La guérilla des grèves rend le voyage d’affaires chaotique

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Quand le déplacement professionnel devient trop compliqué, le voyageur d’affaires risque de baisser les bras ! Dans un environnement perturbé par les grèves, une météo capricieuse et des inondations, de nombreux travel managers s’interrogent sur leur capacité à motiver les troupes.

Le voyage d’affaires, ce n’est pas une fin en soi, c’est une obligation liée à son exercice professionnel. Et lorsque les pénuries d’essence se liguent avec des trains chaotiques et des avions aléatoires, il a y a de quoi rester au bureau. Quitte à faire des conf call et autres visio-conférences, quand cela est possible ! Il reste les opérations de maintenance et là, c’est la galère annoncée. "Depuis la semaine dernière, j’ai le sentiment de faire faire un parcours du combattant permanent à mes équipes", reconnait le TM d’une boite de dépannage. Reprenons la liste des aléas :

- les carburants : pour l’heure, 7% des pompes sont à sec, les autres sont approvisionnées. Parfois de façon sporadique, et la circulation doit se faire l'oeil sur la jauge. La France vit sur ses réserves stratégiques mais cela pourra-t-il durer ? Pour mémoire, 6 des 8 raffineries françaises sont en grève.

- Le train : c’est une grève reconductible qui a débuté ce mercredi 1er juin, et 17% de grévistes ont nettement semé les perturbations sur le rail ; quelle sera la durée du mouvement ? Notre chroniqueur le fameux Pat, craint une grève longue, au moins jusqu'au 6 juin...

- C'est un aléa conjoncturel, un fait du sort, mais il s'ajoute aux autres: les inondations qui touchent le Loiret et le Sud Seine-et-Marne entravent aussi la circulation en coupant certaines routes. Vinci souligne ainsi que l'A10, inondée, restera coupée quelques jours au Nord d'Orléans. Plusieurs centaines de routiers sont bloqués depuis mardi.

- Jeudi 2 juin, c’est au tour de la RATP de se mettre en partie en grève, les accès aux aéroports sont annoncés perturbés sur le RER B, mais les voyageurs d'affaires connaitront également quelques perturbations liées à la grève des contrôleurs aériens USAC-CGT, qui appellent eux aussi au retrait de la Loi Travail. Ouf, le préavis déposé par tous les syndicats de contrôleurs pour les 3 derniers jours de la semaine a été levé.

- Mardi 7 juin, ce sont des personnels de Roissy des sections CGT, FO et SUD-Aérien qui annoncent des arrêts de travail, conséquences difficiles à mesurer à l’avance.

- Fin de semaine prochaine, date pas encore fixée, le SPAF, 2ème syndicat de pilotes d'Air France, proteste contre la décision de la compagnie de réduire de fait leurs salaires ; il compte s’associer au SNPL , 1er syndicat des mêmes pilotes, qui a voté par referendum pour un mouvement ferme de protestation.

Naturellement la perspective de l’Euro 2016 aiguise les revendications. Il débute le 10 juin, ce n’est pas un hasard si les mouvements s’entrechoquent. Rappelons-le, la grève est naturellement un droit, qui doit pouvoir s'exercer librement. Pour ce qui concerne les protestations contre la Loi Travail, on peut considérer que c’est un mouvement de guérilla que la CGT a engagé, en économisant ses troupes ici pour les relancer là. Il reste que tout stratège sait qu’une guerre qui commence doit savoir s’arrêter si les perspectives annoncent l’épuisement des troupes en question. Aucun salarié n’a les moyens de faire grève indéfiniment. Mais quand le mouvement a été lancé sur une posture radicale, difficile de reculer !

De son côté, aucun voyageur d’affaires ne peut renoncer définitivement à se déplacer pour son travail. L’usure frappe, de fait, de tous les côtés. D'où viendra la main tendue ?

Annie Fave