La SNCF nous aime, mais aime t-on la SNCF ?

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Vous le lirez par ailleurs, la SNCF apprécie les voyageurs d’affaires et d’autant plus qu’ils ont un mérite, la constance. Leur fréquentation du rail est en petite hausse, et malgré un programme de travaux très dense, ils prennent le train. Envers et contre tout !

La SCNF a régulièrement l’occasion de nous le dire, le train est écologique, il a un meilleur bilan carbone que la voiture ou l’avion et somme toute, soyons civilisés, utilisons les transports en commun. Bien volontiers. C’est ainsi que les voyageurs d’affaires se sont massivement trouvés coincés à Lyon lundi soir, que les utilisateurs du Tram T2 (oui, c’est la RATP, mais c’est bien un transport collectif !) ont marché à pied pour se rendre à l’IFTM Porte de Versailles mardi, et sans doute trouverons nous d’autres exemples de tracas mercredi, jeudi ou vendredi. Les jours se suivent et se ressemblent, dans les em..bêtements, pour être poli. Et ce n’est pas qu’une impression.

Le site Untrainderetard.com nous explique ainsi que les trains de voyageurs de la SNCF accusent un total de 1021 jours de retard en six mois. Le site, géré par des informaticiens indépendants, peut être accusé d’anti- rail primaire, ces braves gens ont tout simplement compilé et analysé les statistiques de la SNCF disponibles sur Infolignes.com et gares-en-mouvement.com. Et tous les trains sont concernés, pas seulement les tortillards de campagne : au premier trimestre 2013, les TGV, Intercités, TER et Lyria (TGV vers la Suisse) ont cumulé 488 jours, 16 heures et 56 mn de retard. Près de 50 000 trains (553 par jour) sont arrivés en retard de 5 mn au moins et de plusieurs heures au pire. La situation s’est aggravée au deuxième trimestre 2013, avec 532 jours, 17 h et 16 min de retard cumulé.

On s’est longtemps moqué des trains britanniques, en oubliant que de notre côté de la Manche, la priorité donnée au TGV nous a conduit à un sérieux retard d’entretien des lignes secondaires, que l’on paye aujourd’hui en travaux, retards et déroutements. Sans compter les incidents eux mêmes, multiples. Pas toujours du fait de la SNCF, il y a aussi des arbres qui tombent sur les voies. Mais multiples tout de même, les incidents. La SNCF, elle, paye les compensations. Selon le même site, la moitié des passagers des TGV en retard est indemnisée au moins partiellement (soit 9390 trajets pour 17 615 trains en retard) et près de 75 % des passagers dans les trains Intercités (4946 trajets sur 6517 trains en retard). Des indemnisations que nous paieront tôt ou tard, via nos billets de trains.

Hélène Retout