La crise est finie, vive la crise… Mais qui va payer ?

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Nous publions aujourd'hui les résultats du baromètre Mondial Assistance/Déplacements Pros 2010. Si les chiffres parlent d'eux mêmes, c'est l'environnement de cette étude qui apporte le plus d'informations sur l'évolution du voyage d'affaires ces prochaines années. Il est clair que la crise a tout naturellement imposé des contraintes aux voyageurs qui regrettent fortement la multiplication des voyages d'un jour et qui demandent des compensations liées à la fatigue qu'ils entraînent.

Tirer les leçons de la crise, cela ne veut pas dire forcément poursuivre une course effrénée à la recherche du meilleur tarif. Le fragile équilibre entre la qualité et le prix ne passe plus forcément par une recherche de la solution la moins coûteuse. De fait, il y a une dimension, rarement prise en compte dans les entreprises qui demandent à leur personnel de bouger et qui pourrait se résumer facilement : « le poids du voyage dans la paix sociale ». L'édition 2010 du baromètre démontre clairement que les voyageurs restent aujourd'hui sensibles à l'obtention de journées de récupération lors d'un retour de voyages d'affaires, ou plus massivement pour 72 % d'entre eux, la possibilité de bénéficier d'une prime financière qui viendrait compenser les efforts du voyageur. Ce n'est pas la première année que ces demandes apparaissent dans le baromètre. Si dès 2008, les voyageurs considéraient que l'entreprise devait prendre en compte le travail supplémentaire fourni à l'occasion d'un déplacement, on constate en 2010 que cette demande est encore plus présente, plus forte, et que dans certains cas elle suscite des refus de voyager. Faut-il pour autant considérer que se déplacer pour l'entreprise demande des efforts surhumains à celles et ceux qui les font ? "Certainement pas" disent les experts, car c'est dans l'ADN même d'une société que d'aller à la recherche de ses nouveaux clients qui, de par la mondialisation, ne sont pas forcément tous au coin de la rue. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir comment prendre en compte ces nouvelles « revendications sociales » qui au final n'en sont pas vraiment même si l'on sait que la demande est là, clairement formulée aux acheteurs comme à la DRH.
Voilà donc l'une des leçons du baromètre 2010. Aujourd'hui, personne n'a de réponse concrète à apporter même si tout le monde est conscient qu'il faudra un jour traiter le problème. Certaines entreprises définissent dans le contrat de travail les obligations de déplacements sans que l'on sache la validité juridique de l'ensemble. Ce qui est certain c'est que la crise ne permettra pas au nom des économies d'engager des dépenses supplémentaires. Les primes ont, de fait, du plomb dans l'aile. C'est tout le paradoxe que révèle le baromètre sans qu'aucune réponse ne soit apportée à cette demande des voyageurs.

Marc Dandreau