La business d’Air Canada sur Toronto en B787

257

A l’image de l’A380 au moment de son lancement, le 787, familièrement appelé Dreamliner, reste un avion qui attire la curiosité. Il faut dire que ses débuts avaient été un peu chaotiques en raison des problèmes rencontrés avec les batteries qui équipent l’appareil. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. L’occasion de tester la nouvelle business mise en place par Air Canada entre Paris et Toronto.

Sans révéler l’ensemble des caractéristiques de cet aller-retour express, il nous faut préciser, comme très souvent et pratiquement depuis le début de l’aviation commerciale, qu’un vol réussi, c’est le mariage adéquat entre un avion et son équipage. Que l’un des deux défaille et l’insatisfaction des passagers s’installe.

C’est sans doute cette règle immuable qui a rendu le vol aller un peu plus tendu que celui du retour. En cause, un membre d’équipage discourtois en classe affaires, peu avenant et lointain avec les passagers. Rien de dramatique, mais un sentiment bien éloigné des habitudes d’Air Canada qui, depuis cinq ans, a repensé son service à bord pour le rendre plus empathique avec les voyageurs. Finies les hôtesses, vieilles routières des airs, parfois désagréables, au bénéfice d’un service à bord aujourd'hui bien plus proche des clients.

Nous l’avons vu sur le vol retour où l’incroyable gentillesse de l’équipage est un vrai bonheur. Inutile de s’appesantir sur le sujet, car, à l’exception de cet incident isolé, le service proposé à bord a été de très grande qualité.
 

Un « tout en ligne » agréable, une cabine séduisante

Pour le voyageur d’affaires, la possibilité de prendre en charge la totalité de son déplacement sur Internet est un atout supplémentaire à ne pas négliger. 24 heures avant le départ, il est possible de confirmer son embarquement, de modifier la place attribuée, d’éditer sa carte d’accès à bord ou de la télécharger sur son smartphone ou sur sa montre connectée.

Idem d’ailleurs pour le retour, où le simple fait de disposer d’un accès Internet permet de simplifier l’accès à l’aéroport. Chaque étape de la procédure fait l’objet d’un mail de confirmation qui sert d’aide-mémoire au voyageur. Seule obligation, télécharger l’application d’Air Canada afin de bénéficier de l’ensemble des services proposés en ligne.

Petite surprise, alors que le vol ne survole pas les États-Unis, la compagnie demande à chaque passager, pour être en conformité avec les lois américaines, de fournir des informations personnelles comme la date de naissance ou des informations présentes sur le passeport. Pour mémoire, à partir d’avril 2016 une AVE (Autorisation de Voyage Electronique)  sera obligatoire pour entrer au Canada pour tous les voyageurs. Elle coûtera 7 $ canadiens et sera valable 5 ans.

Une fois passés les filtres de police et de sûreté au 2A de Charles-de-Gaulle, l’accès au salon business d’Air Canada se fait après une dizaine de minutes de marche. On atteint ainsi le satellite dédié, baptisé « la soucoupe », à l’extrémité de la jetée. Le salon est au sous-sol, bien installé mais il ne dispose malheureusement pas de vue sur les pistes et l’absence de fenêtre le rend parfois étouffant. Comble de malchance, ce jour-là, la machine à café était en panne, ne permettant pas de se servir le petit expresso d’avant le départ. Là encore, la gentillesse du personnel du salon a permis aux voyageurs de disposer d’un décaféiné très américain, mais dont la couleur et le goût rappelaient ceux du breuvage européen. Notons également la présence d’un grand nombre de viennoiseries, de fruits et de jus de fruits sans oublier, pour se mettre dans le bain, la presse canadienne en français et en anglais.

L’arrivée au salon, dès le moment où l’on passe la porte de l’aérogare, ne demande pas plus d’une vingtaine de minutes. Un bon point, car il est ainsi possible d’arriver à la dernière minute à l’aéroport. Officiellement, la fameuse HLE (heure limite d’embarquement) est d’une heure avant le départ du vol, mais l’hôtesse interrogée au comptoir me dit qu’à 5 minutes près, tout est encore possible. N’en abusez pas. Le vol AC881 quitte Paris Charles de Gaulle à 11h30 pour se poser à Toronto à 13h50. La compagnie applique des règles de contrôle des bagages assez stricts, deux pièces par passager en business d’un maximum de 32 kg, mais reste assez tolérante pour les bagages à bord.

Du salon à l'avion

L’embarquement est rapide. Le premier contact avec le 787 donne un sentiment de cocooning très éloigné de l'ambiance proposée par le géant des airs, l’A380. On comprend mieux le concept développé par Boeing qui a travaillé à une amélioration sensible de l’impact sur l’environnement avec une empreinte sonore réduite de plus de 60 % par rapport à ses concurrents. Pour autant, au moment du décollage comme à l’atterrissage, voire en vol, il apparaît globalement plus bruyant que l’A380. Un sentiment que semble confirmer l’un des membres d’équipage.

Il y a deux découvertes au moment de l’entrée dans l’avion. La première, c’est le personnel. Outre le fait qu’une hôtesse se propose de vous accompagner à votre siège, la cabine est presque « petite » appuyée par 28 sièges seulement, configurés en 1-2-1. Elle garantit une réelle intimité qui peut être appuyée pour les deux sièges centraux par un panneau rétractable.

Deuxième surprise, il semble impossible de fermer les volets des deux hublots qui encadrent mon siège, le 1A. Je vais rapidement découvrir qu’ils vont automatiquement s’assombrir ou s’éclaircir en utilisant la petite télécommande placée dans l’accoudoir gauche de mon siège. Un système ingénieux permet d’atteindre un noir quasi total en manipulant juste les commandes de luminosité. Lumière toujours, celle qui inonde la cabine et qui bénéficie des recherches faites par Boeing en matière de luminothérapie en vol. Pendant les 7h45 entre Paris et Toronto, l’appareil va automatiquement gérer la lumière en fonction du rythme du soleil et du besoin de repos estimé par les experts de l’avionneur.

Sur le siège, une trousse élégante, grise à l’extérieur et rouge à l’intérieur, fournit les éléments de confort, à savoir des chaussettes, quelques produits pour le visage et les lèvres, une brosse à dents et un masque. À côté, un écouteur qui apparaît un peu "léger" au regard de l’environnement de qualité. Et pourtant, il ne servira que le temps de disposer des casques à réduction de bruit distribués juste après le décollage. Bien vu Air Canada. Un verre de jus d’orange ou de champagne ? Classique avant le départ. Ma doudoune, jugée un peu trop épaisse par l’un des stewards, restera pliée en boule au-dessus de ma tête. Le même qui renverra d’un geste et d’une phrase sèche la passagère venue chercher un journal à l’avant de la cabine. Tout est dit.

Un siège très bien conçu

Un coup d’œil sur le siège s’impose. On pourrait le résumer en quelques chiffres : 2,03 m de long, 53 cm de large, une fonction massage sans oublier un appuie-tête réglable. Il ne déborde pas de gadgets mais propose une ergonomie fort bien pensée. Sa structure est classique mais l’assise est confortable. Sur la gauche, via une tablette qui abrite un petit coffre, on retrouve la télécommande qui ressemble à un smartphone et permettra de piloter l’écran face à soi. Sont également logés les deux prises, électriques et USB, ainsi que celle du branchement du casque. Dans l’accoudoir, un écran donne accès aux réglages du siège, de la luminosité et du soutien lombaire. Une touche graduée actionnée par une simple pression du doigt.  Sur la droite, l’accoudoir est mobile. Replié pour le décollage et l’atterrissage. Remonté pour mieux dormir.

Globalement, on dort bien, sans être bousculé par le passage du trolley ou des passagers qui rejoignent les toilettes à l’avant. Petit plus, la jonction des sièges au niveau du dos et des fesses est peu sensible. Elle n’est pas pénalisante au moment de dormir…. Mais nous n’en sommes pas là.

Face au siège, un écran tactile géant de 45 cm, d’une très bonne lisibilité. Il donne accès aux divertissements mais également au service de géolocalisation, particulièrement réussi sur cet appareil. Détail du vol, accès aux cartes, visions multiples. Bref, un spectacle à part entière.

Côté films, pas moins de 150 œuvres sont disponibles dont un grand nombre en français. A noter quelques 200 émissions de télé et une centaine d’albums musicaux. Largement de quoi tenir les 7h15 de vol. Associé au casque fourni, la tranquillité du voyageur est assurée.

A boire et à manger, un moment attendu

C’est l‘un des moments forts du vol aller très attendu par les voyageurs français : le repas. Le menu, distribué avant le décollage, permet de faire tranquillement son choix parmi quatre plats principaux. Il est précédé d'un apéritif , où l'on retrouve les très classiques alcools proposés à bord. Au moment du déjeuner, la tablette qui se trouve sous l’écran du passager du premier rang, s’avance vers le siège pour recevoir la nappe et les éléments de base du déjeuner. En entrée, un foie gras et magret de canard servi avec un chutney de figues, du pain d’épices et des groseilles. Côté plats, on aura le choix entre un filet de bœuf grillé sauce à la truffe, un suprême de poulet aux herbes sauce aux poivrons rouges, un filet de morue rôtie sauce balsamique accompagné de riz sauvage et de ratatouille et enfin, des pâtes farcies aux champignons sauce tomate épicée et parmesan. L’offre végétarienne du bord. Suivra un plateau de fromages composé de pavés d’Affinois, de Morbier et de Cantal, le tout accompagné d’une petite grappe de raisin. Enfin pour le dessert un gâteau de fromage et son coulis de baies rouges ou des fruits frais de saison.
Notons qu’il est possible d’avoir en option un « repas léger express », une entrée accompagnée d’une salade verte, de fromage et de fruits, le tout servi en une seule fois. Autre possibilité, « l’option flexible tout compris » à savoir le plat principal choisi accompagné d’une salade verte de fromage et de fruits et ce, à tout moment au cours du vol.
 
Un snack est proposé en complément pendant tout le vol à l’avant de l’appareil. Outre les boissons on n’y retrouve les barres céréales sucrées habituelles ou quelques fruits frais.
Côté boissons la carte des vins est assez séduisante on y retrouve des champagnes, des vins blancs, des rouged ainsi que des liqueurs de fin de repas comme un Courvoisier, un Grand Marnier , un Bailey… Bref pas moins d’une dizaine d’alcools et de bières sont ainsi proposés pendant le repas.
 
Personnellement j’ai fait le choix d’un vin rouge argentin produit dans la région de Mendoza, à savoir un H.J Fabre reserva Malbec de 2011. Fruité et corsé, idéal pour la viande rouge.

Côté service, si la plupart des plats ont été apportés dans la continuité du repas, il n’en va pas de même pour le pain et les vins. Nous avons été plusieurs à les réclamer sans pour autant les obtenir avant quasiment la fin du repas. On retrouve là les éléments de critiques formulés en ouverture de ce test et qui peuvent agacer les voyageurs qui s’attendent, en classe business, à plus d’attentions.
 
Avant l’arrivée, on nous proposera un repas léger articulé autour d’une assiette de saumon à l’aneth et d’une salade de légumes en julienne. Quelques fruits frais et des chocolats viendront le compléter. N’oublions pas que le vol se pose en début d’après-midi à Toronto et que nous aurons fait, sur une assez courte période, pratiquement deux déjeuners.

Un Toronto/Paris pour dormir

Contrairement à Paris, l’aéroport Pearson de Toronto dispose d’une ligne ferroviaire dédiée entre le centre ville et la zone aéroportuaire. Une vingtaine de minutes pour un trajet facturé 17 €.

Le vol vers Paris quitte Toronto à 21h40 pour se poser à Charles de Gaulle à 9h50. Il s’agit d’un vol de nuit avec pour la plupart des passagers une seule attente : dormir pour se réveiller en forme à l’arrivée. Première étape, le salon. Celui destiné aux vols internationaux est une vraie réussite tant il arrive à soustraire le passager du bruit et de l’activité trépidante de la zone commerciale située à ses pieds.

Disposé en plusieurs espaces, autour d’un point de restauration qui permet de dîner avant l’embarquement, le lounge propose des sièges confortables à proximité de prises électriques. Des étagères, largement fournies en presse internationale, complètent des écrans de télévision qui diffusent des chaînes d’information en français ou en anglais. Après une journée de travail qui n’a pas permis de repasser par l’hôtel, je suis heureux de disposer d’un espace douche pour un rafraîchissement avant l’embarquement.

Notons, qu’à Paris comme à Toronto, Air Canada dispose d’un service conciergerie spécialement dédié aux passagers qui en feront la demande au moment d’acheter leurs billets. Ils seront ainsi attendus et guidés vers l’avion pour ceux qui partent ou la zone des taxis et des bus pour ceux qui arrivent.

L’embarquement de la classe affaires va se faire une petite demi-heure avant le décollage. Un accès réservé permet d’accéder à l’avion en quelques minutes.

Inutile de présenter à nouveau l’avion, c’est le même que celui utilisé à l’aller. L’accueil à bord par l’équipage du retour est particulièrement chaleureux. Visiblement, il y a du plaisir pour les hôtesses et stewards à retrouver quelques habitués de la ligne. Même empathie avec les nouveaux venus. Nous prendrons le temps d’évoquer le regard porté par l’équipage sur cet appareil, ses points forts et ses défauts vus par ceux qui y travaillent.

Le processus avant le décollage est le même que celui proposé à Paris. Côté repas, l’offre est différente. L’entrée change avec un Tataki de thon à nageoires jaunes, vinaigrette au gingembre et aux échalotes, fruits de la passion et riz soufflé. Pour les plats, nous retrouverons le filet de bœuf grillé sauce au poivre et au Cabernet, un suprême de poulet, une morue charbonnière ainsi que des raviolis aux champignons accompagnés d’une sauce Marinara au malbec et aux quatre herbes. Le plateau de fromages s’enrichit de cheddar mi-fort et le dessert va s’articuler autour d’un fondant au chocolat noir accompagné d’une compote de mûres. La carte des vins ne change pas sur le vol retour et permet ainsi à ceux qui le souhaitent de tester d’autres breuvages.

Notons que le service est irréprochable, attentif, régulier et que les boissons comme le pain sont fréquemment proposées aux passagers. Ce qui démontre bien que les process mises en place par Air Canada prennent en compte les attentes des voyageurs.

Le petit déjeuner commence à être servi 75 minutes avant l’arrivée. Une carte dédiée, à remplir par le passager, a été proposée avant le décollage et a permis de choisir la composition du plateau qui sera proposé. Outre les viennoiseries, et le jus d’orange, l’avion dispose d’une machine à expresso. Rare et bien agréable pour se mettre en forme avant l’arrivée.


Plaisir, c’est le mot que l’on retiendra de ce test. Pour un voyageur d’affaires, l’offre correspond parfaitement aux attentes qu’il peut avoir en matière de business class. Il est possible de travailler, de se divertir ou de dormir de façon plus que confortable et sans être dérangé par les autres passagers. Cette montée en gamme évidente, qui concerne pour l’heure le Dreamliner, devrait être rapidement être proposées sur d’autres destinations. De quoi séduire les acheteurs.

Marcel Lévy