La boule de cristal

71

A quelle sauce seront nous mangés en 2011 ? Voilà une excellente question que je vous remercie d'avoir posée, dirait les hommes politiques, histoire de gagner du temps et de demander à leurs assistants de consulter leurs dossiers. Pas question de lire dans la boule de cristal ou le marc de café pour deviner les événements, mais tenter de saisir une tendance économique, cela vous intéresse ? Seul problème, en ce domaine comme dans d'autres, il n'y a guère de certitudes. Allez, tentons tout de même.

Le Graal en matière de prévisions économiques, c'est généralement l'OCDE. Des économistes mis en batterie comme les poulets essaient d'analyser les chiffres et les tendances. Avouons-le, ils ne sont généralement pas trop mauvais. Pour 2011, donc, ces économistes patentés annoncent une croissance mondiale à 2,3 %. Pas de quoi crier "Venez voir", mais pas si mal. Et une hausse en 2012 de 2,4 %. Un lent décollage donc. Mais inégal comme toujours: +2,3 % l'année prochaine aux Etats-Unis, mais seulement 1,7% au Japon. Et l'Europe ? Comme la France: 2,2 % en 2011. Plus optimiste pour 2012, à 3,1%. Lent décollage, on vous a dit. On peut a priori les croire pour préparer ses budgets puisque l'an dernier à la même époque l'OCDE annonçait une croissance de la France de 1,4 % pour l'année et les chiffres que vient de publier la Banque de France en sont bien proches: + 1,6.

Bon, voilà pour la tendance, mais les salaires? Là, plus compliqué. Si l'on croit l'enquête du Cegos, publiée hier par Les Echos, un tiers des cadres n'ont pas eu d'augmentation de salaire cette année encore, et 52 % ne sont pas contents de l'évolution de leur fiche de paie. Quand en plus on est le Travel Manager chargé de rester debout sur les freins du budget, c'est toujours difficile d'annoncer que, malgré tout, on veut une augmentation ! Il reste les bouts de ficelles, les compensations. L'industriel Bosch France revoit sa protection sociale, Suez Environnement réfléchit, avec son assureur, à offrir des prestations inédites, comme l'aide aux collaborateurs accompagnant des parents dépendants. Il n'est pas impossible que des voyageurs soient plus nombreux à réclamer un jour de plus sur place, pour récupérer de leur voyage en classe éco.
En tous cas il ne faudra pas compter sur les compagnies aériennes pour améliorer l'ordinaire, elles restent à la recherche de petites économies qui peuvent rapporter gros. Selon des chiffres qui circulent sur le net, c'est ainsi qu'en supprimant une olive dans le hors-d'oeuvre de son plateau repas, American Airlines aurait gagné quelques 40 000 dollars par an. Et en supprimant les sachets de Bretzel, Northwest aurait gagné 2 millions de dollars par an. Il n'y a pas de petites économies! Vous allez pouvoir le justifier, vous, l'achat du paquet de Bretzel sur votre note de frais ?

Hélène Retout