La fin du Travel Manager ?

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Les américains, qui brûlent dès le lendemain ce qu'ils ont encensé la veille, seraient-il en train de considérer le terme travel manager comme un gros mot. Dans le cadre de la convention annuelle de la GBTA, cet été à Denver, l'une des discussions principales tournait autour de cette idée simple : "Nous ne sommes pas les stewards et hôtesses de l'air de voyageurs dont la seule demande est un upgrade, un hôtel de qualité ou plus de moyens pour se déplacer ". En clair, la valorisation du métier passe par les fonctions "achat" et "mobilité", bien plus nobles que celles du Travel Manager.

A en croire certains participants, les missions traditionnelles du TM n'existent plus aujourd'hui. Car pour exister, et pour être plus efficace, il faut être proche de deux pôles de l'entreprise : les finances et le développement. Elles seules donnent une visibilité sur le besoin de voyager de la société et sur le rôle et la place du voyageur. Tant pis pour les autres fonctions. Elles tiennent plus du petit secrétariat que de la réelle recherche de solutions optimisées pour les voyageurs, explique la GBTA.
Ce n'est pas la première fois que les échanges autour des fonctions de TM animent la communauté américaine du voyage d'affaires. Déjà, il y a deux ans, le mobility management faisait une entrée fracassante aux USA avec une vision élargie de la mobilité, bien au delà du seul déplacement professionnel. Aujourd'hui, les fonctions achats, sans doute plus valorisantes, viennent démontrer qu'il ne peut y avoir de chaîne de décision autour du business travel sans que la prise de décision se fasse au niveau des investissements. En fait, la réduction de la chaîne de décision, et la réactivité que doivent avoir les entreprises américaines sur des marchés volatiles, explique ce besoin de mettre en place des fonctions dont la finalité est d'aller du choix à l'investissement en limitant le nombre d'intermédiaires. Une sorte de relation directe entre le top management et ce "travel buyer" ou "le mobility manager". Point intéressant, cette tendance se visualise immédiatement sur les cartes de visite des nouveaux spécialistes du voyage d'affaires. Exit le travel manager, bonjour toutes les autres dénominations, "buyer" en tête. Du moins pour l'heure. Car qui sait ? Demain, aux USA, est souvent plus rapide qu'on ne l'imagine.

Marcel Lévy