La génération Y en a ras le bol des « vieux »

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Donneurs de leçons, râleurs, blasés, fatigués ou incompétents... La liste des critiques contre les cheveux blancs n'en finit pas d'animer les rencontres des jeunes cadres. Pour cette génération Y bercée à la théorie de "l'action/réaction", nos collaborateurs les plus anciens ne sont pas aussi efficaces et truffés d'expérience que veulent le faire croire les recruteurs. Pour les 25-35 ans, souvent ambitieux et en compétition permanente au sein de l'entreprise, la notion de hiérarchie est entièrement à revoir.

Les critiques n'épargnent pas les voyageurs d'affaires expérimentés, vieux routiers des aéroports, que les jeunes regardent comme des Lamentins, en permanence à se lamenter sur le passé. Le "c'était mieux avant", cher à Francis Cabrel, est devenu le refrain préféré des cinquantenaires qui ont bien connu les first ou les business, les hôtels de luxe, les notes de frais à rallonge. Rassurez vous, ce n'est pas moi qui l'affirme mais nos jeunes cadres, persuadés que l'efficacité prime sur la qualité. Pourquoi pas ? Mais ce constat, fait par quelques sociologues d'entreprises dans le cadre d'un travail privé destiné à un livre à paraître, est encore plus dur avec les dirigeants. "L'exemplarité n'est plus une règle de conduite dans la plupart des entreprises", explique Alain Joyet, sociologue, l'un des auteurs de ce travail, "Nous constatons que les patrons, surtout dans les PME/PMI, se situent au dessus des règles qu'ils imposent. Et le pire, c'est qu'ils veulent le faire discrètement. Dans une entreprise, il faut savoir que tout se sait. Surtout pour les chefs d'entreprise". Et de fait, c'est cette différence d'approche qui étonne la génération Y. "Elle se dit que le message que fait passer la société est faussé d'emblée et que la règle d'or est de transgresser les règles pour bénéficier d'un meilleur traitement en voyage", conclut Alain Joyet qui reproche le manque de transparence de cette chaîne des déplacements professionnels. Les exceptions à la règle dans l'organisation du voyage, qui se sont souvent établies dans le temps au fur et à mesure des crises économiques, sont désormais rejetées par nos jeunes voyageurs. Les politiques voyages sont appliquées mais sans conviction et détournées dès qu'il est possible de le faire. S'ils disent oui à la rigueur, ils restent méfiants face aux grandes idées développées dans l'entreprise. Sans doute plus murs et plus sûrs d'eux, nos jeunes voyageurs sont lucides. Leur avenir est de fait entre leur mains. Les vieux, eux, sont appelés à partir. Qui aura le dernier mot ?

Hélène Retout