L’art de se faire la valise

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Véritable gageure pour le voyageur d’affaires, faire sa valise est un art qui n’est pas toujours maîtrisé. Pour éviter de ressembler à un chiffon à destination, trucs et astuces pour arriver sur place sans faire un pli !

Un rendez-vous au bout du monde ou une négociation en Europe, le départ commence par la confection d’une valise qui, sans être insurmontable, exige un certain doigté pour que les vêtements soient présentables à l’arrivée. Prenons l’exemple d’un déplacement de deux jours : une valise cabine s’impose pour ne pas perdre de temps en enregistrement et récupération de bagage. Un costume, deux chemises, autant de sous vêtements et une trousse de toilettes. Leçon de rangement à suivre.

Le costume

Elément de base de la garde-robe de l’homme d’affaires, le costume peut être porté durant le voyage puisqu’il ne se froissera pas plus en une heure d’avion qu’en une heure au bureau. Mais s’il en faut un deuxième à porter sur place, la question du transport se pose. Les voyageurs les plus soigneux choisissent une housse spéciale dotée d’un cintre qui, pliée, s’enregistre en bagage à mains. Mais de plus en plus de compagnie exigent de n’avoir qu’un seul bagage en cabine, et porter la housse est pour le moins encombrant. Seule solution, plier le costume. En deux dans la longueur ou la largeur, chacun sa combine, mais pour Bruno Garnier, vendeur spécialisé, il n’y a qu’une seule règle : «Il faut respecter l’épaule et la carrure». Le maître de l’art propose d’adapter le pliage à la qualité du tissu. Les vestes les plus fragiles seront pliées en deux dans le sens de la hauteur, épaule contre épaule et retournées, de façon à mettre la doublure au contact des autres vêtements. Inconvénient, le pli au milieu du dos et le deuxième au niveau de la taille, pour pouvoir rentrer le vêtement dans la valise. «Le plus simple est plutôt de poser la veste à plat sur le dos, replier les manche sur le devant et rabattre le bas du vêtement sur les épaules. Un seul pli au niveau de la taille, qui se détend facilement».

La veste se place-t-elle dessus ou dessous du reste ? L’idéal serait dessus, pour écraser le moins possible les plis. Par exemple dans la poche du couvercle. Mais si la valise n’en dispose pas, mettre la veste au fond et la protéger par le pantalon qui se plie en deux (ou en trois pour les grands) et se pose dans la longueur de la valise.

Astuce : A l’arrivée, pendre le vêtement sur un cintre et dans la salle de bain en faisant couler l’eau chaude. Le temps d’une douche ou d’un bain, l’humidité aura détendu les fibres du tissu, redevenu impeccable. Valable aussi pour les robes ou tailleurs des dames!

La chemise

L’idéal est de garder ses chemises neuves sous emballage et de les utiliser pour la première fois lors de ses déplacements. Mais les voyageurs les plus fréquents auraient ainsi une garde-robe des plus fournies ! Représentant son entreprise d’aluminium dans le monde entier, Georges Abou pratique depuis des années la technique de la quinconce : «J’empile les chemises en alternance col d’un côté, puis col de la suivante de l’autre, elles s’écrasent moins». Tiré à quatre épingles, il avoue glisser ses sous-vêtements dans les encolures pour faire épaisseur et éviter là encore l’écrasement.

Astuce : Faire plier sa chemise au pressing et la glisser dans le haut du costume : munie d’un carton à l’encolure, elle ne sera pas écrasée et fera bénéficier le col de la veste de sa protection.

T-shirt et petits hauts

Posés à plat dans la valise, les t-shirt et « top » féminins se froissent ou, trop serrés, se marquent de plis difficiles à enlever sans repassage. Fastidieux, l’usage du fer ? Véronique, qui voyage en permanence à travers le monde pour un labo pharmaceutique, a depuis des années adopté la technique de la housse plastique : «Je repasse et je plie les chemisiers ou T-shirts et je les glisse dans des sacs congélation sans fermeture. Pour les pantalons ou les robes, je garde les housses de pressing. Chaque pièce de vêtement a ainsi sa housse dans la valise et se trouve protégé des frottements. Je peux voyager une semaine dans toutes les conditions, chaque vêtement garde sa fraîcheur». Une version moderne des papiers de soie de nos grands-mères, au service de la femme active!
D’autres femmes d’affaires préfèrent la solution de rouler les hauts et T-shirts, qui ainsi ne se froissent pas et se calent facilement. Les grands voyageurs élégants tenteront de privilégier dès l’achat la maille, le tricot et le stretch, qui se froissent nettement moins que le lin et le coton.

Astuce : Entre deux voyages, Véronique collecte les housses de pressing récupérées dans sa valise, les trouvant ainsi à disposition au moment du départ.

Les chaussures

Une paire de baskets pour courir le matin, une paire de chaussures élégantes le soir, les valises se trouvent vite encombrées de ces accessoires pourtant indispensables. La solution pratique : séparer les paires, chaque chaussure se glissant plus facilement dans la valise. Pour éviter les traces de semelle sur les vêtements et protéger la chaussure, un emballage s’impose. Au plus vite, ce sera un sac plastique, mais la plupart des grands voyageurs conservent des housses de tissus plus protectrices. Pas question de transporter des embauchoirs, trop lourds : les chaussettes se glissent dans la chaussure qui, ainsi protégée, ne s’écrasera pas. Et fera gagner de la place. La chaussure s’installe du côté des roulettes de la valise (pour ne pas peser sur les vêtements en position verticale), le plat de la semelle calé contre le bord et le contrefort dans un angle.

Astuce : Récupérer les housses de chaussures de certaines classes affaires ou les sacs à chaussure des grands hôtels. A moins que Madame, un peu couturière, ne fabrique un sac carré des plus simples, en coton.

Des sous-vêtements bouche-trous

Considérés comme encombrants, les sous-vêtements sont en fait bien pratiques pour caler la valise : ils se glissent dans les interstices, protègent les cols, comblent les chaussures et jouent ainsi un rôle de bouche-trou indispensable. Il reste que ce qui vaut pour les chaussettes ou slips solides n’est pas idéal pour la lingerie féminine, fragile ! Les petites pochettes viennent ainsi au service de la femme d’affaires… et du voyageur méticuleux. Dans ce cas la ceinture, dûment roulée, viendra à son tour combler la chaussure.

Astuce : Garder un sous-vêtement dans son bagage à main, au cas où la valise se perdrait en route...

La cravate, à protéger !

Le réflexe est souvent de la rouler dans la poche, pour la protéger, mais elle gonfle ainsi la veste et s’écrase. Pas idéal. «Il vaut mieux la rouler dans le col du costume», suggère Bruno Garnier, «Elle lui donne ainsi de l’épaisseur». Alternative, la plier en deux à plat au dessus du pantalon, et la suspendre comme le costume à l’arrivée pour la détendre.

Astuce : Des housses spéciales existent en tissus ou maroquinerie (Longchamp, Forzieri,…) ! Un prochain cadeau de fête des Pères ?

Les accessoires

La ceinture s’enroule sur elle-même et dans une chaussure, ou bien s’étire déroulée tout autour de la valise, le long de la paroi selon les écoles. Quant aux chargeurs d’i-pod, appareil-photo numérique ou portable, qui ont subi depuis quelques années une véritable inflation dans la valise, la plupart des voyageurs d’affaires ont une pochette business récupérée et recyclée, pour y glisser tous les accessoires électroniques.
Ne pas oublier de glisser dans la valise un sac en plastique, bien utile pour ranger le maillot de bain si l’hôtel a eu la bonne idée de proposer une piscine.

Astuce : Pour ne jamais être pris au dépourvu, ne pas mettre le chargeur de téléphone dans la valise, mais dans le bagage à main. Si la valise n’arrive pas à bon port, vous aurez au moins un téléphone!
S’y prendre dans l’ordre

Les pantalons se posent à plat dans le fond puis les chaussures s’installent, le talon dans l’angle et la semelle vers le bas, de façon à ne pas écraser les vêtements de leur poids lorsque la valise sera redressée. Ensuite les chemises en quinconce, la hauteur de la chemise de préférence dans le sens de la longueur de façon à pouvoir serrer les attaches de la valise sans écraser le col. L’éventuelle trousse des chargeurs électriques trouve sa place à côté, pour être tenue par les liens. Puis la valise se comble avec les chaussettes et slips, de façon à ce que rien ne bouge de trop. Dans la poche du dessus, la veste de costume. Dans la poche extérieure ou dans le bagage à main, les accessoires de toilettes dans leur pochette transparente. Vous êtes paré.
La trousse de toilette

Le train ne pose pas encore de difficulté, la trousse de toilette classique a toute sa place dans la valise rangée en bout de wagon. En avion, la règle édictée en août 2007 reste de mise : pas de contenant de plus de 100 ml et pas plus de dix contenants dans un sachet plastique transparent à fermeture glissière (type sac de congélation) d´une capacité d´un litre (dimensions 22cm x 20cm maximum). Les fabricants de cosmétiques proposent de plus en plus leurs produits en petits formats adaptés, sauf pour les déodorants qui, à moins d’être « à bille », sont le plus souvent hors normes. A noter que les Américains en revanche sont très pourvus dans ce domaine. Un tour au Wallmart en arrivant ? Le sachet ne doit contenir aucun objet coupant, au sens large : ni ciseaux, ni coupe-ongle, ni pince à épiler, ils pourraient être confisqués par un agent pointilleux.
Quelle valise pour quoi faire ?

Depuis de nombreuses années, les roulettes sont venues limiter les scolioses et un bras escamotable permet de tirer le bagage. Mais valise souple ou rigide ? Tout est affaire de goût ! La coque rigide s’impose lorsqu’on n’a pas le projet de gonfler son bagage par des achats multiples et que l’on tient particulièrement à protéger un contenu fragile. En réalité les tissus enduits, de plus en plus résistants, franchissent aisément toutes les frontières sans écraser le contenu.
Pour qu’une valise soit acceptée en cabine, le total hauteur+largeur+épaisseur ne doit pas dépasser 115 cm. La plupart des fabricants les ont normalisées à 53 cm de haut et si vous avez un doute, tous les commerçants ont un gabarit pour tester votre bagage. Deux roues suffisent le plus souvent à ces valises cabines. Mais celles à 4 roues sont très maniables et tiennent toujours seules debout, poussées d’un doigt. Pratique lorsque l’on est chargé par ailleurs. Choisir de préférence une couleur originale, pas toujours élégante mais pratique pour retrouver son bagage sur le tapis à l’arrivée.