La privatisation reportée des aéroports surprend et étonne

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Le quotidien les Echos a jeté un pavé dans la mare en évoquant, sous la plume de Bruno Trevidic, le report de la privatisation des aéroports de Lyon, Bordeaux, Toulouse et Montpellier détenus à 60 % par l'état. Une vente qui aurait du lui rapporter un peu plus de 500 millions d'euros et lui permettait de se désengager d'un secteur, a priori, loin de toutes considérations politiques.

Un aéroport, c'est avant tout une machine à cash... Quand il est fréquenté et connaît un trafic soutenu. En plaisantant, bien des opérateurs du transport aérien reconnaissent qu'il vaut mieux un seul aéroport qu'une belle flotte d'avions. Ca se discute. En France, souvent soutenu par les Chambres de Commerce, l'aéroport est un signe de réussite régionale. Une vitrine ouverte sur les électeurs pour montrer le dynamisme du microcosme politique local. Une ville qui se respecte doit posséder sa piste... Quitte à perdre de l'argent. Mais dans les grandes métropoles, l'aéroport, au delà de la vitrine sur la vitalité économique, est aussi une source de rentrées d'argent. Et les quatre "non privatisés" en savent quelque chose.

Cet abandon de la privatisation n'est au final que le succès des élus locaux. Discuter avec l'Etat est plus facile qu'avec un investisseur privé qui garde l'œil sur les compteurs et ne s'intéressent que de très loin aux résultats électoraux. Mais cette médaille "conservatrice" à un revers de taille. L'évolution des aéroports passe par des investissements permanents. Autant de dépenses que l'actionnaire doit accepter. Oui mais voilà, l'un est qualifié de "droite" et les régions "de gauche". Un nouveau clivage ? Non, une nouvelle stratégie. Le choix même de la procédure ne plait pas aux élus. L'appel d'offre voulu par l'état est codifié, répond à des critères précis et permet une surenchère financière que ne maitrisent pas les politiques. La négociation de gré à gré est donc préférable. Bien des régions trouveraient alors les fonds pour devenir des exploitants à part entière. Ou du moins, des capitaux proches des sensibilités politiques. Au final, le voyageur est-il gagnant ? Certainement car toute cette bataille lui échappe et la "bande des quatre" fait preuve d'un dynamisme aéroportuaire sans faille. A quelques mois des présidentielles, tout est figé. Ne doutons pas que le projet refera surface quelle que soit la couleur du nouveau gouvernement.

Marcel Lévy