TM en titre en France, 1100 acheteurs non dédiés mais opérationnels dans le voyage d’affaires, un peu plus de 11 400 professionnels (direct ou indirect) et quelques 25 000 grands voyageurs, on regrette que l’étude ne les ait pas sensibilisé. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. La persévérance d’Etienne Penaud pour Altrans et d’Estelle Camusard, Vice Présidente de l’AFTM, méritait mieux.

Enfin, qui aime bien parle franchement : cette cartographie (j’aurais préféré radiographie) pose grand nombre de questions à l’AFTM. Des questions politiques d’abord quant à l’approche du métier, sa définition et son développement. Il faut de la vision pour imposer une fonction. De la politique pour l’établir dans ses relations avec les fournisseurs (aujourd’hui principalement partenaires financiers) car on le sent bien, l’AFTM peut rapidement devenir l’éditeur de « best practices » pour la France. Une vision qui pénaliserait les fournisseurs en rendant « ouvertes » les négociations commerciales par un échange de savoir faire entre ses membres. Le risque de voir apparaître une approche commerciale bien différente de celle qui existe aujourd’hui n’est donc pas loin.

Incontestablement, l’AFTM a réussi son coup, même si les manques et les faiblesses évoqués pénalisent l’ensemble et demanderont une plus grande finesse de développement dans la prochaine édition. Mais en offrant ce panorama du métier, l’AFTM pose ses marques et inscrit une étape majeure dans son existence. Comme au football, ou au rugby, il va falloir maintenant confirmer. Sans doute le plus long et le plus difficile. Nul doute que l’équipe associative est taillée pour réussir.

Marcel Levy

L'étude est téléchargeable sur le site de l'AFTM ou en cliquant ci-dessous