La nouvelle mode/tendance du voyage d’affaires s’appellera t-elle le Screeness ?

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C’est tout nouveau, à peine porté sur les fonts baptismaux mais déjà dans les discussions des geeks voyageurs d’affaires, le Screeness va succéder à l’open booking, au bleisure et autres modes qui ponctuent régulièrement une fonction professionnelle. Ah, au fait, le mot est encore un anglicisme, la contraction de Screen et de business. Le futur « skype travel » de Microsoft en fait partie.

J'aurais pu évoquer avec vous le résultat de l’élection américaine qui inquiète déjà les entreprises et ce, quelle que soit l'issue du scrutin. Ici, à New York, les médias audiovisuelles ne parlent que de cela et on estime que plus de 100 millions de téléspectateurs sont en permanence devant un écran de télé, d'ordinateur ou de smartphone. Même dans la rue, d'immenses panneaux diffusent les moindres petites images, souvent les mêmes.
L'image, voilà donc notre avenir dans le business travel et ce fameux nouveau Screeness. Vous l'aurez-compris, il est question d'écran et de business. Oui, mais pour quoi faire ? Pour limiter les déplacements professionnels !

Comme le disent parfois les acheteurs en souriant, "Pour économiser sur les déplacements, il suffit de supprimer les voyages d’affaires". Pas totalement faux, mais pas si facile. Selon le Gartner Group, environ 28 % des déplacements professionnels réalisés aux USA serait inutiles contre environ 11% en France selon le Baromètre FCM Travel Solutions et DeplacementsPros… Même si, dans la réalité ce chiffre pourrait être sous-estimé. De fait, un échange via Skype ou tout autre système remplace souvent les kilomètres inutiles.

Dans le Screeness, au-delà des outils technologiques, ce sont les process pratiques pour transformer un déplacement en une sorte de partage vidéo constructif qui feront la différence. Premier point, la qualité de l’image est désormais indiscutable. Certains systèmes sont en 4K, mieux que la télé chez soi. Autre constat : la préparation de la réunion permet d’être plus détendu et d’éviter le stress du voyage. Enfin, et les experts l’affirment, la vidéo est une excellente entrée en matière, que ce soit pour des techniciens ou des commerciaux. Une sorte de carte de visite en image avant de se voir "en vrai", comme disent les enfants.

On retrouve au sein de cette tendance "screeness" tous les outils 3D de présentation, de présentation à distance et surtout de mobilité. L’écran devenu aussi caméra n’est pas figé, il est désormais mobile et peut montrer ce que l’on veut faire découvrir. Autre nouveauté, l’intégration du virtuel via des casques du même nom qui permettraient de se plonger visuellement au sein d’une problématique. Dans la maintenance, par exemple, l’outil se développe et grâce à des petites caméras paluches sans fil, on peut pénétrer à distance dans la machine et fournir les indications nécessaires à la réparation. On n’est pas très éloigné de ce qui se fait en télémédecine.

Bien évidemment, tous les voyages ne se remplacent pas par un simple échange vidéo. Mais le constat économique est sans appel : nombre de ces téléconférences newlook permettraient de limiter fortement les dépenses. Cisco a présenté un système d’échange vidéo multi-utilisateurs qui permet d’assurer des formations à distance sans quitter son bureau. Une façon de repenser les séminaires. Mieux, toujours grâce aux casques de réalité virtuelle, il sera possible de voir la destination sans s’y rendre. Une forme de bleisure du troisième type. Pas certain que cela plaise puisque c'est justement le ressenti qui fait tout le plaisir du déplacement, même professionnel...

Dans un univers où technologie et envie de bouger sont intimement liées, on comprend mieux ce qui séduit les financiers. Economiser sans perdre en relation humaine. Le projet est séduisant et pourrait vite plaire aux voyageurs d’un jour. Au-delà, on verra naître de bonnes excuses pour prendre l’avion. Qui pourrait blâmer ces salariés accrocs au terrain ?

A New York,
Philippe Lantris