L’expérience, une vertu du Travel Manager

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Comment faire voyager les autres sans jamais partir soi même en voyage ? La question peut sembler saugrenue, mais de nombreux Travel Managers ou acheteurs ne voyagent quasiment pas pour leur entreprise. Et même, leur code de déontologie leur interdit de le faire. Quid de la connaissance du produit ?

C'est un fait, les acheteurs voyages, Travel Manager - en titre ou pas - ne sont pas tous des pros du déplacement d'affaires. Acheteurs d'autre chose ou cloués au bureau par leur charge de travail, ils ne voient jamais un aéroport ou un quai de gare en dehors de leur éventuelle expérience personnelle pour les vacances. Comment, dans ce cas, savoir ce que la Premium apporte de plus ou pas, ce qu'est la réelle fatigue après un vol de 6 h en Eco, connaître les avantages comparés d'une compagnie par rapport à une autre et même suggérer les trucs et astuces du passage facilité en douane ? Et pourtant, ces gestionnaires des voyages des autres doivent décider de la politique voyages, de contraintes diverses et très variées, et même choisir les chaines d'hôtels à fréquenter. Leur seul recours ? Le prix ! Et l'avis de leurs voyageurs d'affaires préférés, pour tenter de ne pas se fier seulement aux berceuses économiques.

Loin de moi l'idée de condamner leur travail. Je m'étonne simplement que les entreprises, y compris les plus sensées, interdisent totalement leurs gestionnaires de voyages de... voyager. Par souci légitime d'éviter la prévarication, nul voyage d'études, nulle réunion d'affaires, aucune invitation acceptée: le gestionnaire reste vierge de tout soupçon... et de toute expérience. A lui de se faire un jugement. Mais comment ? Voilà bien la question ! Il n'est pas forcément étonnant, dans ce contexte, que le fossé se creuse entre les voyageurs et leur organisateur de déplacements professionnels...

Annie FAVE