La nouvelle business d’Air France: le futon arrive !

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Que les opposants systématiques à toute innovation de la compagnie nationale affutent leurs arguments car la nouvelle business joue un ton au-dessus. Un mot résume cette classe avant new-look : réussie.

En faisant le vol retour de New York sur le B 777 équipé de la nouvelle classe business, votre serviteur n’avait qu’un seul but : dormir. Et pour cause. Six heures plus tôt Alexandre de Juniac, Président du groupe AF/KLM, avait fait cette confidence aux journalistes : «Moi qui ne dort pas facilement en avion, je n’ai jamais aussi bien dormi». Affirmation confirmée quelques minutes plus tard par Frédéric Gagey, le patron d’Air France qui précisait « s’être levé dans la nuit et avoir vu des voyageurs dormir sur le ventre». Assez rare en avion il est vrai, donc à vérifier!

Bref, le sommeil en ligne de mire, il faut auparavant suivre le parcours classique du voyageur : de l’enregistrement à la sécurité sans oublier le passage au (médiocre) salon. Celui d’Air France étant en réparation, c’est le lounge de JAL qui accueille temporairement les passagers de la compagnie française. On se demande pourquoi alors que Korean, également membre de Skyteam, dispose d’un espace bien plus agréable. Chez JAL, pas de douche et une décoration capable de faire déprimer le meilleur de nos humoristes. Côté zakouskis à grignoter, un mélange savant de désert de Gobie et de Mc Donald pour les sandwichs. Cette première partie du voyage ne mérite pas qu’on s’y attarde.
Oublions le léger (et récurrent) retard au départ de JFK, aéroport surchargé par excellence et passons sur les orages locaux qui transforment le tarmac en Place de la Concorde aux heures de pointe… «PNC préparez-vous pour le décollage». C’est parti. Il faut dire qu’avant, telle des mouches posées sur un nouveau gâteau, nous avions tourné un long moment autour du siège. Plutôt des sièges car ce B777 « refité » était équipé de la nouvelle premium et du nouveau siège éco.

En business, le look d’ensemble est agréable. Un blanc légèrement crémeux ponctué de touches de bleu et une luminosité retravaillée pour une meilleure sensation de bien-être. L’aménagement lui-même est bien pensé : le 1-2-1 est intelligent tant il préserve l’intimité de chaque voyageur. Une paroi amovible sépare les deux sièges du milieu pour garantir au besoin une totale confidentialité pendant le vol. Seule question : l’angle de vue du siège central sur le siège de côté peut-il permettre une lisibilité de l’écran d’un PC ? Il faudrait vérifier cette information qui pénaliserait alors la confidentialité des données en vol.
Le siège en lui-même est de bonne facture, malgré quelques défauts de finition qui seront vite gommés ces prochains mois. Le sentiment de sécurité est totale. Le sens du détail a été repensé. La « box » sur le côté, permet de poser ses lunettes ou son iphone qui sera retenu par un ensemble d’élastiques qui lui évitera d’être promené en cas de perturbations. Mais pourquoi diable ne pas avoir mis la prise USB à cet endroit ? Cela aurait été plus simple pour le recharger. Bon point pour le miroir placé à l’intérieur de la porte. Les dames apprécieront cette attention.

On trouvera également dans ce «mini placard» le casque atténuateur de bruit. Juste à côté de cette box, la télécommande tactile, sorte de «smartphone» des airs qui donne accès à l’offre divertissement et informative du vol. Disons-le tout net, elle est d’une telle sophistication que 6 heures après, je découvrais toujours de nouvelles fonctionnalités. Il faudra sans doutes aux voyageurs fréquents quelques aller-retour pour en maîtriser les détails. Mais l’une des grandes innovations est sans conteste le double affichage proposé : le film sur l’écran et l’air show (système de positionnement en vol) sur la télécommande ! Bien vu. Enfin, l’espace magazine sur le côté est discret tout comme l’emplacement pour la bouteille d’eau à proximité de l’indispensable prise électrique et du connecteur USB.
Arrêtons-nous sur l’écran. Sa taille, 41 cm (16 pouces) est confortable, d’autant que son orientation est prévue pour se situer, une fois ouvert, face aux passagers. Sa lisibilité est parfaite et le nouveau système d’information en vol est remarquable. Proposé par Panasonic, il révèle une foule de détails sur le vol, y compris une «vue du cockpit» qui donne des indications d’altitude, de distance et de positionnement. Joli joujou.

Air France oblige, la francophonie est de mise tant en musique qu’en films… Mais bien d’autres langues sont disponibles. Films récents et grands classiques alternent avec des séries télé. Idéal si vous avez manque quelques épisodes de Mentalist. Notons que le programme musical proposé restera, pour moi, l’un des meilleurs au monde. Éclectisme et diversité pilotent un choix qui sait aussi être classique. Au final, 1000 heures de programmes (soit 71 aller-retour entre Paris et New York) sont ainsi offerts aux voyageurs. Petit détail, le nouveau système permet de chatter entre passagers. Un gadget qui saura séduire les générations Y.

Enfin un lit totalement plat...

Arrivons au siège lui-même. Enfin un lit totalement plat chez Air France. Presque déroutant pour certains passagers Avec une longueur d’1,96 m, il correspond aux attentes d’une bonne partie des voyageurs. Seul Tony Parker connaîtra quelques difficultés pour allonger les jambes. Sa largeur, 68 cm (hors accoudoir) est raisonnable. Il faut savoir qu’il sera complété dans quelques semaines par un futon qui gommera les aspérités liées au découpage du siège. Mais globalement, les deux patrons de la compagnie avaient raison : il est confortable pour bien dormir. La mousse choisie par Zodiac permet un réel confort.

Seul petit souci pour les grandes tailles, le genou qui ira cogner dans le bas de l’écran au moment de sortir du siège en position couché. Notons l’accoudoir extérieur qui se rabat au niveau du siège (position demandée au décollage) mais qui, en position sommeil, permet de «cocooniser» l’ensemble, si vous me permettez ce barbarisme. Air France a limité à 3 le nombre de boutons qui permettent de manipuler les sièges. Bonne idée, car au final on peut aisément choisir sa position préférée sans tomber dans une technologie trop complexe à assimiler.

A table !

A l’heure du repas à bord, environ 1 h 00 du matin, heure américaine soit 7 heures en France, peu de passagers sont encore réveillés, fourchette en main. Dommage, car le repas mérite qu’on s’y intéresse. Le plat est signé Joël Robuchon : un poulet au Xeres, semoule méridionale. En entrée du homard (un peu mouillé, sans doute à la suite d'une décongélation rapide) et pour clore l’ensemble, fromage et dessert (un gâteau à la mangue, coco et framboise). Le diner est servi rapidement. Côté vins, la carte est équilibrée et le choix réduit. Selon les experts du catering, trop de choix empêche les passagers de se positionner sur un breuvage. Pourquoi pas. Outre le champagne Ayala, gouteux et pas trop doux, on retrouve un bourgogne blanc de chez Louis Jadot (millésime 2011 et 2012), un rosé La Tour de l’Évêque 2013, un rouge de la vallée du Rhône (Croze Hermitage Les Meysonniers 2010 de chez Michel Chapoutier) et enfin un excellent Haut Médoc Château Camensac de 2008. Un 5ème grand cru classé.

Comme le disait avec humour Coluche, «Quand je dors bien en avion c’est comme à la maison, je ne m’en souviens pas ». Objectif sommeil réussi. Quatre heures de repos parfait. A une heure de l’arrivée, le petit déjeuner arrive. Classique: pain, viennoiseries, beurre et confiture. Il mériterait d’être renforcé quitte à alléger le diner que peu de voyageurs consomment.

Au final, la montée en gamme est réellement engagée. Globalement le niveau est élevé et agréable à vivre. De quoi donner des envies de voyage... et de politique voyages adéquate.

L'avis du voyageur d'affaires

Les plus
- Un lit plat qui invite réellement à dormir
- Un snack pendant tout le vol
- Un repose pied élargi qui évite la fatigue des jambes en position semi couchée
- Une trousse de toilettes new look munie d'un peigne. Toutes les compagnies n’y pensent pas
- Une couette de qualité et un vrai oreiller
- Un accoudoir gauche qui se baisse et laisse pas mal de place pour dormir
- Un excellent programme musical et un choix de films de qualité

Les moins
- Le salon temporaire de JAL est de piètre qualité. Vivement la fin de la rénovation du salon d'AF
- Des sièges mal positionnées face au hublot (le 7 ou le 9 par exemple)
- Un petit déjeuner à compléter pour la clientèle anglo-saxonne et française
- La cabine business ne possède que deux toilettes, très encombrées le matin
- Certains coffres au-dessus des sièges sont réservés aux équipements amovibles du siège. Impossible d’y glisser une valise.
Comment savoir si c’est la nouvelle business qui équipera votre prochain vol ?

La question est complexe car aucune information n’est donnée sur le site d’Air France… Si ce n’est la nature de l’appareil utilisé au jour et à l’heure de votre vol. Sur l’A380, c'est encore l’ancien siège qui vous accueillera tout comme sur l’A330-200 qui n'est, lui non plus, pas encore doté de la nouvelle classe avant à l’aller. Enfin, tous les B777 ne sont pas encore équipés. Seule certitude, votre agence de voyage trouvera l’information dans son GDS et saura vous orienter vers les bons vols. Mais il sera compliqué de faire, pour le moment, l’aller et le retour en 777 équipé.
A quel prix ?

Nous avons sollicité le site d’Air France pour un vol départ le 15 juillet et un retour le 18 juillet (vols A/R en semaine). Selon l’heure de départ, le tarif aller varie du simple au double. Pour un vol Paris/NY à 8h20, il vous en coûtera 1051 €. Si vous faites le choix du 13h40, le tarif grimpe à 3049 €. Pour le retour, un vendredi, le yield est lissé. Le prix est le même sur l’ensemble des vols : 2699 €. Au final, le billet varie de 3720 à 5718 € aller-retour aux mêmes dates en fonction des heures.

Chez les concurrents, les prix varient aussi sur les mêmes dates, quelques exemples :
  • British Airways (via Londres avec départ d’Orly et retour de CDG) : 2797,21 à 3550,21 pour une arrivée à JFK et un départ de Newark. Notons que sur Kayak.com, BA affiche un tarif TTC de 2092,36 € avec un vol Virgin Atlantic sur le Paris/NY.
  • American Airlines (vol direct) : 2663,82 €
  • Openskies : Pas de vols disponibles, renvoi vers BA.com
  • La Compagnie : 3138 €
  • Jet Airways : 2084 € via bruxelles (en Thalys)
Dans notre exemple, en semaine c’est ainsi American Airlines qui offre le meilleur rapport qualité/prix.