L’avion comme je veux

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Soucieux de séduire les voyageurs, les compagnies aériennes développent de plus en plus un service à la carte. Via Internet voire le téléphone portable, il est désormais possible de demander un service personnalisé pour le choix de sa place ou celui de son plateau repas. C’est moi le V.I.P. !

Le fauteuil que je veux
Dans la série du pire, il n’est pas rare de se voir imposer une place le long des toilettes avec un double inconvénient : passage intensif et dossier figé à la verticale. Alternative tout aussi peu sympathique, se faire attribuer un siège au milieu d’une rangée de trois ou quatre, entre deux passagers inconnus voire corpulents. Impossible de consulter son ordinateur en toute tranquillité, de sortir se dégourdir les jambes ou de se carrer contre la carlingue pour une sieste réparatrice. Le voyage cauchemar. Il est pourtant désormais possible de choisir sa place à partir d’une règle simple : premier arrivé, premier placé. En dernière minute, c’est au comptoir que devra se faire la négociation avec l’hôtesse qui fera ce qu’elle pourra… ou voudra. Désormais les plus technophiles peuvent choisir leur siège à la borne d’enregistrement, à l’arrivée à l’aéroport, en espérant qu’il y ait encore de la place. Mais à moins d’arriver dès l’ouverture des enregistrements trois heures à l’avance, il est déjà presque trop tard. La règle du voyageur futé est donc d’anticiper, pour réserver sa place directement sur Internet.
Toutes les compagnies proposent aujourd’hui un onglet du type « gérer sa réservation ». Sur le site d’American Airlines par exemple, le choix du siège est ouvert 330 jours à l’avance ! Si vous connaissez un voyageur d’affaires aussi prévoyant, vous avez sans doute un exemplaire unique. Le plus couramment, c’est quelques heures avant le départ du vol que se fait l’enregistrement. Chez Lufthansa par exemple, l’enregistrement en ligne est possible 23h avant le départ. Chez Air France c’est 30 heures avant l’heure H. Dans les deux cas, on peut également imprimer sa carte d’embarquement directement depuis le bureau ou la maison. Cette réservation a la particularité d’être pratiquement toujours gratuite, sauf sur les billets « bas tarifs » d’Air Canada par exemple (un supplément de 10,50€ est demandé), s’il s’agit de billet promotionnels ou… pour les meilleures places ! Depuis septembre en effet, Singapore Airlines puis Air France se sont mis en tête de facturer la réservation des places les plus confortables, en première rangée de classe économique ou sur les sorties de secours, là où l’écartement des fauteuils permet d’allonger les jambes. La surtaxe est de 50$ chez Singapore Airlines, de 50 € sur Air France ! Pour une fois les petits seront ravis de leur sort….
Il reste quelques règles de base à développer pour voyager malin :
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Choisir son siège
Les voyageurs aux longues jambes le savent, les sorties de secours sont les places idéales pour éviter de voyager les genoux sous le menton. Mais les compagnies ne les attribuent qu’aux personnes mobiles (pour ne pas entraver les manœuvres) et qui parlent la langue d’origine de la compagnie, pour être plus efficace en cas d’urgence. Il faut en effet que le passager comprenne au quart de tour les consignes d’évacuation et puisse assister l’équipage au besoin. Agaçant, mais compréhensible. A défaut, choisir un siège couloir permet de profiter de l’espace entre deux passages de chariots…. Les voyageurs sensibles aux turbulences choisiront les places sur les ailes, plus stables et les plus éloignées du galet (le lieu de préparation des repas, bruyant) situé, selon les appareils, au centre de l’avion ou tout au fond. Pour sa tranquillité, il faut également éviter les places situées le long des parois des toilettes, dont les dossiers sont quasiment rigides, et par définition soumis à plus forte fréquentation que les autres rangées de l’appareil. A noter que si vous souhaitez voyager avec un collègue, il est indispensable de s’enregistrer ensemble au comptoir (prévoir le temps nécessaire).

Se repérer
A moins de prendre systématiquement la même compagnie sur la même destination (et encore), difficile de savoir à l’avance si le 42 C est bien situé sur une sortie de secours ou une aile : chaque avion a en effet sa propre configuration et surtout chaque compagnie a ses propres aménagements. Seules certitudes : toutes les places A correspondent à la première rangée de siège le long du hublot, et le C à un couloir ! Mais ensuite les lettres varient en fonction du nombre couloirs et de sièges par rangée (configuration 2/3/2, 2/2/2, 3/4/3 éventuellement), ce qui rend les pronostics aléatoires ! Toutes les compagnies affichent leur flotte sur Internet, ce qui permet a priori de savoir si le vol se déroulera sur un Boeing 777 ou un Airbus A320. Ensuite une visite sur www.seatguru.com, permet de visualiser les appareils de pratiquement toutes les compagnies aériennes. Il indique les meilleurs places, celles à éviter et même tous les équipements des fauteuils (casque radio, accès Internet, vidéo…). Même démarche sur le site http://billetavion.typepad.com/ qui livre des informations sur un certain nombre de configuration, et permet de choisir ses places préférées selon les circonstances : groupe ou solo, pour travailler en vol… ou pour dormir.
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Le repas que je souhaite
Pas question de choisir entre sole meunière et fricassée de pigeonneau, à moins de voyager en première le choix du repas se limitera généralement à « viande ou poisson ?». Cependant santé fragile ou convictions religieuses, il est désormais possible de préciser à l’avance le contenu de son plateau-repas. Les options sont multiples : il existe 21 repas spéciaux chez Lufthansa, 17 chez Air Canada, 13 pour Air France, 11 chez Air Madagascar par exemple! Sans sel, allégé, sans lactose, sans arachide, sans gluten, sans épice... Tous les goûts sont dans la cuisine ! Sans oublier les options liées aux pratiques religieuses. Presque toutes les compagnies distribuent de la viande halal sur simple demande. Certaines ne proposent d’ailleurs que cela, comme Royal Air Maroc, Air Algérie, Iran Air ou encore Emirates. A contrario, la compagnie israélienne El Al ne servira que plusieurs types de menus casher. La religion hindoue interdit de manger de la viande de bœuf, cette interdiction est appliquée dans tous les avions à destination de l’Ile Maurice ou de l’Asie. Enfin le menu végétarien a de plus en plus d’adeptes et le plateau sans viande (dit « non dairy » en anglais) est d’ailleurs l’option la plus fréquemment proposée par toutes les compagnies, car elle correspond à peu près à toutes les demandes spéciales ! Tous les menus ne sont cependant pas disponibles à bord, il convient donc de s’organiser pour choisir son plateau repas :
. ■ S’y prendre à l’avance : les compagnies demandent du temps pour s’organiser, afin de commander le plateau spécial à leur sous-traitant. Il faut ainsi prévenir 72 h avant le départ chez Air Mauritius ou Air Ivoire, 48h à l’avance chez Air France ou British Airways. Seulement 24h à Lufthansa, Singapore Airlines et American Airlines et 18h à l’avance chez Air Canada. Un délai impératif à respecter faute de quoi, il faudra faire sa propre sélection dans le plateau classique, et éventuellement rester sur sa faim. Il est possible d’enregistrer sa demande en ligne mais si le menu est impératif, il est plutôt conseiller de prendre un contact direct avec la compagnie.
. ■ Téléphoner : Comme la responsabilité du transporteur est engagée, la plupart des compagnies préfèrent en effet avoir une discussion directe avec leur client pour enregistrer le bon code dans le dossier: SFML pour un « poisson-fruit de mer », DBML pour repas diabétique, MOML pour un plateau musulman, KSML pour un repas cascher, CHML pour enfant de 3 à 12 ans… Ces codes d’Air France donnent une idée de la complexité des choix. Malgré tout quelques compagnies, comme British Airways, laissent le choix dès leur page d’accueil Internet. A noter que les transporteurs n’offrent pas toujours l’éventail des options au complet pour une simple raison, la responsabilité. L’annonce d’un régime sans gluten, par exemple, impose le respect de règles diététiques édictées par Iata, l’Association des compagnies aériennes. Les fournisseurs ne sont pas tous prêts à offrir des garanties contractuelles en raison, notamment, de la multiplication des allergies. Un œdème de Quincke à bord d’un avion, cela peut s’avérer une catastrophe...
L’enregistrement fait, pas d’inquiétude de voir son voisin dévorer le plateau qui vous est réservé : la commande spéciale du passager est notée sur son numéro de dossier, et le « commissariat à l’hôtellerie » de la compagnie inscrit le nom du passager sur le plateau. Au chef de cabine de s’organiser à bord pour que le plateau s’installe au bon moment sur le bon trolley-repas. Bon appétit.

Annie Fave