La corruption concerne aussi les voyageurs d’affaires

62

Elle a toujours existé. Elle est toujours là pour régler les petits soucis du quotidien comme pour favoriser des relations commerciales ou permettre l'obtention de quelques facilités. La corruption, la petite, celle qui au quotidien concerne la quasi-totalité des voyageurs d'affaires dans le cadre de leur déplacement dans des pays connus pour la susciter. Pour l'organisation des Nations Unies, c'est cette petite corruption qu'il faut désormais éradiquer avec l'aide de tout ceux directement concernés.

Le projet est ambitieux mais l'objectif est difficile à atteindre. La corruption, c'est souvent le complément de salaire attendu dans des pays en voie de développement. Montrés du doigt, les pays africains et certains états asiatiques seraient même devenus les champions de cette économie parallèle sans qui rien ne peut se faire. Plus près de nous, la Russie ou divers pays de l'Est acceptent ces pratiques considérées comme l'expression d'une satisfaction du "client". Pour l'ONU, ce sont les voyageurs d'affaires qui, en premier, peuvent aider à limiter au maximum cette corruption. Là encore, si l'idée est intéressante la réalité est plus complexe à mettre en place. Un billet dans un passeport, quelques dollars à un agent de la circulation tâtillon, un peu d'argent pour accélérer une procédure, la méthode est vieille comme le monde et ne s'arrêtera pas sur une simple décision fut-elle mondiale. Pas un voyageur ne rejettera le principe du "pourboire incité" si, à la clé, il peut en retenir un bénéfice direct voire gagner du temps.
Ces "aides à la décision", encouragements à s'intéresser au dossier semblent d'autant plus dérisoires que, l'actualité politique le prouve, la corruption ne se limite pas à quelques piécettes. Les commissions occultes, les aides indirectes fournies à un pays, l'apport technologique ou industriel associé à de gros contrats sont monnaie courante et, à leur façon, d'autres méthodes de corruption passive ou active. Aussi, l'idée d'une association américaine fait-elle son chemin. Elle veut permettre à des pays en voie de développement de lutter contre la corruption en créant de gigantesques tirelires. A la base du projet, des tirelires opaques implantées dans toutes les entreprises publiques ou privées des pays les plus touchés par la corruption, mises à la disposition des clients (souvent européens) qui pourront ainsi laisser la somme d'argent qu'ils souhaitent associer à leurs demandes. Le contenu sera partagée par l'ensemble du personnel, en toute transparence. Un peu naïf ? Sans doute car il est évident que la corruption rampante restera d'actualité pour les siècles à venir. Essayer de la moraliser est une approche intéressante, à condition que tout le monde joue le jeu. Curieusement, j'en doute !

Hélène Retout