La diplomatie de l’ordinateur à bord

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Les unes après les autres, les compagnies aériennes sanctionnées par les Etats-Unis retrouvent l’autorisation de garder les ordinateurs et autres tablettes en cabine sur les vols à destination des Etats-Unis. Tout ça pour ça, pourrait-on dire. Mais en fait, c’est toute LA politique de la carotte et du bâton qui s’est remise en place.

Etihad, puis Emirates, Turkish Airlines et Qatar Airways soupirent de soulagement : les unes après les autres, les compagnies sanctionnées retrouvent le droit de transporter en cabine les ordinateurs portables et tablettes en cabine. Aux prix de contrôles renforcés, d’examens par les services américains, elles ont obtenu ce que le droit commun de l’OACI leur reconnait, autoriser leurs passagers à utiliser à bord les nouvelles technologies.

Toutes les compagnies n’ont pas encore recouvré ce droit puisqu’on se souvient que ce sont les vols de neuf transporteurs en provenance de dix aéroports internationaux de pays arabes et de Turquie qui étaient soupçonnées d’un risque d'attentats. Comme par hasard, ce sont les compagnies offrant de l’internet à bord qui ont été visées, et l’histoire retiendra sans doute que les huit pays concernés sont tous alliés ou partenaires des Etats-Unis : Turquie, Jordanie, Egypte, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Emirats Arabes Unis et Maroc. Les risque d’attentats sont plausibles, mais pourquoi ne toucheraient-ils que ces pays-là ?

Pourquoi les compagnies américaines ont-elles été curieusement dispensées de contrôles supplémentaires ? On ne nous enlèvera pas de la tête qu’il eût été possible de faire renforcer les contrôles sans passer par un coup d’arrêt brutal qui a désorganisé les vols des compagnies concernées, avec des effets durables sur leurs vols. Chacun soupçonne Washington d’avoir voulu faire d’une pierre deux coups : mettre les compagnies au pas et obliger les pays à s’incliner devant la toute puissance américaine pour quémander les autorisations. L’Europe, in extremis, a su parer le coup mais vraiment de justesse, et là aussi au prix de contrôles supplémentaires coûteux.

Au fait, dans la foulée de la décision américaine, le Royaume-Uni avait annoncé une interdiction quasi similaire, affectant la Turquie et cinq pays arabes (Liban, Jordanie, Egypte, Tunisie et Arabie saoudite). Que deviennent ces obligations de laptop ban vers Londres ? Curieusement, le Royaume-Uni reste silencieux. Bon disciple des Etats-Unis, caution de la première heure de la décision brutale, Londres n’a pas les mêmes relations diplomatico-économiques avec les pays du Proche et Moyen Orient. Ceci explique peut-être cela.

Annie Fave