La Fnaut déplore que la politique de transports française privilégie la route et l’avion

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Alors que Paris se prépare à accueillir le COP21 dans un peu plus de 15 jours, la Fnaut dénonce certains choix de la France en matière de politique de transports. Elle considère et déplore que la route et l'aérien soient privilégiés par rapport au transport public terrestre.

En France, le secteur des transports est le deuxième consommateur d’énergie (32% du total) après le secteur résidentiel mais également le premier émetteur de gaz à effet de serre (29,6% du total) et le premier consommateur de pétrole (70% du total). L’énergie consommée se répartit ainsi : route 80%, avion 13%, maritime et fluvial 5%, rail à peine 2% (alors qu’il assure 10% des trafics voyageurs et fret). Face à ces chiffres, la Fnaut déplore que "le gouvernement poursuit une politique qui privilégie la route et l’avion, c’est-à-dire les modes de déplacements les plus gros consommateurs d’énergie fossile". Elle ajoute "La décision d’accroître d’un centime la fiscalité diesel est un premier pas dans la bonne direction. La FNAUT regrette cependant la baisse concomitante de la fiscalité essence et considère qu’une action sérieuse et cohérente dans ce secteur est donc indispensable. Elle peut avoir un impact décisif sur nos émissions de gaz à effet de serre, et des retombées positives en matière de décongestion des voiries urbaines, de santé publique et d’équilibre de notre balance commerciale".

En outre, l'organisation met en garde contre les effets pervers de la loi sur la transition énergétique qui est centrée sur l’introduction de véhicules électriques. «Certains chercheurs considèrent que le cycle de vie d’un véhicule électrique est aussi polluant que celui d’un véhicule thermique». Ainsi elle assure que le bus électrique est deux fois plus coûteux que le bus diesel moderne "s’il doit être généralisé, ce sera inévitablement au prix d’une réduction des services résultant d’un surcoût d’investissement et d’un surcoût de fonctionnement des réseaux urbains". De plus, la fédération précise "Dans le cadre du plan de relance autoroutier, plus de 3 milliards d’euros vont être investis pour renforcer la capacité du réseau autoroutier, y compris en zones urbaines denses (Lyon, Strasbourg, Grenoble,...). Cette décision ne compense pas l’élimination du projet d’autoroute du Marais poitevin A831. Des travaux gigantesques sont poursuivis à La Réunion (nouvelle route du littoral)". Elle ajoute: "Alors que le rail accuse un retard considérable, l’État a donné la priorité à la route dans les Contrats de plan Etat-Régions (1,95 milliard pour le rail et 3,1 milliards pour la route) mais les Régions ont finalement apporté 2,9 milliards au rail et 1 milliard seulement à la route".

Parmi les autres décisions prises qui bénéficient au secteur routier la fnaut cite le refus de la réduction des vitesses maximales autorisées sur route et autoroute, le gel des hausses des péages "alors que les hausses tarifaires demandées par la SNCF sont acceptées par le gouvernement : 2,5 % pour le TGV, 6,17 % pour le fret". Elle estime également que "la loi Macron met le transport par autocar en concurrence, et non en complémentarité, avec le train : les transporteurs privés et la SNCF elle-même s’implantent sur des axes déjà desservis par le train, au risque de faire disparaître le train sur les axes les moins fréquentés".

Elle poursuit avec l'aérien: "l’avion, mode de transport le plus bruyant et le plus énergivore, continue de bénéficier d’avantages exorbitants : non-taxation sur le kérosène qui fausse la concurrence entre avion et train, aides à la création de nouvelles lignes". L'association estime également que le gouvernement pénalise le transport public terrestre. "Le gouvernement réduit de 400 millions d'euros le budget 2016 de l'AFITF, l'agence de financement des infrastructures de transport, déjà fragilisée par l’abandon de l’écotaxe et les pénalités à payer à la société Ecomouv. Le versement transport des entreprises est limité aux entreprises de plus de onze salariés, le versement transport régional destiné à financer le TER est abandonné. Le taux de TVA appliqué au transport public terrestre (urbain, routier et ferroviaire) a été augmenté de 7% à 10 %, alors que le taux est de 5,5 % pour les produits et services de première nécessité".

Ainsi la FNAUT attend du gouvernement "une inflexion significative de sa politique de transport qui démontrerait sa volonté d’encourager les modes de transport vertueux : abandon définitif de projets d’infrastructures non favorables au développement durable, suppression de niches fiscales anti-écologiques et encouragement significatif en transfert modal par un accroissement de la fiscalité diesel d’au moins 1 centime comme le propose M. Duron, voire de 2 centimes. C’est un signal fort qui résoudra les problèmes de financement des infrastructures et du financement de l’AFITP".